Présentation
Entretien avec Arnaud Gidoin
Comédien, auteur de spectacles, qu’il joue lui-même, meneur de troupe avec La bande originale, animateur télé depuis le jeu Ali Baba, chroniqueur humoristique à l’émission On a tout essayé !, le facétieux Arnaud Gidoin se plaît à brouiller les pistes. Il justifie cette diversité par son insatiable curiosité. Aujourd’hui, l’artiste multicarte a pris ses distances avec le petit écran et se sent avant tout acteur.
Avec Shakespeare, le défi, la pièce résolument loufoque qu’il a reprise avec ses compères Gil Galliot et Patrick Mazet au Théâtre du Palais des Glaces, il peut donner libre cours à son « grain de folie » et mouiller sa chemise tous les soirs.
Visiblement, c’est un homme heureux. La nouvelle recrue de Laurent Ruquier (depuis octobre) présente un nouveau one man show, La routine, un titre - provisoire - en forme de boutade pour lui qui n’aime que la nouveauté.
Vous avez intégré, en octobre, l’émission « On a tout essayé ! ». Heureux de faire partie de
la bande à Ruquier ?
Oui, d’autant que j’ai toujours eu l’esprit de troupe. Mon parcours en témoigne. La différence, c’est
qu’ici, la bande existait déjà.
Y a-t-il des clans ?
Pas du tout. Quand on est six autour de la table, on va dans la même direction. J’adore Laurent parce
qu’il arrive à vous faire briller. Ce mec est incroyable. Au début, il m’appelait tous les soirs pour me
dire : « Ne t’inquiète pas, Arnaud, je sens que tu es bien avec nous, tu vas parfaitement t’intégrer ».
Êtes-vous plus proche de certains de vos collègues ?
J’aime beaucoup Gérard Miller. Il me fait rire. J’apprécie les mecs qui vont jusqu’au bout de leurs
idées, quitte à avouer après : « J’ai peut-être été un peu loin ». J’aime bien Claude Sarraute, une
grand-mère d’adoption, en quelque sorte. Nous sommes ses petits chéris, ses petits-enfants.
« Shakespeare, le défi » est qualifié de farce loufoque. De votre côté, comment décririez-vous
ce spectacle ?
Comme un hommage à William Shakespeare, sans irrévérence, puisqu’on respecte vraiment ses
textes. C’est du délire total : en cent minutes, nous jouons des extraits de toutes ses pièces, dans des
univers complètement différents. Il y a du kabuki, du spectacle de foire, de la comédie musicale...
Vous vous défoulez tous les soirs ?
Oui, car il s’agit d’un exercice à la fois physique, sportif même, et mental. On combat à l’épée, chacun
a entre dix et vingt changements de costumes... On en ressort complètement trempés, mais c’est un
bonheur.
Dès qu’on prononce le mot « séduction », vous vous montrez fuyant. Vous avez peur qu’on
vous colle une étiquette ?
Eh bien, oui ! Quand je présentais Les bons génies avec Patrice Laffont, on m’appelait « Le bel
Arnaud », sans parler des trucs pires...
Vous ambitionniez d’être pilote de chasse, vous avez étudié le commerce international,
mais vous avez vite compris que vous étiez fait pour un autre domaine...
Très vite. Tout petit, la comédie était ce dont je rêvais véritablement. Il a fallu que je fasse admettre
à mes parents que je voulais arrêter les cours. Il. Si j’ai toujours joué au théâtre, même très jeune, je
ne me suis lancé dans le métier qu’assez tard, vers 25 ans, lorsque j’ai montré mon one man show à
quelques professionnels, au « Point Virgule ». Avant cela, j’ai tâté de plein de petits boulots à droite
ou à gauche pour essayer de m’en sortir : mannequin, hôte d’accueil...
Et vous avez failli poursuivre votre métier de top model...
Mes deux défilés, l’un pour Kenzo, l’autre pour Paul Smith, m’ont suffi. C’était n’importe quoi ! J’ai été
saoulé. Tout le monde s’observe. Il n’y a pas de vie dans cet univers, il est vide. Les conversations se
limitent à : « Tu vas où ? », « Je pars pour Miami ». Non, je n’ai aucun regret. Je ne pleure pas
chaque soir sur une vieille photo en me disant : « Putain, c’était moi ! J’existe encore ? »
Il vous reste bien un petit album dans un tiroir...
Oui, mais il doit être jauni, dégueulasse. Les photos de Maïa, de ma meuf et de nos potes ont
remplacé les miennes.
Par la suite, vous avez connu des expériences multiples et variées : la scène, vos débuts à
la télé, à la radio sur Europe 2... Quelle a été la plus excitante ?
La scène, avec ce fameux one man show mis en scène par Pascal Légitimus - comme le prochain -,
malgré mon trac, immense. Et puis, Shakespeare, le défi.
On vous prête un réel grain de folie. Comment se manifeste-t-il en dehors du travail ?
Je me lâche dès que je suis en confiance. J’aime bien vanner, mettre en boîte, faire l’idiot, imiter tel
ou tel mec...
Pour conquérir la femme de votre vie, avez-vous fait le poirier ?
Non, cela l’aurait plutôt agacée. On s’est rencontré sur un court-métrage où elle était scripte. Elle
avait tendance à dire en me voyant : « Je plains sa meuf ! » Sur le plateau, je n’arrêtais pas de
déconner. Par la suite, elle s’y est faite. Maintenant, elle me sort souvent : « Fais-moi
rire ! »
Non seulement vous pratiquez le surf, le football américain, le squash, le volley, le
bodyboard, mais encore vous jouez de la guitare et de la batterie !
J’ai dû laisser tomber certains loisirs pour le théâtre. A présent, j’ai envie de me mettre à l’aviron
pour garder la forme. La pièce étant très physique, j’ai déjà maigri de quatre kilos, et j’aimerais me
stabiliser à ce poids.
D’où vous vient toute cette énergie ?
J’ai besoin de m’occuper, de bouger. Je ne tiens pas en place !
Il paraît que vous n’étiez pas très assidu au cours de théâtre et que vous ne restiez jamais
longtemps au même endroit...
Souvent, je n’y trouvais pas ce que je cherchais. Il y a davantage de profs qui s’écoutent pérorer que
de maîtres qui dispensent un véritable enseignement. Certains parlent de leurs exploits au théâtre,
alors qu’on n’est pas là pour ça.
Êtes-vous arrivé à la télé par accident, ou ce domaine vous tentait-il au même titre que la
comédie ?
J’étais attiré par le petit écran, mais cela a été bel et bien accident. Gérard Louvin s’occupait de la
production de La bande originale. J’ai passé un casting pour un jeu d’été. Ardisson m’a repéré et
j’ai débuté à la télé.
Animateur d’« Ali Baba », meneur de troupe avec « La bande originale », chroniqueur
humoristique chez Ruquier, comédien de théâtre... Comment vous définissez-vous ?
Disons que je suis un multicarte. En fait, je suis curieux donc, je ne me refuse rien. En France, c’est
connu, on met des étiquettes. Encore de nos jours, on peut entendre des phrases du genre : « Mais
ce n’est pas un mec qui faisait de la télé, ça ? Non, ce n’est pas bon pour le cinéma. » Il y a encore de
pénibles clivages dans ce milieu. Au Québec et aux États-unis, on peut très bien présenter une
émission de cuisine le matin, un programme pour la jeunesse l’après-midi et jouer Shakespeare le
soir au théâtre !
Pourriez-vous vous investir plus dans l’animation télé ?
Je ne suis pas un bon animateur de télévision. C’est un vrai métier, qu’il faut faire à fond. J’ai joué le
rôle, mais je suis avant tout un comédien.
On vous imagine écartelé entre Antoine de Caunes et Jim Carrey. De qui vous sentez-vous
le plus proche ?
Il y a un peu des deux en moi, mais je me sens plus proche de Jim Carrey.
Le premier à déceler vos dons pour le spectacle a été votre grand-père. Vous avez promis
de ne pas le décevoir. C’était une sorte de serment ?
Oui, on peut dire ça. Et il est toujours présent, enfoui quelque part en moi. Je téléphone à ma
grand-mère de temps en temps, c’est une relation très filiale, avec beaucoup d’amour. Chaque comédien a
ses petits rituels : quand je monte sur les planches, je touche la scène, puis mon cœur. La scène a
une âme. Gil Galliot, lui, tient à ce que ce soit moi qui lui prépare ses accessoires.
Votre grand-père a-t-il eu le temps de vous voir débuter ?
Non, hélas ! Bon, je ne suis pas une grenouille de bénitier, je suis plutôt athée, mais je crois en
certaines choses. J’espère que, de là où il est, il a entendu parler de ma carrière. (Rires.)
Vous avez une petite fille. On peut avoir un grain de folie, une vie artistique multicarte et
mener une vie familiale équilibrée ?
C’est souvent dur, mais on essaie et ça se passe plutôt bien. Je déconne avec ma fille, je lui raconte
des histoires en faisant toutes les voix des personnages. Ça l’amuse beaucoup.
Evidement, elle me fait rire aussi. A 4 ans et demi, elle veut être « comédienne-chanteuse avec des rollers » ! Elle est déjà
venue voir Shakespeare, le défi trois fois...
Vous venez d’écrire un nouveau one man show qui sera mis en scène par Pascal Légitimus
qui s’intitule « La routine ». Cela résume votre vie ?
(Rires.) Ca colle parfaitement, non ?
Entretien réalisé par Bernard Alès.
Spectacle drôle, fin. Nous n'avons pas vu le temps passer et je recommande ce spectacle chaleureusement. Arnaud GIDOIN ne joue pas à la star et vous pouvez même le croiser : il reste discret mais accessible.
Spectacle drôle, fin. Nous n'avons pas vu le temps passer et je recommande ce spectacle chaleureusement. Arnaud GIDOIN ne joue pas à la star et vous pouvez même le croiser : il reste discret mais accessible.
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