Présentation
A propos de la musique Tête à Tête
Antonin Artaud et la poésie noire
A propos d'Antonin Artaud
Le théâtre et son double, le théâtre et son corps
Quand Antonin Artaud " regarde " Loft Story
Adaptation : Francis Facon et Thierry Morand
Avec
Francis Facon : acteur
Nicolas Lelièvre : Musique originale, batteries, percussions voix et autres machines
D’Antonin Artaud d’après les textes et notes des cahiers préparatoires à la Conférence donnée au Théâtre du Vieux Colombier en janvier 1947.
« Tracer en actes et sous les yeux »
« Quand c’est la vie elle-même qui s’en va » alors revient à la trace toute la charge de l’en allé, toute la charge de le retenir en le suivant comme on suit une proie » Antonin Artaud
« Je ne vais pas faire une conférence élégante et je ne vais pas faire une conférence…. Je ne sais pas parler…. Quand je parle je bégaye parce qu’on me mange mes mots…. Et pour manger il faut des bouches ».
Voilà ce que pouvait écrire Antonin Artaud en préparant la conférence qu’il devait donner le 13 janvier 1947 au Théâtre du Vieux Colombier à Paris. Et il est vrai que cette « séance » ou il voulait lire plusieurs de ses récents poèmes a été tout autre chose qu’une conférence.
Les assistants qui se pressaient, très nombreux, dans cette salle semblent tous avoir été marqué par l»’événement : certains ont même trouvé insoutenable cette confrontation avec un homme qui s’exposait aussi totalement.
Antonin Artaud, qui en présence de quelques amis était un si merveilleux lecteur, a paru, devant tant de spectateurs, éprouver la plus grande difficulté à lire les poèmes qu’il avait apportés : les feuillets lui échappaient, s’emmêlaient, tombaient sous la table. Et, après une interruption de quelques minutes, une fois revenu sur scène, pour raconter l’histoire de sa vie, il ne parvint pas à lire le beau texte qu’il avait préparé et put tout juste, en donnant l’impression de souffrir intensément à chaque mot qu’il s’arrachait, faire le récit de quelques faits marquants de son existence.
Cette création reprend les textes des cahiers préparatoires à cette conférence qui bien que confuse, avortée laissa aux spectateurs un souvenir mémorable. Dans ces brouillons, Artaud multiplie les attaques, règle ses comptes avec la Société en forgeant un verbe inouï, incandescent, parfois inécoutable. C'est la parole d'un homme sans cesse descendu puis remonté du Cercle des Morts. Il le dit lui-même : " je suis mort à Rodez sous l'électrochoc " . Né et mort à plusieurs reprises : poignardé, interné, électrocuté, empoisonné, oublié, Artaud dit avoir été son propre géniteur, son propre re-créateur " je suis mon père et je suis ma mère " . Or, à chaque " effondrement central de son âme " , sa parole refaisait surface, toujours plus fulgurante, et livrait au monde la geste homérique du vieil " ARTO " et " ses nouvelles révélations de l'être.
Ces textes préparatoires constituent l'une des ultimes remontées d’Artaud, le retour du Mômo après neuf années d'internement. Une parole difficile, étrangère, furieusement dissidente et lucide… de mise en péril de l’homme et du poète lui-même. L’homme disserte et dissèque… porte à bout de bras sa réclusion, l’offre en pâture…
Cette écriture, cette parole, ce « Gueuloir » nous a paru quelque chose de si particulier, de si bouleversant, sans être pour autant dénué d’humour, que nous avons pensé nous en faire les « porteurs de voix …. les porteurs de sons … »
Francis Facon
" Qui suis-je ? D'où je viens ? Je suis Antonin Artaud et que je le dise comme je sais le dire immédiatement vous verrez mon corps actuel voler en éclats et se ramasser sous dix mille aspects notoires un corps neuf où vous ne pourrez plus jamais m'oublier. " Antonin Artaud
« On écrit sous la tourmente, et la force qui nous déporte nous oblige à des désespoirs institués. A d’autres moments, de même qu’un être admiré vous accorde un double sourire que vous n’espériez pas, de même la poésie nous donne le visage achevé de deux déesses enfin réunies. Elle arrive au bord de la divagation mais ne la franchit pas (…). Dans quelle inconstance cela survient il ? Lorsque parmi nous se trouve un être porteur de frissons » René Char (Entretiens avec F. Husser. 1980.)
La parole d’Artaud, par delà son sens, est avant tout poétique. En effet le son des syllabes, le souffle, la déglutition, les résonances buccales, nasales, thoraciques, le rythme des mots et celui du cœur, tout est présent pour susciter l’incantation. Car la poésie est par nature destinée à être lue à voix haute.
La musique de cette « pièce » a pour envie d’être cet ébranlement face au poème.
Finalement le son du texte et le son d’une cymbale ne sont que deux reflets de la même image.
Non pas musique illustrative mais discours à deux voix, parallèle ou interférants …
Sons et sens enfin réunis, tels les deux déesses…. »
Nicolas Lelièvre
Le thème de la Mort ( et autres thèmes annexes) fut traité de toute éternité par les plus grands poètes et écrivains et cela sous les formes les plus diverses puisque même l’humour (noir !) en est aussi l’une des facettes….
Cette manière d’approche du monde fut et est encore sans doute comme une folie nécessaire, une violence d’écriture à la vertu provocatrice et “interpellatrice”, comme un outil d’exploration des composantes multiples et contradictoires de l’âme et de l’esprit humain jusque dans ses catacombes les plus obscures ou les combles de ses lois et de l’Ordre établi….
Un espace ou même l’humour (noir !) a sa place.
Poètes anges démoniaques… agents révélateurs ?
Manière d’exorcisme ?
Outil de la connaissance !
Poètes “passeurs” de mots…
L’expérience d’Artaud marque, dans la poésie et l’écriture du XX e siècle, une coupure définitive. Dans la langue, dans la pensée. On comprend que des tentatives intéressées s’attachent à limiter la portée de cette intervention-irruption. Le sens de ce débat sur Artaud est clair : réactiver, laisser libre, tranchante, efficace son aventure. “Le fait, écrit Artaud, n’est pas réductible à un élément simple et arrêté. Il doit être considéré en mouvement, car c’est en mouvement qu’il est vécu et n’existe pas hors le mouvement.” Et encore : “Je ne crois pas au sublime ni à la poésie mais à la nécessité.”
Nécessité de la poésie ? Nécessité du théâtre ?
“Le théâtre et son double”, écrit il y a un demi siècle déjà, est une œuvre magique comme le théâtre dont elle rêve, vibrante comme le corps du véritable acteur, haletante comme la vie même dans un jaillissement toujours recommencé de poésie.
« Le théâtre et son double ? Le théâtre et son corps ? Le théâtre et l’image qu’il exsude, quand on exprime le texte, quand on le dénude, quand on en laisse voir la chair ; celle de l’homme qui l’a écrit.
Alors Le Passe Théâtre stupéfie, Il réussit une nouvelle fois (après Les Chants de Maldoror de Lautréamont la saison dernière) l’expression dramatique d’un texte pas forcément écrit pour la scène. Alors on ressent au fond du corps la puissance des mots. Parce qu’ils sont incarnés, ils agissent même dans la vibration de l’air qu‘ébranle la voix de l’acteur.
L’incarnation (la mise en chair ?), ici dans cet « Artaud Mômo, Tête à Tête » sidère qui le voit, qui le subit.
D’après les notes de la Conférence au Vieux Colombier d’Antonin Artaud - cette exhibition exacerbée, (surréaliste ?) d’un homme rendu à la liberté après les épreuves inhumaines d’un emprisonnement en asile psychiatrique - qui fit grand bruit et controverse d’après ce qui reste d’écrit de cet acte de désespoir.
Le Passe Théâtre retrouve la parole d’Artaud : la parole de ce soir là, de cet instant ou le poète tente une conférence et se retrouve à improviser parce qu’il a dispersé ses notes.
Artaud obligé par le sort à jouer pour un public (lui aussi) perturbé, un rôle d’acteur jusque là théorique….. Contraint à se débattre !
Le spectacle de Francis Facon représente le combat.
L’adaptation qu’il en fait avec Thierry Morand laisse parole au comédien.
Il est dans le même plan que le musicien, percussionniste, Nicolas Lelièvre, autour d’une « partition » à deux voix en forme de dialogue et de « Tête à Tête ».
Dans la mise en scène de Francis Facon ; une mise en image du texte qui libère ce texte, qui lui donne la parole nue, c’est Artaud qui vit, suscité, ressuscité. L’image, (la lumière qui la provoque aussi) assume le texte mais cette image là sourd du texte. Elle est à la fois chair et esprit.
Voilà Artaud sur son lit d’électrochocs. Artaud face au public, déboussolé, hagard, tendu par son message. Racontera t’il sa vie ? Fera t’il face à ses bourreaux, auto amnistiés par leur doctoral savoir ; condamnés par leur aveuglement doctrinal ?
En état second, Francis Facon impose le jeu, lance les paroles d’Antonin Artaud, ces vérités d’écorché vif, ses poèmes, ses diatribes. Autoportrait en déchirures… On s’y croit, à cette conférence « historique- hystérique » ?
Pour le Passe Théâtre, il s’agit non pas de reconstituer une soirée du Théâtre de la Cruauté mais de montrer, d’exhiber un homme en mal de lui-même, un homme brisé, anéanti, à un an de sa mort, qui entend pour une fois, une seule fois ! jouer sur scène son propre rôle.
Artaud sans son double ? Francis Facon ne répond pas à la question.
Il a seulement réussi, avec Nicolas Lelièvre, à imposer la voix d’Artaud : le dialogue entre cette voix et les pertinentes - percussives - percutantes - percussions qui sont autant le discours devenu schizophrène…
On n’en sort pas indemne : le spectateur s’est brisé à la cruauté du jeu. A sa vérité.
Roger Balavoine
Journaliste
Cet essai reprend les citations d’Artaud pour les faire « jouer » entre elles… Etrangement, nous avons constaté, outre l’intérêt de cette lecture d’Artaud en regard d’un phénomène contemporain, la similitude des choix de citations au point que celles présentes dans cet article figurent toutes dans notre spectacle. Contemporanéité ! ! ! !
Article de Cécile Guilbert paru dans Le Monde du 29 mai 2001
Qui d'entre nous n'a jamais, jamais recherché un certain petit état du vide de sa pensée d'aveugle ? Qui d'entre nous n'a cherché une nouvelle manière d'être pourceau quand il était seul ?
II n'est rien que j'abomine et que j'exècre tant que cette idée de spectacle, de représentation, donc de virtualité, de non - réalité, attachée à tout ce qui se produit et que l'on montre.
Conversations à distance, transfert de la pensée à travers les espaces, pétrissage spatial du corps.
Je me suis, moi, habitué à les voir, et cela m'a .donné une excellente idée de l'occulte où je ne peux plus voir autre chose que le lavatory, la chambre à partouzes, la tranchée, la latrine publique, et c'est pourquoi je dis assez de simagrées.
Tout cela est pour l'instant sexuel et obscène.
Les rapports d'homme à homme ne sont pas ceux de la poste, de la radio, des rencontres, des conversations, des embrassades et du coït. Ce que je suis et je veux, je le sais et n'ai pas à le dire. Ce que je dis sont des bombes contre les curieux et c'est tout. Je n'aime ni les idées générales, ni les institutions, ni la vie des communautés et la vie en communauté.
Les sociétés se croient seules et il y a quelqu’un.
J’ai passé le stade de la protestation.
Vous ne jugerez plus.
L'intelligence sera remplacée par le fait.
Je veux dire à haute voix ce qui me tarabuste depuis longtemps : la Société des êtres est un vampire qui ne veut pas s'en aller et qui est attaché nerf par nerf et fibre par fibre à son objet : l'exploitation indéfinie du corps de l'homme humain.
Comment cela se passe-t-il ?
L'ignare délègue ses représentants,
II choisit ses délégués
Et c'est le vrai tissu de la vie.
Pourquoi la posture couchée appelle-t-elle les démons ?
Quel est le fond, le bâton cordon de santé, qui s'épuise quand on baise en rond ?
De quoi cet érotique désir est fait ? \
D'une chose qui veut manger boire, dormir et se reposer.
Tiens, mange, tiens, bois, tiens donne à ça, ne fais pas ça, écoute moi - sont des choses de bêtes que sont tous les humains présents.
La conscience a choisi ses maîtres abjects qui la mènent où elle a en réalité voulu aller : à vivre un jour de la Bête et en bête -jour dont son inconscient se pourlèche en attendant de s'en goberger.
Mais il y a surtout les fidèles éternels de la bête qui occupent à l'heure qu'il est plus des 9/10° de l'humanité. Partouzes où tout le monde à l'heure dite ne manque pas de se retrouver. Et ça n'est pas du mysticisme, non, c'est de la connerie.
Vous vous croyez seul, ce n'est pas vrai : vous êtes une multitude.
Vous vous croyez votre corps, il est un autre. Vous vous croyez le maître de votre corps : non, il appartient à d'autres, à un autre, à l'autre.
Je suis toi et ta conscience c'est moi : voilà ce qu'à ce moment-là disent tous les êtres, commis, droguistes, épiciers, poinçonneurs de tickets dans les métros, fossoyeurs, rémouleurs, cantonniers, boutiquiers, banquiers, prêtres, patrons
d'usines, pédagogues, savants, médecins, pas un ne manque au sinistre tournant.
Qu'est-ce que la vie, où sommes- nous, qu'est-ce qu'il y a ? est la question que je me pose sans cesse.
L'esprit public est bœuf de penser. Il est bœuf devant la pensée, et il est boeuf parce qu'il est vache, hideusement et corrosivement vache devant tout ce qui pourrait ressembler à une tentative de penser, c'est-à-dire aller plus loin que son nez. Maintenant je vais dire une chose qui va peut-être stupéfier bien des gens : les individus ne sont pas endoctrinés par des idées mais par des actes anatomiques et physiologiques lents. Car ce n'est pas par les philosophies, les religions, les doctrines, les métaphysiques, les théories qu'on endoctrine : c'est par les corps et avec des corps.
L'ignoble pudibonderie d'orgueil empêche de le reconnaître mais c'est ainsi : la conscience est conduite de plus en plus dans un monde régi par un faux soleil, réservoir d'énergies beaucoup plus près de leur décapitation qu'on ne croit.
Le conseil de la paix, les journaux, la radio, la circulation, tout ça c'est une façade.
Voilà longtemps que l'internationale de la propriété des consciences est réalisée et elle n'est pas près de lâcher prise.
Cela donne à réfléchir. J'ai réfléchi. Cela fait un certain nombre de saletés, il y en a une autre : nous nous croyons libres et nous ne le sommes pas. Les sociétés se croient libres, elle ne le sont pas. Les gouvernements se croient libres, ils ne le sont pas. Les nations se croient libres, elles ne le sont pas. Les villes se croient libres, elles ne le sont pas.
Les hommes se croient libres, je veux dire libres au moins de leurs consciences, et c'est le point où justement l'homme prisonnier des quatre planches de son cercueil pourrait penser avoir plus de liberté si les choses étaient ce qu'il paraît.
Mais elles ne l sont pas ce qu’il parait.
Cette vie n'est qu'un cadre, une plaisanterie, une façade sinistre, en réalité tout est truqué.
Nous sommes une vie de pantins crevés et ceux qui nous mènent et tiennent les ficelles du sale guignol tablent avant tout, je dis AVANT tout sur l'amour propre invétéré d'un chacun qui fait que pour rien au monde cet un chacun ne voudrait ne pas se croire libre, et avouer, et reconnaître honnêtement et sincèrement qu'il ne l'est pas.
La vie historique moderne est le prix d'un formidable et crapuleux envoûtement. Une vaste organisation est au fond de tout, et elle existe
La conscience est subjuguée.Une formidable organisation répond à cet asservissement, à cette attrape, à cette parade, à cette farce éhontée, et maintenant tournons la page. et regardons mieux ce qui se passe.
La conscience n'est pas libre, elle est envoûtée. On envoûte, la masse envoûte, les individus envoûtent. Tout le monde le sait. Personne ne dit mot.
La vie historique moderne est le prix d'un formidable et crapuleux envoûtement. Une vaste organisation est au fond de tout, et elle existe. Il en ressort que nous sommes
tous envoûtés, et qu'il y a une affaire de possession mondiale qui dure et n'est pas encore réglée, et ceux qui ne veulent pas le croire font partie du clan des envoûteurs.
Les envoûtements se sentent, se voient, se constatent de multiples façons.
Allez faire la preuve du génie de Gérard de Nerval ou de Baudelaire en leur demandant d'écrire un poème dans la caméra ou le micro. Je dis même que dans l'état actuel des choses, c'est l'envoûtement qui existe plus que la réalité.
Or qu'est le monde de la réalité ? Celui qu'on voit avec ses sens présents, dans l'immédiat du temps et de l'espace, comme on voit une course à pied, un rallye automobile à Cannes, un incendie d'usine, une procession à Lourdes, une collision
de chemin de fer ou une partouze en juillet 45 à 5 heures ( five o'clock tea) en pleine avenue de la. Motte - Picquet à Paris.
Et maintenant assez de plaisanteries et de sornettes, et assez de tartuferies.
Que les ondes ne tirent plus.
La conscience est menée, la masse inconsciente a sa police qui ne permet pas l'individualisation.
Tout ce qui émerge a la tête tranchée.
Je pourrais ainsi continuer à accuser aussi arbitrairement, sommairement, cursivement, et grossièrement l'arbitraire de toutes les techniques par quoi on n'a cessé d'encager et d'enganguer, de faire faire passer sous la gangue et le carcan la
conscience que nous avons ou l'ignorance que nous aimerions avoir de ce qui compose la réalité.
J'ai donc à dire à la société qu'elle est une pute, et une pute salement armée.
La vie n'a plus rien à manifester que des bombes et des champignons vénéneux.
NICOLAS LELIEVRE
Né en 1972
Percussionniste et batteur
Diplômé du CNR de Cergy-Pontoise.
Il étudie les percussions auprès du maître Madgid Khaladj.
Sa curiosité l’amène à travailler dans diverses directions musicales : jazz, musiques électroacoustiques, chanson française, danse, théâtre, improvisation…
Il fait partie du groupe « Acouphène »
Il travaille avec la compagnie de Théâtre " Faim de siècle " (représentations au Mess festival international de Sarajevo, à la caserne Dalhousie au Québec et au Muphathalle à Munich).
Il est musicien dans le groupe Gul de Boa.
En décembre 2002 il créera « Travel-logue » pour ensemble de percussions. « Le Lieu Unique », Scène Nationale de Nantes.
Il est en résidence au Trianon Transatlantique et à L'Arcade à Notre dame de Gravenchon.
8, rue de Nesle 75006 Paris