En effet, Délire défait serait, si je le clarifiais, une danse en instance de se lire ou de se définir sous les traits dune performance en installation, qui semblerait offrir un portrait ou, à vrai dire, une accumulation de confessions par lénonication de faits et de visions.
Une danse en transe, une décomposition, une délivrance de traits défaits, qui apparaîtraient et occuperaient le silence par vidéodiffusion. Une installation dactions, et sa correspondance en diffusion, qui cibleraient une redéfinition de la perception du sujet et de sa réflexion sur la télévision.
Une représentation qui apprivoiserait lun, qui revisiterait lautre, par cette succession de documentations et de confrontations. Une implosion... une explosion, qui atteindraient par leur outrance, et susciteraient la réprobation, la concession, la rémission, lapprobation, lidentification, la transcendance. Or, défait ou en délire, lun rit, soupire pleure.
Benoît Lachambre
Cette pièce solo, créée et interprétée par Benoît Lachambre, directeur artistique de la Compagnie par b.l.eux, se construit autour dune image, celle de la décomposition "picturale" dun être qui finalement se révèle, dans ses multiples natures, mis à nu.
Cette création composite conjugue les médiums de la danse, du théâtre, de linstallation, de la performance, ainsi que des éléments dautoportrait. Par le biais de la vidéo projetée et dun écran cathodique, Benoît Lachambre explore la relation entre les mouvements de limage vidéographique et ceux du corps.
Linstallation vidéo, reproduisant la performance en instantané, constitue un réseau, un circuit, dans lequel lêtre mis en scène est contraint de se soumettre à un processus de déconstruction identitaire en se confrontant à la duplication de sa propre image. Linstallation permet aussi de rassembler et de transformer linformation "en direct" et préenregistrée. Éléments constitutifs de la pièce, les moniteurs sont également la source dune lumière particulière, transmise par des téléviseurs réglés... ou déréglés.
Le concepteur déclairage, Robert Gautier, exploite tous ces phénomènes et développe lesthétique de la déconstruction de limage cathodique en tant que source dinformation lumineuse sur et contre le corps du performer. Benoît Lachambre travaille sur des dynamiques de déconstruction et de déstabilisation du corps ainsi que sur les automatismes de la mémoire et du geste. En cela, il a été assisté, au cours du processus de création, par Marie-Andrée Gougeon, répétitrice. Sa participation a permis dexplorer et de développer tout le potentiel du mouvement, que celui-ci soit contrôlé, contrarié ou involontaire.
La conception visuelle, réalisée par Nadia Lauro, comporte une qualité dinstallation qui tend à souligner laspect « performance art » du travail de Lachambre. Lenvironnement sonore de Laurent Maslé suit également cette direction en se montrant aussi bien ambiant quacteur du déroulement.Tous ces collaborateurs suivent depuis quelque temps, et de façon très fructueuse, la démarche de Benoît Lachambre. Le tout du spectacle converge vers une espèce de mise à nu authentique et presque cruelle dun être confronté à sa propre image, ainsi quau regard du spectateur.
Encore reste-t il à souligner que la persona notoire et charismatique de Lachambre, mise en valeur dans ce concept de « solo-bio-perf-danse », est incontournable.
76, rue de la Roquette 75011 Paris