Quatre solos aux contenus propres serviront de base de recherche et de dialogue avec les musiciens. Des matières brutes d'où peuvent émerger la pulsation et qu'il s'agit d'ajuster dans un jeu de tensions. Les dialogues et décalages issus de ces différents états de corps sont accentués et multipliés par les textures mélodiques d'Ambitronix. L'intention, dans ce projet de Marion Ballester, est de traiter du désir chez l'individu, puis dans la relation amoureuse dans son aspect paradoxal et perturbateur de l'ordre.
Deux hommes, deux femmes : retrouver sur scène leurs différences.
Le désir bouscule l'ordre établi, et en premier lieu l'ordre intime, la vision de soi-même et du monde. Il met en danger, trouble. Quatre corps apparaissent dans l'obscurité, anonymes, habillés tels des cocons en papier de soie et/ou matières plastifiées, laissant apparaître des éclats de chair. Balayés par les feux des projecteurs, ils grouillent tels des insectes. Ils déchirent le silence au rythme de leurs propres agitations dans une atmosphère de danger. Une bande son émet le froissement de carapaces d'insectes, mêlé à des rythmes africains.
" Parler pour ne pas mourir " (Maurice Blanchot)
Arrive le temps de la différenciation où chacun est à l'écoute de son désir. Dans un jeu de tension entre concept et état de corps, les quatre interprètes s'exposent, révélant sous la forme de solos distincts dans le temps, l'empreinte et le geste fondateur de leur subjectivité. Les notions de trouble, désordre intérieur, contradiction, écartèlement créent des personnages fortement caractérisés, charnels, sincères et vrais.
Pour le chorégraphe, il s'agit d'être là en tant que témoin, de guide, puis d'architecte, afin de souligner la matière brute de l'individu : le diamant sous la gangue. Ces quatre solos engendreront quatre fonds sonores, matériaux de base réutilisés et combinés ultérieurement par les musiciens. D'où la musique électroacoustique.
Enfin, le costume souligne la singularité et le style de chaque danse par sa texture et ses lignes. L'autre en tant qu'objet de désir et lieu de toutes les différences pour la rencontre sous forme de deux duos. L'un fusionnel, l'autre passionnel. Un couple ancien, sous le signe du lien, où le désir est apaisé par le temps.
L'ombre de ce bel amour est la perte de son désir en tant qu'individu. Les sonorités originelles se marient harmonieusement. Un couple passionnel qui ne se projette pas dans le futur ; le désir poussé à son paroxysme : attraction, besoin, urgence, abandon. Il rêve cependant de liberté et travaille à respecter chaque entité. La musique d'Ambitronix accentue l'aspect pulsionnel dans un feu d'artifice sonore aux changements d'état brefs, avec des ruptures rythmiques parcourant le fond sonore des individus et retravaillées.
Le paradoxe du désir fait qu'il est insatiable. Il demande à l'être humain de canaliser ses pulsions primitives. Il reste à chacun le chois d'une éthique : ne pas céder sur son désir, l'entendre, le reconnaître, le sublimer par l'œuvre, voire le chef d'œuvre. Sur le thème de la chaîne humaine, les corps nus répètent un rituel d'actions laborieuses dans la forme parfaite du carré. La différence des sexes est amenuisée, restent des bribes d'individualité, dépôt de l'empreinte d'origine des personnages. La musique est cette fois sérielle, évoquant le thème de la réitération d'un acte jusqu'à l'oubli. " Même l'intelligence ne fonctionne pleinement que sous l'impulsion du désir " . (Paul Claudel)
16, rue Marcelin Berthelot 94140 Alfortville
Voiture : périphérique Porte de Bercy / autoroute A4 direction Metz-Nancy sortie Alfortville.