Le théâtre de boulevard amant de lui-même en son propre placard.
Tragédie et comédie
Extrait
La presse
Amoureux de Shakespeare, je n’ai jamais pris au sérieux la différence entre « tragédie » et « comédie » : j’ai mis en scène des œuvres sous-titrées « comédie » (Le Prince travesti ou La Seconde Surprise de l’amour, par exemple), mais sur la scène toujours une gravité, je le sais, perçait sous la légèreté, une certaine horreur sous la drôlerie, qui mettait en danger la forme supposée de œuvres. J’ai mis en scène des œuvres sous-titrées « tragédie » (Hamlet, Roméo et Juliette, Le Roi Lear, Le Désespoir tout blanc, Andromaque, par exemple), mais l’humour, je le sais, n’en a jamais été absent, il perçait çà et là, illicite semblait-il, sous l’écorce offerte du malheur. Un rire, chaque fois, venu d’on ne savait où, secouait soudain la représentation, rire qui gênait le déroulement paisible de la tragédie, et qui, en quelque sorte, l’accusait - comme si la tragédie elle-même ne pouvait plus se donner sérieusement, et que ce fût cela, précisément, la plus grande tragédie.
Cette indifférenciation entre la tragédie et la comédie, pourtant, était une manière de privilégier la tragédie. Ce rire, illégal, qui semblait pouvoir venir trouer cette tragédie quand cela lui chantait, lui était, en fait, inféodé. Cet humour, si improbable, si violent, si inadmissible qu’il ait pu paraître, était sérieux. Peut-être était-il simplement ce qui gît au fond de toute écriture - et nous mettions en scène, nous, précisément, de l’écriture.
Un projet sérieusement comique
Le rire au théâtre, le rire massif repose sur un consensus, sur des codes reconnaissables par tous, sur des valeurs partagées - et cela, même pendant le temps de leur transgression ensemble. Nous ne voulions pas de ce consensus… Et puis nous nous voulions agents de théories nouvelles, de formes inouïes, et nous voulions, oui, qu’elles fussent prises au sérieux.
Je n’ai donc jamais présenté (ou presque) de spectacles où l’humour fut envisagé pour luimême, occupant le premier plan du théâtre. Cela me manque aujourd’hui. Non que j’en sois venu à penser qu’un théâtre nouveau, intelligent, grave, n’est plus tout aussi urgent que par le passé, ni que, lassé d’un théâtre « sérieux », je décide, comme quelques autres, de rejoindre enfin (« Après tout, le temps que nous vivons est si triste qu’on a bien le droit, maintenant, de se distraire et de s’amuser ! ») le théâtre de pur « divertissement ». Non. C’est plutôt, précisément, parce qu’en ces temps troublés les amuseurs deviennent légions, parce que l’amusement lui-même devient un texte et une idéologie, qu’il nous semble devoir, ce texte, le mettre en scène lui aussi, le mettre en écoute, en jeu, en crise. Sérieusement ? Non. En riant. C’est, je crois, la moindre des politesses. Et la plus grande difficulté.
Faire un spectacle dont l’humour soit la loi en même temps que la transgression peut sembler une entreprise paradoxale, voire impossible : c’est pourtant très exactement notre projet.
Une implosion de rire
Car s’il n’est pas question de réaliser un spectacle sérieux sur l’humour, il n’est pas davantage question de sombrer dans le genre facile, et vil par excellence, de la parodie : nous ne nous moquerons pas de la grandeur. Bien plutôt s’agira-t-il pour nous de traverser, étrangers à lui, ce territoire de la drôlerie qu’ont jadis arpenté pour leur public les trois grands vaudevillistes Feydeau, Labiche et Courteline, et d’y semer, en ce territoire, d’autres sortes d’humour (burlesque, absurde, humour noir, etc.).
Et Tex Avery ou les Marx Brothers, les Monty Python ou Stan Laurel viendront dérégler, invisibles, les formes les plus rigides de la comédie de boulevard ; tandis que Goldoni ou Marivaux seront à leur tour hantés par Feydeau et Courteline. Ou Jerry Lewis. Ou Buster Keaton.
La dramaturgie du rire prise à son propre piège. Le théâtre de boulevard, amant de lui-même dans son propre placard. Une sorte d’implosion de rire.
Un rire de l’origine
Je m’aperçois que ces quelques propos sur notre projet peuvent encore faire entendre qu’il s’agirait là d’un spectacle dont l’origine, au moins, serait sérieuse. Je dois alors, ici, faire une confidence : habituellement, lorsque nous répétons un spectacle - une tragédie, donc - nous ne cessons, en travaillant, de rire. Oui. Pardon. Ce rire, ce bonheur de l’imagination et de la lecture, nous l’avions, jusqu’à présent, gardé pour nous, le tenant davantage pour une énergie que pour un spectacle ; eh bien, c’est simple : cette énergie, nous avons décidé, aujourd’hui, de la montrer sur la scène. Rire de l’origine, en somme, qui remonte insolemment. En fait, de quoi s’agit-il ? De rien d’autre que de théâtre, puisque - et les vrais tragédiens le savent bien - c’est faire du théâtre qui est rigolo.
Daniel Mesguich
La femme, essayant de contenir ses sanglots : Mgn ngbn mnghthn gndh…
Le mari : Bon écoute si tu joues toute la pièce comme ça le public ne va rien comprendre, les gens vont partir ! (au public) Elle est émue…
La femme : Gbntbn… tnmghthn gndh…
Le mari : Quoi ?
La femme : Ttghnbndt !
Le mari : Mais tu fais absolument fausse route ! Et en admettant même que j’aie idée de te tromper, crois-tu que j’irais me servir de ces vieilles ficelles ! (il brandit un instant une corde usagée)
La femme : Ben non.
"C'est beaucoup plus joyeux que Strindberg, un joyeux délire d'un metteur en scène intello qui aime la folie sur un plateau. (…) s. On rit beaucoup de ce désordre foisonnant car les acteurs qui chantent et dansent à l'occasion ont une énergie, du nerf, une puissance comique (…)" Vincent Josse, France Inter, 16 mars 2006
" La représentation, du moins jusqu'à l'entracte, est un feu d'artifice de situations cocasses. On frise même à certains moments un délire dans le goût des Monty Python. Les acteurs, en particulier Christian Hecq, irrésistible en bourgeois à la généreuse bedaine, ne méritent que des compliments (…). " Télérama, mars 2006
"Un spectacle qui, de fait, est d'une irrésistible drôlerie, où l'extravagance le dispute à l'intelligence." Le figaro Mag, 25 mars 2006
Vous n'avez absolument rien compris à la démarche artistique de Mesguich! Vous devriez aller aux deux ânes, vous y trouveriez votre bonheur!
Franchement je suis un peu consterné par les critiques positives qui font de cette pièce un chef d'oeuvre. En effet, il n'y a aucune intrigue, aucune logique, ni fil conducteur dans cette pièce. C'est le principe semble t il, des scènes qui se succèdent sans rapport. Drôle me dites vous ? Et bien non, je n'ai pas ri du tout, les blagues sont grossières tout comme les mimiques. Les artistes font un délire complet, des mimes à ce demander de quoi ils "parlent" ! Bref, certains aiment ça, à moins qu'ils n'applaudissent pour la forme ? En tout cas, soyez prudent si vous voulez aller voir cette pièce soyez sûr d'aimer ce genre de théâtre. Sinon vous risquer de quitter le théâtre à l'entract comme moi. Si vous voulez voir une pièce drôle allez voir le Canard à l'orange (mais se joue t il encore) ? Enfin moi c'est ce genre de théâtre que je trouve drôle pas comme le bld du bld du... blalba
Vous n'avez absolument rien compris à la démarche artistique de Mesguich! Vous devriez aller aux deux ânes, vous y trouveriez votre bonheur!
Franchement je suis un peu consterné par les critiques positives qui font de cette pièce un chef d'oeuvre. En effet, il n'y a aucune intrigue, aucune logique, ni fil conducteur dans cette pièce. C'est le principe semble t il, des scènes qui se succèdent sans rapport. Drôle me dites vous ? Et bien non, je n'ai pas ri du tout, les blagues sont grossières tout comme les mimiques. Les artistes font un délire complet, des mimes à ce demander de quoi ils "parlent" ! Bref, certains aiment ça, à moins qu'ils n'applaudissent pour la forme ? En tout cas, soyez prudent si vous voulez aller voir cette pièce soyez sûr d'aimer ce genre de théâtre. Sinon vous risquer de quitter le théâtre à l'entract comme moi. Si vous voulez voir une pièce drôle allez voir le Canard à l'orange (mais se joue t il encore) ? Enfin moi c'est ce genre de théâtre que je trouve drôle pas comme le bld du bld du... blalba
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