"Racine ma fait aimer le théâtre. Passionnément. Pour la vie. Petite fille, assise sur ma descente de lit, je lis avec délice et épouvante ses pièces comme je lis les feuilletons damour du "Petit écho de la mode".
Racine ma appris à aimer, à souffrir, à mépriser, à haïr. A dix ans jai été toutes ses amoureuses, ses impératrices et ses sultanes. Lalexandrin devint une langue maternelle.
Puis vint, le reniement. Un dépit amoureux en somme. Cest quà entendre Racine, à le voir jouer dans les cours et les conservatoires, je ne pouvais plus mimaginer un jour mapproprier lauteur adoré et bafoué.
Puis soudain la Révélation. Il faut jouer Racine comme on joue Shakespeare. Faire le vide de tout ce que lon a su : le sommet du classicisme, la beauté du vers... Oublier Barthes et Goldmann et imaginer "ex nihilo", ce formidable conflit de pouvoir politique. Inventer une violence comme pour "Richard III".
Britannicus : Du sang. Des larmes. Une mère qui perd lamour de son fils. Une impératrice tombée en disgrâce. Un jeune homme fou et sage devenant un tyran. Une femme enlevée, un demi-frère empoisonné. Prises de pouvoir. Intrigues de palais. Disgrâces. Chutes. Et comme dans Tacite une ambiance de polar.
Les monstres étant bien plus fascinants que les honnêtes gens, la tentation était trop exquise pour ny pas succomber. "Néron, monstre naissant" dans Britannicus devenant un monstre accompli dans "Le Couronnement de Poppée", nous en arrivions très vite à la conclusion quil fallait faire appel à Monteverdi pour mieux croquer le personnage.
Avec un petit coup de pinceau de Tacite, inévitablement, le portrait serait complet."
Françoise Chatôt
"Néron est ici dans les premières années de son règne, qui ont été heureuses, comme lon sait. Àinsi, il ne ma pas été permis de le représenter aussi méchant quil la été depuis. Je ne le représente pas non plus comme un vertueux; car il ne la jamais été. il na pas encore tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs; mais il a en lui les semences de tous ces crimes. Il commence à vouloir secouer le joug. Il les hait les uns et les autres, et il leur cache sa haine sous de fausses caresse. Cest ici un monstre naissant qui cherche des couleurs à ses méchantes actions...".
Jean Racine
2ème préface de Britannicus
"Tout cela passe par une écriture poétique qui, si elle est liée à lesthétique même de la tragédie moderne participe pleinement à la dramaturgie racinienne... Ce théâtre ne conçoit pas que la violence, la plainte, la mélancolie puissent se manifester sans ce goût, cette délicatesse et cette lente hauteur qui les rendent plus profondes et plus douloureuses parce que subtilement et majestueusement exprimées...".
G. Forestier
"Dictionnaire encyclopédique du théâtre"
Le Britannicus mis en scène par Françoise Chatôt au théâtre Gyptis de Marseille est visible sur le site de VOD cine4me, dans une captation signé Didier Zuili. http://www.cine4me.com/blog/plateforme-vod/britannicus/
Le Britannicus mis en scène par Françoise Chatôt au théâtre Gyptis de Marseille est visible sur le site de VOD cine4me, dans une captation signé Didier Zuili. http://www.cine4me.com/blog/plateforme-vod/britannicus/
136, rue Loubon 13003 Marseille