« Néron est l'homme de l'alternative. Deux voies s'ouvrent devant lui : se faire aimer ou se faire craindre, le Bien ou le Mal. Le dilemme saisit Néron dans son entier : son temps (veut-il accepter ou rejeter son passé ?) et son espace (aura-t-il un « particulier » opposé à sa vie publique ?). On voit que la journée tragique est ici véritablement active : elle va séparer le Bien du Mal, elle a la solennité d'une expérience chimique - ou d'un acte démiurgique : l'ombre va se distinguer de la lumière ; comme un colorant tout d'un coup empourpre ou assombrit la substance-témoin qu'il touche, dans Néron, le Mal va se fixer. Et plus encore que sa direction, c'est ce virement même qui est ici important : Britannicus est la représentation d'un acte, non d'un effet. L'accent est mis sur un faire véritable : Néron se fait, Britannicus est une naissance. Sans doute c'est la naissance d'un monstre ; mais ce monstre va vivre et c'est peut-être pour vivre qu'il se fait monstre. […]
Roland Barthes
« Après m’être confronté avec bonheur à deux textes de Racine, Andromaque en 2003 et Bérénice en 2006, je nourrissais le désir de traverser la totalité de son oeuvre.
J’y reviens donc aujourd’hui, avec l’une de ses pièces les plus politiques : Britannicus. Non pas pour nous chercher dans cette oeuvre, nous contemporains désemparés du politique, mais pour scruter ce qui peut fonder l’âme humaine, les désirs de pouvoir de la Rome antique à aujourd’hui et ce dans l’économie de la langue du XVIIe siècle.
Si Calme de Lars Norén retrace l’enfance et la naissance d’un auteur, Britannicus nous narre les péripéties qui consacrent la naissance d’un tyran. Impossible de séparer ici politique et sentiments amoureux, chacun se nourrissant de l’autre. Tout rapport est frappé du désir de possession, d’assouvissement de l’ego prêt à envisager toutes les stratégies afin d’arriver à ses fins.
Le début de l’intrigue est fort simple : l’empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d’épouser Agrippine et d’adopter Néron, fils qu’elle a eu d’un précédent mariage. Après avoir empoisonné l’empereur Claude, son troisième mari, Agrippine écarte du pouvoir Britannicus au profit de son fils, Néron. Tous deux sont amoureux de la princesse Junie qui doit faire un choix déchirant : ou bien rester fidèle à Britannicus et provoquer sa mort, ou bien sauvegarder la vie de celui qu’elle aime et sacrifier son amour en cédant à Néron… »
Jean-Louis Martinelli
« On suit le déroulement de cette belle mise en scène de Jean-Louis Martinelli comme un jeu d'échecs passionnant. On y lit aussi une scène psychique où la toute-puissance de la mère effraie un Néron immature qui a peur d'être englouti et se réfugie dans la cruauté. Alain Fromager est formidable dans sa complexité infantile et diabolique. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama sortir
«...Libérer le spectateur de ses passions via la pitié et la crainte, c’est aussi l’objectif de la tragédie. D’une clarté lumineuse dans un décor rond comme un cirque, l’élégant et acéré Britannicus que propose Jean-Louis Martinelli dessillera ainsi bien des regards sur les perversions des relations mère-fils, maître-élève, pouvoir et sexe... Ainsi la “véritable” tragédie doit être entendue “derrière” les alexandrins, la poésie racinienne devenant juste l’écrin de la férocité. Mise à néant du langage, mais dans le langage le plus parfait qui soit : Jean-Louis Martinelli guide ses comédiens dans une espèce de vide où ils dansent sur le pire. Dans ce jeu extrême et souterrain, doux et furieux, ils sont tous magnifiques. » Fabienne Pascaud, Télérama
« Chacun des interprètes est très convaincant, chacun est étonnant, chacun est d'une précision dans la manière de dire et d'indiquer les sentiments, qui est magnifique. On les entend parfaitement et ils sont émouvants à chaque instant. » Armelle Héliot, Le Figaro.fr
« Une vraie réussite, fruit de l'intelligence et du métier bien compris d'artistes-artisans. Très belle idée - celle de la tournette en mouvement lent -, aussi raffinée qu'un supplice inventé par Edgar Poe. » Jean-Pierre Léonardini, L'Humanité
« Racine bien joué, bien dit, bien compris. L'alexandrin nous parait si frais, si moderne soudain. » Philippe Chevillet, Les échos
« « Classique » par excellence pour lycéens férus de la fameuse règle des trois unités, Britannicus est avant tout une tragédie de Racine à découvrir - ou redécouvrir - d'urgence dans son éclat noir d'oeuvre monstrueuse. » Didier Méreuze, La Croix
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