A qui la faute ?
Eugène Durif et son comparse Pierre-Jules Billon s’en réfèrent à la réflexion de Céline : « Rabelais, il a raté son coup ! ». Entre cabaret, conférence et banquet, ils font ressurgir une langue qui n’est pas encore passée par l’équarrissage du bon goût et de la juste mesure.
Après avoir créé ensemble le spectacle Nos ancêtres les grenouilles, ils nous enchantent avec ce nouveau tourbillon de langues savoureuses et jouissives, de Rabelais à Jehan Rictus, en passant par Marc Papillon ou Eugène Durif sur des musiques de Pierre-Jules Billon.
Ces trois soirées seront précédées d’une première partie qui donnera à découvrir l’univers foisonnant d’Eugène Durif, poétique, intime, inventif et jubilatoire.
Deux saltimbanques s’arrêtent dans un lieu qu’ils vont habiter un instant. Ils vont faire naître du théâtre avec trois fois rien… Sans rime ni raison, mais en musique, chansons et calembours, contrepèteries, recettes de cuisine et blagues, mots-valises et coqs à l’âne, onomatopées, et
autres.
Comme un hommage à une culture populaire, à la fois savante et très simple, avec le sentiment de faire retour vers le surgissement de notre langue pas encore passée à l’équarrissage du bon goût et de la juste mesure.
À la manière de Rabelais, sons et paroles dégèlent dans un beau concert de mots et sons de toutes sortes.
“…Hé vous là, ne restez pas immobiles sur votre quant-à-soi ! Arrivez donc par ici et préparez vous à n’en pas croire vos yeux ni vos oreilles ! Vous verrez pour de vrai et frissons garantis en prime d’authentiques dézingués, dérangeurs patentés, jamais fatigués même au comble de l’épuisement. Approchez et vous m’en direz des nouvelles. Vous pourrez voir et entendre ces créatures débiter moult sornettes et apostropher le vide et les étoiles tout en caressant des mots fragiles pour mieux les étouffer et leur tordre le cou en douceur devant vos yeux.”
Eugène Durif
Après le spectacle Nos ancêtres les grenouilles (qui avait été précédé par d’autres tentatives autour de Jean-Pierre Brisset ou de Charles Fourrier), je voulais, toujours en compagnie de Pierre-Jules Billon, travailler autour de l’univers de François Rabelais. Une petite forme à deux, proche de la conférence (ou du banquet), une forme toujours plus ou moins à inventer, où il y aurait des textes de Rabelais, et des textes d’autres auteurs peu connus, oubliés (je pense par exemple à Marc Papillon de Lasphrise ou Jehan Rictus) et puis aussi des textes que j’ai écrits sous forme de chansons (avec une création musicale de Pierre-Jules Billon).
Une tentative de faire retour vers le surgissement de notre langue pas encore passée à l'équarrissage du bon goût et de la juste mesure des Malherbe ou Amyot, traducteur de Plutarque, désigné par Céline comme celui qui a gagné contre Rabelais ( " c'est sur lui, sur sa langue qu'on vit encore aujourd'hui, note-t-il (...), les gens veulent encore et toujours de l'Amyot, du style académique. Ça c'est écrire de la merde : du langage figé. " ). D'où le titre prévu : C'est la faute à Rabelais, en référence à cet article de Céline : " Rabelais, il a raté son coup ! " (Et bien sûr aussi à une chanson bien connue où si " je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire " ...).
Eugène Durif
Jeudi 2 février : Eugène Durif en chansons, musique originale, accordéon, chant : Karine Quintana.
Vendredi 3 février : Lecture de fragments d’Héroine, texte d’Eugène Durif - lecture : Karelle Prugnaud.
Samedi 4 février : lecture de poèmes et extraits de Loin derrière les collines, pièce d’Eugène Durif - lecture par l’auteur.
Rue du Roi René 84000 Avignon