Créées entre les deux guerres, à une époque où il fallait bien oublier ! Oublier nos peurs, nos troubles, nos angoisses ! S’enivrer ! Et ce, dans la tradition des spectacles de cabaret où se confrontent jeux de mots "interlopes", chansons d’actualité, le trivial et le glamour, de la chanson "populo" aux "revues", en passant par les chansons les plus sophistiquées... C’est peut-être ça, le summum de la transgression et le corollaire du "décalage" : la transgression joyeuse en quelque sorte ! Car, finalement, que peut-il nous arriver de vraiment grave, à part mourir ?
Cabaret-interlope met en scène le répertoire des chansons "décalées", mêlant parodie, ironie et dérisio, créé entre les deux guerres.
Dans la tradition des spectacles de cabaret où se confrontent jeux de mots, chansons d'actualité, le trivial et le glamour… de la chanson « populo » aux « revues », en passant par les chansons les plus sophistiquées, un seul fil rouge, s'amuser à tout prix, même sur les peurs, les troubles, les angoisses, s'enivrer dans le plaisir et les plumes … substituts des rêves. Rideau de fumée ? Des paillettes à double tranchant !
La chanson interlope traite de la confusion du genre ou de l'ambiguïté sexuelle. Il s'agit plutôt de chansons comiques, parfois même grivoises, utilisant le stéréotype de la «folle» ou décrivant des situations de quiproquos fondées sur l'apparence et l'ambivalence. C'est un répertoire destiné à un public averti, donc resté assez confidentiel.
L’âge d'or du genre ? L'entre-deux-guerres est la période où la production dans ce domaine est la plus importante. L'émergence d'une subculture sexuelle est intimement liée à l'existence de lieux parisiens spécifiques, les cabarets, et de personnages emblématiques qui animent des établissements dont ils sont souvent propriétaires.
Chez les hommes : Charpini (un fantaisiste aux dons vocaux exceptionnels), O'dett (un transformiste déchaîné qui multiplie les caricatures féminines) et Tonton (patron de plusieurs cabarets qu'il anime avec ses comparses). Chez les femmes : Suzy Solidor (figure de proue du mouvement lesbien), Moune, Frède et Lulu de Montparnasse.
Les périodes durant lesquelles son existence était réprimée ? L'esprit débridé des années 20 et 30 n'était plus de mise lorsque éclata la Seconde Guerre mondiale. Durant l'Occupation et après la Libération, malgré un climat plus hostile, il n'y a jamais eu de répression officielle dans le domaine artistique. Il s'agit plutôt d'autocensure. C'est surtout dans les cabarets féminins qu'une forme d'affirmation se maintient. Cette époque voit aussi l'émergence de cabarets de transformistes (puis de transsexuelles) au rayonnement international : Madame Arthur et le Carrousel.
La chanson interlope après la Seconde guerre mondiale ? On observe un net changement à la fin des années 60. D'abord avec Frédéric Botton, l'auteur-compositeur de la Grande Zoa (créée par Régine) et les Pingouins (créée par Juliette Gréco) dont la liberté de ton empreinte de malice change de la satire traditionnelle. Après la liberté sexuelle prônée par mai 68, l’ambiguïté est évoquée de plus en plus positivement dans les chansons des années 80 destinées au grand public, de Cherchez le garçon de Taxi Girl à Sans contrefaçon de Mylène Farmer. Depuis le milieu des années 90, on peut même parler d'un courant homophile : Juliette, Etienne Daho, Lara Fabian, Zazie (Adam et Yves) ou dernièrement Renaud (Petit pédé).
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