En langue allemande.
Pour son dernier opéra, Richard Strauss ravive le vieux conflit entre la musique et le verbe, qui hante le genre depuis ses origines. Nous sommes dans un château non loin de Paris, à la fin du XVIIIe siècle. Invités à l’anniversaire d’une comtesse, un poète et un compositeur se disputent ses grâces. L’oeuvre est créée à Munich le 28 octobre 1942. Le directeur du Staatsoper racontera les conditions apocalyptiques de la première : la ville bombardée, le blackout, les spectateurs se frayant un chemin à travers les gravats…
Robert Carsen replace l’oeuvre dans ce contexte de la création et ouvre la scène du Palais Garnier sur ses immenses coulisses, qui enserrent le salon de la Comtesse comme l’Histoire encercle le monde de l’art. Les débats de cette société d’esthètes nous semblent alors bien fragiles face à la barbarie qui, en ces années de guerre, étend son ombre sur l’Europe. Mais Capriccio est une torche brandie à travers les ténèbres. Strauss lui a réservé sa musique la plus émouvante, de l’ouverture au finale : « Cet accord de ré bémol majeur n’est-il pas la meilleure conclusion de toute une vie de labeur dédiée au théâtre ? », écrit-il au chef d’orchestre Clemens Krauss. À travers cette déclaration d’amour à l’opéra, le compositeur réaffirme l’idée de la beauté et la nécessité de la création dans une civilisation en décomposition.
Musique de Richard Strauss (1864-1949)
Livret de Clemens Krauss et Richard Strauss
Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène : Robert Carsen
Décors : Michael Levine
Costumes : Anthony Powell
Lumières : Robert Carsen, Peter Van Praet
Chorégraphie : Jean-Guillaume Bart
Dramaturgie : Ian Burton
Dernier opéra de Richard Strauss, Capriccio repose sur une question qui, de tout temps, a hanté l’histoire de l’art lyrique : qui, de la parole ou de la musique, doit, dans un opéra, avoir la prédominance ? Le livret, suggéré à Strauss par Stefan Zweig (qui était alors en exil), connut plusieurs moutures et après avoir été esquissé par Joseph Gregor, le librettiste de Daphné et de L’Amour de Danaé, revint entre les mains du chef d’orchestre Clemens Krauss d’abord, puis du compositeur lui-même ensuite, qui en signèrent la version définitive. En fait, Strauss a mis beaucoup de lui-même dans les différents personnages et en particulier dans celui de la Comtesse qui, à la fin de l’ouvrage, ne clôt pas le débat et laisse l’auditeur sur un point d’interrogation. Et il est parvenu à échapper à l’abstraction que pouvait susciter une telle question en « incarnant » la parole et la musique sous les traits du poète Olivier et du musicien Flamand, qui se disputent le cœur de la Comtesse.
Sur le plan musical, Capriccio est une synthèse vigoureuse de tout ce que Strauss a réalisé de mieux au cours de sa vie. Comme son sous-titre l’indique, l’œuvre est une conversation en musique, ce qui permet au compositeur de faire état de tout son savoir-faire vocal, avec une dextérité et un raffinement incomparables, depuis les récitatifs secs, jusqu’aux ensembles les plus virtuoses, en passant par les airs les plus élégants, comme la scène finale, au cours de laquelle la Comtesse interroge son miroir et prend congé. Cette scène émouvante et pleine de réminiscences musicales est un dernier hommage de Strauss à la voix féminine qu’il a tant aimée, un adieu à l’opéra.
Place de l'Opéra 75009 Paris
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