Carolyn Carlson - Now

• Une métaphore de la condition humaine

Pour Carolyn Carlson, la vie est un éternel recommencement. Depuis plus de quatre décennies, la plus française des danseuses américaines brille d’un éclat ininterrompu sur la scène chorégraphique contemporaine, renouvelant à chacune de ses créations l’énergie qui la traverse. Cette capacité de réinvention permanente, l’artiste la doit sans nul doute à la philosophie dont elle s’est toujours nourrie.

À l’origine de Now, elle cite ainsi La Poétique de l’espace de Gaston Bachelard et les écrits de Rudolf Steiner. Inspirée par ces penseurs, qui considèrent l’individu dans sa double dimension intime et métaphysique, la pièce apparaît comme une métaphore de la condition humaine. Avec quelques accessoires, une porte-fenêtre, une table, la chorégraphe fait renaître les souvenirs de « vies minuscules ». Les scènes du quotidien, lestées du poids de la mémoire, s’inscrivent dans une temporalité émotionnelle dont le point de référence est l’univers du foyer. Dérisoire protection contre la fuite du temps, alors même que l’univers est lui aussi menacé de disparaître

On retrouve avec bonheur, dans une succession de tableaux aussi beaux qu’énigmatiques, la poésie visuelle et l’imaginaire des grandes pièces de Carolyn Carlson. Puisant aux arts martiaux, au tai chi et au qi gong, sa danse est un langage universel où le mouvement semble un prolongement de l’âme. Les éclairages subtils de Patrice Besombes, la musique de René Aubry, les photos et les vidéos ajoutent à cette dimension cosmique.

Isabelle Calabre

• La presse

« Curieusement, le coeur de Now, pièce entre danse et théâtre pour sept interprètes […], est la construction d’une maison en dur pour abriter la famille. Désir et nostalgie d’une vie simple, la chorégraphe offre ici l’histoire d’une existence qui pourrait être celle de n’importe qui. Chez elle qui veut encore croire au bonheur, le lyrisme combine toujours optimisme et mélancolie sans jamais céder sur le dynamisme d’une écriture qui fait sortir le corps de ses gonds. […] Carolyn Carlson, 72 ans, se pose en conteuse en rappelant la beauté du temps qui passe, énigme absolue du vivant, auquel la danse paye ici un tribut éphémère. » Rosita Boisseau, Télérama