Molière 2014 du Comédien dans un spectacle de théâtre public : Philippe Torreton
Après sa création à Rennes et une tournée triomphale dans toute la France, voici enfin à Paris l’homme au panache comme vous ne l’avez jamais vu !
Dans l’imaginaire collectif, s’il est une créature dont la silhouette de cape, d’épée, de plume paraissait fixée pour l’éternité, c’est bien Cyrano. Et puis arrive un jour où un artiste se penche sur un texte qui, a priori, ne lui paraissait pas destiné, y reconnaît des motifs qui l’intéressent depuis toujours, y dégage scène par scène une cohérence nouvelle… Dominique Pitoiset, dans son travail, s’est souvent fondé sur une dramaturgie du corps souffrant, capturé dans la cage de scène comme en une boîte d’entomologiste : on n’a pas oublié à l’Odéon le Prospero aveugle de sa Tempête, et le Willy Loman de sa Mort d’un commis voyageur revivait toute la pièce dont il est le protagoniste en un seul long flash-back où se déchaînait sa confusion mentale.
Son Cyrano relève de la même vision. Enfermé dans un asile, il porte dès les premières minutes la plaie à la tête qu’il ne reçoit d’ordinaire qu’au dernier acte. Toute l’intrigue n’est peut-être que le délire d’un homme seul, une histoire qu’il parvient à faire partager comme un jeu à ses camarades de détention, pour faire naître un peu de beauté dans leur existence affreuse.
Pitoiset est parti de l’intuition que Cyrano voulait être ce qu’il est, ne cessait jamais de se hisser, de gageure en gageure, à la hauteur de l’identité qu’il s’était rêvée. Il est en somme le premier à se prendre pour Cyrano. Et il fait tout pour en persuader le reste du monde, qui finalement ne demande pas mieux : c’est tellement distrayant, et même pratique, de côtoyer un gaillard assez fou pour défier les puissants et se battre au besoin à un contre « oh ! pas tout à fait cent »… Au fond, si le nez de ce Cyrano-là n'existait pas, il l’aurait inventé, cet accessoire indispensable à la construction de son idéal de soi, cet appendice obscène bien fait pour l’astreindre à tenir sans jamais faiblir son rôle de provocateur paranoïaque, contraint de surmonter à force d’esprit l’horreur du corps.
Et ça marche : ce Cyrano qui se bâtit ainsi sous nos yeux, nous l’accompagnons, nous y croyons, nous nous laissons conquérir, emportés par sa force et sa poésie. Décidément, Cyrano ne sera plus jamais comme avant. Pitoiset a largement gagné son pari – et avec lui Philippe Torreton, qui tient là l’un de ses plus grands rôles.
« J'errais dans un méandre ;
J'avais trop de partis,
trop compliqués, à prendre ;
J'ai pris...
Lequel ?
Mais le plus simple,
et de beaucoup :
J'ai décidé d'être
admirable, en tout,
pour tout ! »
« (...) le spectacle ne déroute pas longtemps et emporte peu à peu le spectateur dans une étrange et forte émotion. (...) Au milieu d'eux, Philippe Torreton relève l'un des plus beaux défis de sa carrière. (...) Mais cet internement de Cyrano chez les fous, c'est une idée de dingue, exécutée avec une raison et une tendresse confondantes. » Gilles Costaz, Le Point, 17 février 2013
« Tout Cyrano est un homme qui souffre. La tradition veut que cela soit avec panache. Chez Philippe Torreton, le panache porte un très beau nom : l'élégance. On s'incline. » Brigitte Salino, Le Monde, 25 février 2013
« En transformant ainsi l’espace de jeu en hospice, voire en hôpital psychiatrique, le metteur en scéne Dominique Pitoiset offre une vision nouvelle de Cyrano de Bergerac. Il y a du culot et ça n’est pas en vain. (… ) Autre audace : choisir Philippe Torreton, pour incarner ce rôle-titre, mi-historique, mi-légendaire, d’écrivain capitaine frondeur, fier et libre. L’acteur incarne un Cyrano voyou et chevaleresque, mais fragile aussi. Il est un acteur mûr jouant un personage fatigué qui reverdit. » Télérama, Emmanuelle Bouchez. Avril 2013
« Avec flegme et sang-froid, Philippe Torreton maîtrise la vigueur du rimeur et bretteur des Cadets de Gascogne. Un Cyrano imprévu qui tient bien la route. » Véronique Hotte, La Terrasse, 2 mars 2013
« Torreton réussit le pari de faire resplendir le grand théâtre d'Edmond Rostand. On admire la vaillance et la finesse sans faille de son jeu très physique, concret toujours, et celle de ce qu'on nomme diction, terme bien impropre ici tant Torreton est chez lui avec l'alexandrin. » Odile Quirot, Le Nouvel obs, 17 février 2013
« Sa prestance, sa justesse, sa diction, son sens de la dérision, sa joie à jouer le décalage et sa folie transfigurent tout. Une prestation rare. » L’Express
« Une vision originale et pertinente, portée par un excellent Philippe Torreton » Le Figaroscope
« Un Cyrano inattendu, à qui le public fait un triomphe » Le Monde
« Avec Philippe Torreton dans le rôle-titre, c'est dément. Et convaincant » Le Point
« Du grand art » Télérama
« Philippe Torreton, magistral dans le rôle-titre » La Croix
« Emouvant, formidable ! » Le Nouvel Obs
« Fabuleux » Paris Match
« Cette mise en scène singulière fait mouche sur l’humanité de Cyrano. » La Terrasse
LE BRET, désolé, redescendant, les bras au ciel.
Ah ! dans quels jolis draps...
CYRANO
Oh ! toi ! tu vas grogner !
LE BRET
Enfin, tu conviendras
Qu'assassiner toujours la chance passagère,
Devient exagéré.
CYRANO
Hé bien oui, j'exagère !
LE BRET, triomphant
Ah !
CYRANO
Mais pour le principe, et pour l'exemple aussi,
Je trouve qu'il est bon d'exagérer ainsi.
LE BRET
Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire
La fortune et la gloire...
CYRANO
Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...
Non, merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir un encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci !
Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac, acte II, scène 8
Cyrano me fait penser à mon cher Alceste. Voilà un homme qui ne transige pas et qui dit toujours ce qu’il pense, quoi qu’il lui en coûte – carrière, succès, ou tout simplement sécurité. Et Rostand a soin de nous montrer que la compromission peut prendre des formes très insidieuses. Cyrano s’abstient, bien sûr, de faire activement sa cour auprès des puissants. C’est bien le moins. Mais son exigence va plus loin. Même quand les puissants font le premier pas, il préfère refuser la main qu’ils lui tendent. D’où l’autre grande tirade, moins célèbre, mais non moins brillante que celle des nez. La tirade des « non, merci !» est une ode à la gloire de l’indépendance, de l’autarcie, au risque de la solitude : « Avoir un ventre usé par la marche ? [...] Non, merci. » Un ventre usé par la marche ! Quelle formule, et qui pourrait resservir tous les jours ! C’est d’une drôlerie et d’une virtuosité confondantes. Et tout est de cette veine. Difficile de savoir où arrêter la citation. Au dernier vers, peut-être, où toute la haute moralité de Cyrano se concentre en une maxime : «Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !» ?... La séduction de Cyrano est si éloquente qu’on risquerait de s’y laisser prendre, et l’on aurait vite fait de devenir misanthrope à son tour...
Cyrano exagère, il le sait et l’assume. Mais peut-être doit-il exagérer – car il est un artiste. S’il tient à « être seul, être libre », comme il le dit plus bas, c’est pour s’assurer un droit essentiel à ses yeux : « N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît ». C’est difficile, voire impossible. Mais pour lui, c’est vital. Telle est la première loi : ne pas exposer sa singularité, « ne pas être obligé d’en rien rendre à César ». Ainsi va Cyrano : ridicule, parfois, mais toujours fier d’avoir préservé son humble part personnelle. Nez au vent, tête haute. Même s’il en fait trop. Ainsi font les artistes : ils exagèrent. Mais c’est à ce prix – et bien souvent à leurs dépens – qu’ils peuvent aider autrui à s’arracher, au moins de temps à autre, aux puissances aliénantes qui travaillent toujours à nous dicter le sens de nos vies – un sens, comme par hasard, qu’elles disent unique.
Dominique Pitoiset
très bon spectacle porté de main de maître par Philippe Torreton; émotion palpable dans le public; un regret qqs coupures dans le texte; je n'ai pas trop compris le parti pris de faire jouer la pièce dans ce qui semble être un hôpital psychiatrique ou alors ce parti pris s'effiloche et le fil se perd. Malgré ces remarques, nous avons passé un très grand moment. Merci
Mise en scène trop décalée.
Philipe Torreton magistral Pièce magnifiquement interprétée par toute la troupe, surprenante. A voir
Le texte d Edmond Rostand, magnifique est magistralement interprété par Philippe Torreton dans un décor épuré qui met en acar le jeu des personnages. Époustouflant!
Pour 92 Notes
très bon spectacle porté de main de maître par Philippe Torreton; émotion palpable dans le public; un regret qqs coupures dans le texte; je n'ai pas trop compris le parti pris de faire jouer la pièce dans ce qui semble être un hôpital psychiatrique ou alors ce parti pris s'effiloche et le fil se perd. Malgré ces remarques, nous avons passé un très grand moment. Merci
Mise en scène trop décalée.
Philipe Torreton magistral Pièce magnifiquement interprétée par toute la troupe, surprenante. A voir
Le texte d Edmond Rostand, magnifique est magistralement interprété par Philippe Torreton dans un décor épuré qui met en acar le jeu des personnages. Époustouflant!
Le dépouillement concentre le spectateur sur le texte et la situation .... Bravo.... Attention à la diction....ça yaourte un peu
Quand on m'a parlé de la scène du balcon en virtuel, j'ai tiqué...Fan de Cyrano, j'étais sceptique quant à la justesse de cette version moderne mais me suis laissé tenté pour mon plus grand plaisir et celui de mes 2 filles de 12 et 15 ans...Une fois rentré dans l'ambiance, tout est à sa place et un balcon ferait vraiment tache :-)
une mise en scène déroutante les 15 premières minutes, après on l'oublie pour rester sur le texte et le jeu d'acteur de Philippe Torreton et de sa troupe. Bonnes trouvailles au niveau du juke box et de l'ordinateur pour simuler le dialogue "caché" sur le balcon
Bon Acteurs, excellent Philippe TORRETON qui "porte" cette pièce, un texte riche et poetique qui est toujours d'actualité en 2016, une mise en scène originale et très moderne (qui peut déranger...).
Superbe ! Nos ados ont été ravis par le mélange entre la beauté de la langue et la modernité de la mise en scene. Cependant, certains acteurs étaient difficilement compréhensibles ( le capitaine des gardes,...) Torreton reste impressionnant !
Toute la troupe, et bien sur le maestro Torreton, est formidable et la mise en scène pleine de trouvailles.
Superbe soirée, étonnant et quel talent !
Spectacle magique, Philippe TORRETON est grandiose
Une mise en scène décalée, un Cyrano époustouflant, drôle, touchant, une troupe investie. Nous avons passé un moment à la hauteur de nos attentes. BRAVO !!!!!
Un Cyrano émouvant, revisité, et surprenant même lorsqu'on connaît par cœur. Torreton et la troupe superbe. Et des inventions de mise en scene surprenantes qui montrent L intemporalité du texte. Vraiment heureuse.
une émotion pareille, aussi forte, aussi intensément partagée par la salle, je ne pensais pas que ce soit possible (j'étais au deuxième balcon) ! l'idée du metteur en scène est fascinante et on y croit ! tout se tient et devient logique. la scène mythique du "balcon" est transformée... oui mais on y croit ! On connait la pièce, ses passages délicats, ses tirades cultes... et tout fonctionne à merveille ! MERCI pour tant d'émotion et mon voisin de droite (que je connaissais pas) pleurait encore plus que moi !!! BRAVO à Monsieur Torréton et MERCI !!!
18, boulevard Saint-Martin 75010 Paris