« La plus belle adaptation d'un de mes romans ! » Jean Teulé
Elle voulait qu’on l’appelle Darling. Elle y tenait ! Pour oublier les coups reçus depuis l’enfance, les rebuffades et les insultes, pour effacer les cicatrices et atténuer la morsure des cauchemars qui la hantent. Elle voulait que les autres entendent, au moins une fois dans leur existence, la voix de toutes les Darling du monde. Elle a rencontré Jean Teulé. Il l’a écoutée et lui a écrit un roman. Derrière l’impitoyable lucidité de son humour, Jean Teulé célèbre le flamboyant courage de celles et de ceux qui refusent de subir en silence la cruauté imbécile de la vie et des autres. Un troublant hommage à toutes les femmes battues et celles qui vivent l’enfer au quotidien.
La compagnie Nosferatu entame un processus de création autour du collectage de la parole qui se poursuivra jusqu’en 2014 avec un thème sur les femmes au travail, inspiré des ouvrières de Lejaby. Nous commençons par l’adaptation d’un roman inspiré d’une histoire vraie : Darling. Car Darling n’est pas une fiction.
Une « paysante », cousine dont il ignorait tout, est venue chercher Jean Teulé à Canal+, lui demandant d’écrire son histoire ; ce qu’il a fait. A l’issue d’un long entretien, il a mis en forme le récit de cette femme en quête d’une dignité… que sa condition de départ et ses choix malheureux rendent inaccessible. En écoutant le récit de Darling, Jean Teulé a entendu l’éternelle lamentation de ceux qui traversent les déserts abominables des vies sans affection, sans respect, sans ressources. Mais il a discerné aussi la voix d’une personnalité étonnante, la voix d’une femme capable de dévisager le malheur avec insolence et d’en parler avec des mots étonnamment justes.
Darling est un personnage digne d’une tragédie, elle se bat et l’espoir renaît malgré tout, comme si on pouvait s’en sortir en dépit de la violence et des catastrophes qui vous tombent sur la tête.
Raconter pour être aimé ; écouter pour combler tous les creux du corps et de la vie. Ce roman décrit la vie et le quotidien d’une de ces « petites gens » mais il représente aussi la réalité sociale de certaines femmes, de certaines familles. Racontant une vie, ce texte nous dit le monde et ses travers. Notre but est de mettre en valeur l’humain, nous avons donc choisi de traiter le texte sous la forme d’un duo où la comédienne et le musicien livrent ce témoignage drôle et émouvant.
Cette narration éclatée permet aux comédiens d’incarner tous les personnages de l’histoire mais aussi d’être les témoins ou les « commentateurs » de l’histoire de Darling. Cette écriture nous est apparue primordiale afin de retranscrire sur scène l’humour et la dérision présente dans l’écriture de Jean Teulé. Il est vital, aujourd’hui, ce besoin de parler, de se parler pour créer un lien avec l’autre ou, tout simplement, pour vivre avec les autres. Et pourquoi ne pas se parler et se rencontrer au théâtre ?
La vie est parfois faite de bosses et de creux, pour Darling, elle n’est faite que de coups. La plume de Jean Teulé s’est attachée à d’écrire le parcours douloureux de sa cousine Catherine. Née dans la chiasse de sa mère, elle aura à vivre un parcours de merde. Fatalité d’un milieu social, hasards malencontreux de la vie, ou chroniques quotidiennes d’une vie martyre ?
La vie de Catherine n’échappe à aucune douleur : des parents durs, rustres et maltraitants, des frères disparus trop tôt, un jeune mari violent, une progéniture bousculée… Réduire cette histoire à la laideur de la nature humaine serait simpliste, ce serait mal apprécier Darling et son insoupçonnable capacité à se remettre debout sur cette course de sauts d’obstacles que lui a réservée la vie. Passionnée de camions qui croisent la ferme parentale, Darling s’évade dans les conversations nocturnes des cibistes routiers.
L’adolescente comme la femme endossera le pire, toujours en quête d’un rêve exalté, vivre l’amour avec un routier. Ce parcours chaotique ne serait que la démonstration de la vilénie de certaines natures humaines, mais c’est une ode à la pugnacité, à la détermination du vivant quand il sait qu’il vaut mieux que cela. Darling c’est l’enfant maltraité, la femme battue, la « mauvaise » mère, c’est tout cela et paradoxalement c’est le rebond, l’adaptation, la renaissance. « Ne pas baisser les bras » Darling l’incarne magnifiquement car le bonheur n’est peutêtre jamais très loin.
L’histoire blessée de Darling impose une interprétation intime, simple sans fioriture. La dérision, l’humour et le loufoque jalonnent aussi ce parcours. L’adaptation scénique s’appuiera sur un duo : une comédienne-chanteuse sera Darling par intermittence, accompagné d’un comédien-guitariste-chanteur. À Jean Teulé qui allait écrire son histoire, Darling a demandé : « Puisque c’est un roman, est-ce que tu pourrais me faire belle ? ». Laurent Le Bras, metteur en scène
Je suis allé voir Darling et n’en suis pas revenu… C’était à Yssingeaux pour la création du spectacle. J’espérais que ce ne serait pas trop mal mais alors là… La grande salle comble est passée au noir. Le rond de lumière d’une poursuite s’est mis à éclairer une comédienne immobile qui a commencé à parler d’une voix très basse. Elle a ainsi imposé un silence, choppé la salle par les couilles.
Assez vite, elle a fredonné une chansonnette vaguement naïve. Un mec, à la guitare électrique, a plaqué des accords aux sonorités stridentes et alors là, c’est parti ! Voilà la vie de Darling qui défile devant nos yeux ahuris. L’impression d’être accroché entre les roues en fer d’un chariot de fête foraine. Attention, le grand huit ! L’enfance de Darling, son premier orgasme, la mort des frères, le mariage de Darling, sa vie de couple, ses enfants, quel bordel !
Le public riait, retenait des sanglots dans la gorge. Quel duo sur scène, quelle adaptation, et quelle mise en scène ! Une heure quarante plus tard, ce fut la fin du spectacle suivi d’un affolant silence. Puis toute la salle s’est levée dans un vacarme d’applaudissements et moi qui gueulait comme les autres : « Bravo ! Bravo ! » Jean Teulé
Afin de garder la profondeur et la puissance du propos nous avons choisi d’adapter le roman en travaillant un univers musical qui permet de mettre en valeur tant l’humour que la violence du texte. Certains passages deviennent des « moments musicaux » afin de mettre en valeur leur potentiel dramatique ou de révéler le langage imagé de la narratrice.
Les chansons produisent du sens et montrent le questionnement profond et l’humanité des personnages. Cette démarche prolonge un travail et une réflexion entamée depuis plusieurs créations autour de la forme musicale et de sa représentation scénique.
Installée depuis 2004 en Haute Loire, la compagnie Nosferatu est en Résidence association au Théâtre d’Yssingeaux. Son ambition est de développer un théâtre musical exigeant par le fond et la composition et de confronter sa forme qualifiée de « divertissante » à des sujets de société. Le désir de raconter, de créer, de chanter, de susciter des émotions et de partager est le moteur de la compagnie Nosferatu.
Récemment, au regard du contexte social et politique actuel, la compagnie s’interroge sur la possibilité d’investir le champ social par l’art, l’expression et la créativité. Nos spectacles précédents : La Peau d’Elisa de Carole Fréchette ; Peau d’âne jeune public ; C’est par où Chelm d’après Isaac Bashevis Singer ; Qu’est ce qu’on attend ? cabaret social ; 1,2,3,4 Saisons spectacle petite enfance. Au cours de la saison 13/14 nous avons procédé à un collectage de la parole auprès des ouvrières de Lejaby, avec l’auteure Carole Thibaud, pour aboutir à un spectacle musical haut en couleur en 2014 (l’histoire collective) : A Plates Coutures.
Très bonne performance des deux acteurs mais le sujet est très déprimant...
Pathétique,j’ai vraiment adhéré au personnage
Oui.......Allez vite écouter Darling fragilisée par une vie de violence et d'humiliation.......C'est fort et poignant , un intense spectacle véritable témoignage sans maquillage , lucide et intense . Vous verrez comme notre Darling est lucide sur son existence et que malgré son enfer elle arrivera parfois à vous faire souffrir car elle ne veut pas d'un récit uniquement larmoyant et accusant les hommes d'être tous des prédateurs...... Alors il faut écouter cette confession car c'est un déchirement toujours de notre temps......
Parce que ce spectacle est poignant, parce qu il est drôle aussi, parce que les deux acteurs sont époustouflants de justesse et de talent, parce que c est une histoire vraie, parce qu on en ressort soufflé, je n aurais qu un seul conseil : réservez vite vos places !! C était vraiment excellent.
Pour 7 Notes
Très bonne performance des deux acteurs mais le sujet est très déprimant...
Pathétique,j’ai vraiment adhéré au personnage
Oui.......Allez vite écouter Darling fragilisée par une vie de violence et d'humiliation.......C'est fort et poignant , un intense spectacle véritable témoignage sans maquillage , lucide et intense . Vous verrez comme notre Darling est lucide sur son existence et que malgré son enfer elle arrivera parfois à vous faire souffrir car elle ne veut pas d'un récit uniquement larmoyant et accusant les hommes d'être tous des prédateurs...... Alors il faut écouter cette confession car c'est un déchirement toujours de notre temps......
Parce que ce spectacle est poignant, parce qu il est drôle aussi, parce que les deux acteurs sont époustouflants de justesse et de talent, parce que c est une histoire vraie, parce qu on en ressort soufflé, je n aurais qu un seul conseil : réservez vite vos places !! C était vraiment excellent.
Cette femme est considéré comme une bête humaine
Excellente interprétation de Claudine Allez-y vite
Une mise en scène inventive. L’interpretation est magistrale. Courez y on en sort boulversé. L’adaptation révèle l’humour de l’ecriture de Jean Teulé on rit aussi.
78 bis, boulevard des Batignolles 75017 Paris