Monsieur Le Trouhadec, géographe , membre du collège de France rêve d’être élu a l’institut. Hélas une bourde l’en empêche. Dans son ouvrage sur la géographie de l’Amérique du sud, il a complaisamment décrit la ville de Donogoo, sa région, ses ressources, ses sables aurifères, etc. Mais l'on s’est rendu compte très vite que cette ville n’existait pas ! Lamendin lui propose, pour permettre son élection, de fonder Donogoo.
Le monde, et la France, vivent alors une grave crise financière. Les banques sont frileuses, cependant il s’en trouve pour accepter de participer au montage de l’affaire.
L’escroquerie prend corps.
La pièce a bien sûr, des effets d’échos dans notre actualité. Du montage aventureux par les banques d’une société « pyramide », à l’exploitation des nouveaux émigrants par les précédents arrivés, en passant par le goût puéril des honneurs ou le cynisme financier dans un contexte de crise, bien des choses nous parlent aujourd’hui.
Sur ces sujets, qu’il pourrait traiter gravement, l’auteur de Knock, s’emparant de la forme de la comédie, a écrit une pièce plaisante, adroitement découpée en scènes bien troussées, alliant la profondeur du sujet à la légèreté de la forme.
J’ai été séduit dans cette œuvre par l’alliance, totalement réussie, entre la « comédie » et le « sociologique ».
Voici en quelques lignes ce qui, je crois, nous concerne dans ce texte aujourd’hui encore, et que le metteur en scène que je suis, aimerait souligner : Le pouvoir de la finance, mais aussi l’importance de « la communication », les contradictions humaines, et, surtout, à travers le personnage de Lamendin, le mythe séduisant, de la réussite qui ne s’embarrasse pas de morale. Il est, après plus d’un demi-siècle, plus que jamais notre contemporain.
Il va sans dire que je n’ai en rien l’intention de rendre la pièce « contemporaine ». Le contexte de l’entre-deux-guerres, de la colonisation, est essentiel ; il est, de surcroît, théâtralement et plastiquement intéressant. Je n’aurai pas non plus l’outrecuidance de vouloir « actualiser » la langue de Jules Romains - elle est d’une totale modernité - la vivacité des dialogues comme la qualité des situations ne pourraient qu’en pâtir.
La pièce met en scène une bonne trentaine de personnages et la forme, si l’on restait dans le naturalisme, pourrait sembler un peu datée.
Mon propos serait donc, de faire jouer le spectacle par une dizaine d’acteurs : un certain nombre ayant des rôles fixes (Lamendin , Margajat…), les autres interprétant plusieurs personnages.
On inscrit ainsi dans la mise en scène le plaisir ludique de la composition affirmée, mais aussi la volonté de souligner la dualité, voire parfois les contradictions contenues dans des raisonnements antinomiques développés par les mêmes acteurs.
Faire le théâtre d’aujourd’hui avec les textes d’hier c’est le défi (et le plaisir) auquel tous les metteurs en scène sont confrontés. Le respect du « classicisme » n’est bien souvent que la nostalgie du passé pris pour référence.
Il ne s’agit pour moi ni de faire une reconstitution servile du théâtre des années trente, ni d’imposer une modernité plaquée, mais, en respectant la pensée de l’auteur, de trouver une manière d’allier la jubilation théâtrale à la profondeur du propos.
Jean-Paul Tribout
Le décor, loin du réalisme d’un bureau de banquier, de la jungle brésilienne ou des autres lieux évoqués, sera plutôt une mécanique théâtrale qui permettra des apparitions/disparitions et créera des images fortes et inattendues.
Les costumes, à l’image des personnages, seront archétypiques. Qu’ils soient banquier, aventurier, ou psychiatre, toutes les silhouettes des personnages rappellent celles que l’on trouve dans les univers de BD, empreintes de significations immédiates.
Les années 30, quant à elles, seront fantasmées à travers nos souvenirs cinématographiques ou familiaux. La création des lumières sera conçue en ce sens.
L’environnement sonore utilisera uniquement l’harmonica, instrument des migrants, qui, grâce à Jean-Jacques Milteau, offrira une ponctuation jazzifiée, soulignant ainsi le rythme et la dynamique du spectacle.
Je confirme tout à fait:la représentation au festival de Noirmoutier était formidable;la mise en scène alerte sans temps morts, les décors et les acteurs excellents , l'intrigue savoureuse offrant d'amusants clins d'oeuil à l'actualité et un Jean-Paul Tribout en grande forme excellentissime que j'adore!!!!!!
Une mise en scène bien rythmée, des comédiens vraiment excellents. J'ai été enchanté par la représentation au Festival de Noirmoutier. L'intrigue un peu alambiquée au premier abord prend peu à peu son sens, et soulève avec beaucoup d'humour des questions telles que la limite entre imaginaire et vérité scientifique. A voir!
Je confirme tout à fait:la représentation au festival de Noirmoutier était formidable;la mise en scène alerte sans temps morts, les décors et les acteurs excellents , l'intrigue savoureuse offrant d'amusants clins d'oeuil à l'actualité et un Jean-Paul Tribout en grande forme excellentissime que j'adore!!!!!!
Une mise en scène bien rythmée, des comédiens vraiment excellents. J'ai été enchanté par la représentation au Festival de Noirmoutier. L'intrigue un peu alambiquée au premier abord prend peu à peu son sens, et soulève avec beaucoup d'humour des questions telles que la limite entre imaginaire et vérité scientifique. A voir!
20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris