L'univers de Guy de Maupassant
Intentions de mise en scène
De l'espace scénique
Ce spectacle est né de la rencontre artistique de Xavier Fahy, comédien et directeur de la Compagnie de l’Yerres (Combs-la-Ville, 77), et de Luis Jaime-Cortez, comédien et metteur en scène d’origine argentine, directeur de sa compagnie le Théâtre du Hibou (Antony, 92).
Xavier Fahy et Luis Jaime-Cortez ont souhaité conjuguer leurs talents pour co-produire En passant par Maupassant par le biais de leurs compagnies respectives. La Maison des Jeunes et de la Culture de Combs-la-Ville soutient ce projet.
Un comédien-danseur qui joue, qui raconte. Son corps, sa voix, son imaginaire. L’espace, le silence, le poids des mots. La musique, la danse. Des textes qui n’étaient pas écrits pour le théâtre mais avec une indéniable puissance dramatique. Tous les ingrédients nécessaires pour s’approcher théâtralement de l’oeuvre littéraire et de l’univers de Guy de Maupassant.
En passant par Maupassant commence par Lui ? un conte fantastique où l’on retrouve des thèmes chers à l’auteur : la folie, la peur, voire la terreur, produites par des hallucinations qui ne sont que les méfaits de la solitude d’un homme confronté à ses démons, face à lui même, face à son double!; l’humour et le cynisme de l’auteur demeurent très présents dans ce texte. Comme dit Gaston Bachelard, «les grandes images disent les profondeurs humaines, les profondeurs que l’homme sent en lui-même !».
Vient ensuite Menuet, une promenade poétique, pleine d’humour et de douceur, où la musique, la danse et la nostalgie font état de la délicatesse d’une âme sensible prête à accueillir la beauté de ces sentiments. Il s’agit du passé et de l’intensité de cette danse!: le menuet, dans la vie d’un homme. Autrefois danseur à l’Opéra, il se souvient avec nostalgie du passé. Sa partenaire et lui vont danser le menuet, cette fois-ci devant un seul spectateur, le narrateur, partageant avec lui l’harmonie, le plaisir et la tendresse qui autrefois étaient leur raison de vivre…et continue de l’être, à perpétuité dans le temps.
Pour finir, Mouche ! nous entraîne dans une virée à bord d’une yole, sur le cours sinueux et doux de la Seine. Cinq joyeux lurons, poussés par l’enthousiasme et l’insouciance d’une jeunesse sportive, amants de l’aviron, nous font partager à coups de rames, les joies de l’amitié virile. Ces cinq amis deviendront tour à tour amants de Mouche, une ravissante jeune fille, légère et insouciante. Trois moments d’un Maupassant moins connu du grand public. Trois moments où le quotidien prend une dimension autre que littéraire, grâce à la magie de la scène, à la présence du comédien-danseur, et à l’évocation des univers de l’auteur.
J’ai essayé de trouver le langage adéquat pour permettre à la transposition théâtrale de vraiment exister, tout en restant fidèle à notre point de départ!: trois contes de Guy de Maupassant aux univers très différents, et en respectant les mots de l’auteur : «J’écris ce que je vois, pas ce que je pense!». Maupassant.
Avec ces trois contes, je propose au théâtre des textes destinés tout d’abord à être lus!: la difficulté réside à révéler au spectateur la poésie de Maupassant, à lui donner vie, en faisant exister, à travers un seul interprète, plusieurs personnages en même temps, tout en évoquant des lieux, des saisons, des univers différents.
Ces trois contes nous emmènent, promeneurs solitaires et rêveurs, dans trois ambiances très distinctes : la solitude, la folie (Lui !?), la nostalgie du passé (Menuet) et l’insouciance de la jeunesse (Mouche).
Le chemin, par le choix des textes et la mise en scène, s’éclaircit, allant du plus grave au plus léger, l’humour étant omniprésent. On passe d’un tableau sombre (Lui !? se passe à la fin de l’automne), aux tons pastels (la danse du printemps), puis aux éclats vifs de l’été (les canotiers sur la Seine), ceci par petites touches successives de couleurs.
Le texte est riche en puissance dramatique. Néanmoins, certaines coupes ont été effectuées pour alléger la narration. La gestuelle est très présente!: l’expression passe par le corps, par le geste «grand !», qui dit autant que les mots. La danse vient renforcer la dramaturgie et la théâtralité du conte!, fut-elle contemporaine ou classique, pour aller jusqu’au simple mouvement évoquant les figures sportives de cinq gars tirant vigoureusement sur les rames de leur aviron.
Sur la scène on ne trouve ni décor, ni mobilier. Pas d’accessoire non plus.
Tout repose sur le jeu de l’interprète, tout est mimé, suggéré, transposé.
Celui-ci porte un costume sobre, qu’il change à chaque conte.
Les musiques et la lumière créent les ambiances nécessaires au jeu.
Pour laisser au spectateur la liberté d’imaginer ce qu’il veut voir, entendre, sentir.
Pour l’emmener en voyage.
Pour lui offrir, dès l’ouverture du rideau, un carnet de route vierge, qu’il aura soin de remplir de ses plus folles arabesques…
«… de l’impudeur, de l’impudence, de l’imprévu, du comique et de l’air, de l’air et du paysage, comme dans un voyage en ballon.!» (Mouche, Maupassant)
Luis Jaime-Cortez
94, rue du Faubourg du Temple 75011 Paris