Le spectacle Enfer et Illuminations fut créé à Djibouti à l'occasion du 100ème anniversaire de la mort d'Arthur Rimbaud. Enfer et Illuminations, scandé par des musiques du Harrar, se fait l'écho rare des onze dernières années de la vie du poète, devenu marchand après s'être "amputé vivant de la poésie" (Mallarmé).
Les derniers moments de Rimbaud
Le spectacle
Les textes du spectacle
C'est le 20 février 1891 que Rimbaud, alors à Harrar, fit part à sa mère de la dégradation de son état de santé : son genou gauche l'empêchait de marcher et de dormir. Le mal empira vite, le genou se mit à enfler et la jambe à s'atrophier. Alors brusquement en avril, il liquida tout son avoir et résolut de regagner Aden. Il dessina lui-même le modèle de la civière sur laquelle seize porteurs devaient le transporter jusqu’à la côte. Quelques pages d'un carnet de route nous font suivre jour après jour le calvaire que fut son trajet de Harrar à Warambot. La souffrance, déformant l'écriture, y apparaît à nu. Sitôt parvenu à Aden, un médecin l'engagea à rentrer d'urgence en France.
Sur le bateau L'Amazone, on hissa le malheureux, attaché à une civière, terriblement amaigri et grelottant de fièvre. Le 20 mai, il fut admis à l'Hôpital de la Conception à Marseille. Son "billet de salle" porte sa condamnation : "Maladie : néoplasme de la cuisse, c'est à dire cancer". L'amputation immédiate fut décidée. "Je reviendrai avec des membres de fer…" avait-il prédit dans Mauvais Sang, et rappelons pour mémoire ce vers étonnant du Bateau ivre "Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !".
Après un séjour chez sa mère dans les Ardennes, au cours duquel le mal gagna les reins, les épaules et les bras, il revint à Marseille pour, au premier signe d'amélioration, prendre le bateau pour Aden, persuadé que seul le soleil pourrait le guérir.
Rimbaud retrouve l'Hôpital de la Conception, sa sœur est là qui veille sur lui. Elle fut réellement "la sœur de charité" qu'il avait réclamée vingt ans auparavant. Avec ferveur elle pria pour lui, accomplissant son vœu : "Qu'après sa mort pourtant Ô mon Dieu / s'élève quelque prière"
"La mort vient à grand pas..." écrit-elle à sa mère - la "daromphe" - restée à Charleville. Elle qui n'a jamais lu les poèmes de son frère s'émerveille des visions de Rimbaud à l'agonie : "... il voit des colonnes d'améthyste, des anges marbre et bois, des végétations et des paysages d'une beauté inconnue, et pour dépeindre ces sensations, il emploie des expressions d'un charme pénétrant et bizarre..."
Après dix-sept ans d'oubli volontaire de ses textes qu’il affectait de mépriser lorsqu’il parlait de sa poésie ("des rinçures, ce n'étaient que des rinçures"), c’est dans la fièvre de ses dernières heures que lui reviendront en mémoire les Illuminations, la Saison en enfer et le Bateau ivre.
Mauvais sang / Une Saison en enfer
Oraison du soir / Poésies
Jadis, si je me souviens bien… / Une Saison en Enfer
Larme / Poésies
Aube / Les Illuminations
Ma Bohème / Poésies
Ornière / Les Illuminations
Alchimie du verbe / Une saison en Enfer
Enfance / Les Illuminations
Ophélie / Poésies
Sensation / Poésies
Marine / Les Illuminations
Nuit de l’enfer / Une Saison en Enfer
Roman / Poésies
Le Bateau ivre / Poésies
Lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871, dite La lettre du voyant
Itinéraire de Harrar à Warambot (Journal d'Arthur Rimbaud du 7 au 17 avril 1891)
Lettres d'Isabelle Rimbaud à sa mère (du 22 septembre au 28 octobre 1891)
Passage Molière - 157, rue Saint Martin 75003 Paris