Un jour d’été 1939, une représentation théâtrale est donnée à l’occasion d’une fête paroissiale dans la paisible campagne anglaise. Le village se prépare à faire défiler en tableaux vivants les grands âges de la culture anglaise. Mais en sous-main, se révèlent les tendances cachées, les penchants inavoués, les aspirations, les espoirs, les rêves de ceux que l’amitié a rassemblés là, autour de la famille Olivier.
À la fin de la journée, que reste-t-il du spectacle et de ce qui s’est passé « entre les actes » ? Alors que chacun reprend ses occupations comme si de rien n’était, tout est plus secrètement remis en question. Entre les actes, écrit en 1941 et achevé quelques semaines avant le suicide de l’auteure, explore les relations entre théâtre et réalité, mais aussi entre le présent, le passé et l’avenir.
Dans cette oeuvre, Virginia Woolf s’en prend aux piliers de l’Angleterre victorienne que sont la famille, le patriarcat et l’Empire, tout en brossant un tableau de la Grande Bretagne, encore sous le choc de la Grande Guerre et à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.
Virginia Woolf explore les relations entre théâtre et réalité. Elle s’en prend avec humour à la famille, au patriarcat et à l’empire. Les villageois jouent une représentation théâtrale ; l’histoire de l’Angleterre, dans la propriété de la famille Oliver. C’est la tradition des Pageants qui continue encore aujourd’hui de se moquer avec ironie de la société anglaise. Adapter ce roman au théâtre, c’est d’abord créer cette mise en abyme du théâtre dans le théâtre à la manière de l’Hamlet de Shakespeare évoqué dans Entre les actes. Ce texte, aux multiples références littéraires est avant tout une oeuvre musicale dans son style d’écriture et par l’alternance des dialogues et des chants.
La mise en scène est alors cette partition précise qui restitue l’atmosphère festive de cette journée de juin, joyeuse et mélancolique. Car le plus important se passe entre les actes de la pièce, les personnages déchirés entre le social et l’intime dansent au son du gramophone. Tout se joue et se révèle dans le jardin, lieu sacré où les états affectifs submergent la raison, où les voix intérieures se font entendre.
Ce n’est pas seulement un décor, c’est aussi le lieu de l’enfance, un âge d’or bientôt anéanti par la seconde guerre mondiale. La métaphysique du lieu, est restituée par des éléments scéniques simples : un pont en bois, des chaises et une table de jardin, quelques bottes de foin. En fond de scène, le tulle peint évoque la traversée des apparences, le monde de Virginia.
Lisa Wurmser
« Adapter un roman pour la scène n'est pas un exercice facile mais Lisa Wurmser a réussi à faire d'Entre les actes un bel objet théâtral. L'atmosphère festive des Pageants y est fort bien rendue, la musique est omniprésente et la douzaine d'acteurs ne boudent par leur plaisir. Le décor et les costumes, conçus en partenariat avec l'université des arts de Rochester (Grande-Bretagne) sont une vraie réussite. » Alexandra Oury - La vie des livres.
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