En laissant sonner la musique de Balzac, les acteurs, tantôt en solo, en duo, trio, quatuor, quintet et même en sextet, nous livrent l'histoire d'Eugénie. Ici, pas de réécriture ni de distribution de rôles, uniquement le roman offrant, seul, ses péripéties. Les acteurs, plutôt que de donner à voir, donnent à imaginer. Comme quand nous nous laissons peu à peu gagner par une histoire lorsque nous lisons un roman, les acteurs, en portant ces mots, se laissent peu à peu gagner par l’émotion et l’incarnation.
Nous plongeons ici dans une terrible société provinciale, faite de calculs et de mesquineries. Derrière les portraits au vitriol des « Cruchots » et des « Desgrassins », personnages tous plus sales et plus faux les uns que les autres, apparaissent les femmes de la famille Grandet : Nanon la bonne, au physique disgracieux mais à la force herculéenne, Madame Grandet, jaune comme un coing, et sa fille Eugénie, réduite à la naïveté infantile par un père totalitaire. Derrière ces figures tristement comiques se dresse le père Grandet, carnassier qui domine le drame, prêt à bondir, manipulant à loisir tout ce petit monde.
Derrière la tragédie domestique se révèle la toute-puissance de l'argent qui dirige notre rapport à l'autre. Pour le père Grandet, l'autre n'existe que comme moyen de réaliser quelque profit et tractation financière. Sa fille, Eugénie est une enfant brimée qui, à l’âge de raison, choisit de refuser le monde paternel qu’on lui propose, préférant l’amour à l’argent, l’humanité́ à l’individualisme. Le choix d'Eugénie, à l'heure où le capitalisme semble être le seul modèle de société possible, nous met face à notre propre responsabilité. Qu'est-ce qui dirige notre quotidien ? L'être ou l'avoir ? Balzac apporte un début de réponse : dans les mains d'Eugénie, richissime héritière de son avare de père, l'argent devient un moyen et non un but.
« La Guillonnière avait brillamment adapté Hugo, Rabelais, Dostoïevski et Proust pour Jean Bellorini. Il continue de nous épater ! » Le Canard enchaîné
« Le metteur en scène s’efface pour laisser place à une maîtrise parfaite des mots et du sens. Un théâtre de texte et d’acteurs, délicat et engagé. » I/O La Gazette des festivals
« Un roman offert dans toute sa splendeur narrative, porté par une véritable troupe théâtrale qui joue à l’unisson. » Vaucluse matin
« Oubliez les lectures soporifiques des cours de Français : sur la scène du Théâtre 13/Seine, l’œuvre de Balzac est un réquisitoire anticapitaliste et son personnage une résistante en lutte contre le patriarcat et le pouvoir de l’argent ! » Le Figaro
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