Quel choc ! je ne croyais pas qu'avant la fin du millénaire il nous serait donné de découvrir encore un écrivain dramatique de la grande lignée farcesque, absurde, iconoclaste - celle des Jarry, Vitrac, Witkiewicz... - et qu'il serait si actuel, si proche de nous, et pour tout dire si vivant, quoique disparu en 1993.
On est tout d'abord frappé par la langue de Schwab, cette langue qui tire " les personnages derrière elle comme des boîtes de conserve qu'on aurait attachées à la queue d'un chien ". justement, à propos de chien, le maître Zen s'interroge : on dit que le chien court, mais n'est-ce pas plutôt la course qui chienne ? Les personnages de Schwab sont douloureusement impliqués dans de tels dilemmes : " La motivation de base n'est pas de raconter une histoire, car toutes les histoires ont été racontées. C'est la douleur qui est importante. Ce qui compte, c'est d'essayer à nouveau le chemin entre ce qui est exprimé et ce qui devrait être exprimé. " Un combat. Schwab le mène avec une radicalité, une vitalité sans égal. À chaque instant, quoi qu'il lui en coûte d'incroyables contorsions - viscères, corps, muscles, langue et âme confondus -, il s'échine à dégager de l'inouï : interdit, inédit, inénarrable jusqu'à lui.
Schwab est horrible, violent, scatologique, c'est vrai, mais par dessus tout, à force d'être "jeté ", il est tordant, il est hilarant. Pour un peu, le théâtre cesserait d'être ce qu'il en disait : " une cochonnerie ennuyeuse où l'on peut mourir d'ennui contre paiement ". Est-ce bien tout ? " Ils nous ont mis au monde en s'envoyant en l'air et nous sommes incapables de voler. " Cri du cur, regret ontologique de cette héroïne éminemment schwabienne, la Moule, dans Excédent de poids, où s'évoque la dimension verticale du projet de Schwab, l'aspiration de ses créatures déjetées - nos frères humains - à la transcendance.
Philippe Adrien
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.