Spectacle en anglais surtitré.
« Qu’est-ce qui prime dans la définition de soi ? » En posant cette question, Anouk van Dijk et Falk Richter constatent qu’elle recouvre un domaine extrêmement large, au point qu’on ne saurait y répondre de façon univoque. Nous ne sommes pas un. Nous sommes le mélange complexe et sans doute instable de tout ce qui compose notre identité. Le paradoxe de la culture, c’est qu’elle n’est pas seulement une donnée historique. Elle est aussi, à l’image de la langue, par exemple, toujours en train de se transformer. La nationalité, la culture, l’histoire personnelle et collective, l’identité sexuelle, tout cela danse à l’intérieur et à l’extérieur de nous-mêmes.
Ainsi, c’est en articulant l’intime et le social, le personnel et le culturel, dans un monde transformé par la mondialisation et les réseaux sociaux, que Complexity of Belonging, nouvelle création associant danse et théâtre, texte et mouvement, interroge la notion d’appartenance. Anouk van Dijk est chorégraphe, Falk Richter est auteur et metteur en scène. Ensemble, ils inventent, depuis maintenant plusieurs années, un processus de création dynamique où les formes – danse, théâtre, texte – sont poussées à leurs limites pendant les répétitions et sur scène. Ainsi sont nées notamment Nothing Hurts, Trust, Protect Me ou Rausch, œuvres sans concessions dans lesquelles les inquiétudes et les aspirations de notre époque sont explorées en articulation avec l’intime dans l’espace du plateau.
Hugues Le Tanneur
En 2014, Richter et van Dijk collaborent à nouveau sur une nouvelle création, The Complexity of Belonging. Commande collective de Chunky Move, Melbourne Theatre Company et Melbourne International Arts Festival, ce sera leur première création en anglais. Quatre danseurs et trois comédiens se joindront à l’éclairagiste, au costumier et au scénographe australiens pour développer la pièce en deux phases avec Richter et van Dijk.
« Développer un sentiment d’appartenance est un rite de passage décisif dans le contexte de l’identité sexuelle. Qu’est-ce qui prime dans la définition de soi ? Le sexe ? L’orientation sexuelle ? La nationalité ? Une culture ? Une histoire ? Une fille, une mère, une veuve, un amant ? Tout cela danse à l’intérieur et à l’extérieur de nous-mêmes, et quelque part dans tout ce mélimélo, nous semblons essayer de faire face, rassembler tous les morceaux, nous accommoder, être à la hauteur, et d’« être ». » Anouk van Dijk
« Une culture en mutation modifie la manière dont les individus se forgent une identité. Les identités culturelles ne s’appuient plus sur des valeurs traditionnelles de nationalité. Quel est l’intérêt d’une identité nationale dans un pays de migrants ? Quel est le rapport à mon pays et à ma culture et comment détermine-t-il ma perception de moi-même ? Comment votre identité est-elle façonnée dans un pays en crise par rapport à une jeune nation dynamique ?
Ces questions influent aussi très intiment nos relations les plus fondamentales. Les réseaux sociaux ont transformé la manière dont les gens se présentent dans un marché relationnel. Dans des sociétés en pleine mutation, les moyens pour rencontrer un partenaire ont considérablement évolué. Quel rôle le sexe joue-t-il ? Comment établissons- nous des relations dans ce contexte ? Où sommes-nous acceptés et aimés ?
Cela parle de moi et de qui je suis : vulnérable, fragmenté, poussé dans multiples directions, essayant de me frayer un chemin dans tout ça. » Falk Richter
Ces déclencheurs fournissent le terrain conceptuel sur lequel van Dijk et Richter établiront leur prochaine collaboration. La première phase d’élaboration sera constituée de recherches et d’entretiens avec des écrivains abordant la culture sous différents angles – économique, philosophique et social – pour explorer l’interaction entre identité et culture contemporaine. En lien avec leurs collaborateurs australiens, Richter et van Dijk commenceront à élaborer les premiers textes et mouvements à travers certaines tâches à développer pendant l’improvisation.
Chaque pièce comporte une ligne directrice propre qui permet de développer le langage gestuel. Le point de départ du langage physique de van Dijk dans cette pièce est la frontière entre vulnérabilité et exhibition. Elle étudiera les limites de l’expression physique, poussant les mouvements à des sommets de vitesse, d’intensité et de précision, dans un état flottant entre fragilité et lâcher-prise.
Au cours de la seconde phase de répétitions, Richter et van Dijk approfondiront sans cesse la relation entre performers – qu’est-ce qui fonctionne pour les danseurs, pour les comédiens ? Dans quels éléments peuvent-ils fusionner ? Bien qu’aucune production ne procède d’un scénario classique, il y a à chaque fois une trame de « personnage », souvent campé par plusieurs performers. Au cours des répétitions, un espace se crée pour développer des scènes à l’endroit optimal. Le public observe que là où les mots s’arrêtent, le mouvement prend le relais, et là où le mouvement épuise ses possibilités, le texte fait passer l’oeuvre à un autre niveau.
1, Place du Trocadéro 75016 Paris