Dans ce solo, Lucky Kele raconte son histoire, une histoire tachée de douleur et de violence. Le chorégraphe et danseur sud-africain revient sur la vie et la mort, s’interroge sur les maux qui frappent l’humanité : handicap, VIH, emprisonnement, victimisation, viol… Il décrit la peur comme mal inéluctable du monde, cachée derrière la maladie, la solitude et le désespoir.
Une musique sculpturale et des jeux de lumière participent à l’ambiance intime de ce huit-clos, où le spectateur est témoin de la confession du chorégraphe/interprète, de cet acte thérapeutique livré au public. La pièce n’est éclairée que par le souvenir. Mémoire d’une enfance amoindrie, laissée sans réponse, lâchée sans avenir.
Après Who is this ?… Beneath my skin, la chorégraphe sud-africaine Desiré Davids poursuit sa quête identitaire en la replaçant dans son contexte socio-politique, celui de l’Apartheid. Sa danse des « coloured/caméléons » se réfère aux métis, catégorie raciale à part selon le régime ségrégationniste, valant « moins que les blancs mais mieux que les noirs ». Position fort instable à l’origine d’un étrange mouvement, rapporté dans un article du quotidien The Star de 1986 : l’année précédente, plus de 1000 personnes avaient officiellement changé de couleur, passant pour la plupart du statut de métis à celui de blanc.
Vingt ans après la fin de l’Apartheid, Desiré Davids questionne cette fameuse place d’« entre deux » et pointe les préjugés tenaces qui subsistent encore de part et d’autre des communautés. Les caméléons semblent toujours danser… Porte-corps (à l’instar d’un porte-paroles), la chorégraphe interprète en équilibre sur une ligne blanche tracée au sol une danse tellurique, envoûtante, le corps ancré mais changeant brusquement d’axe ou de direction. Sa présence physique est à elle seule un choc ; le duo à mi-parcours de la pièce est une démonstration frappante des relations ambiguës d’amour-haine et de la nécessité de vivre avec l’autre, pour le meilleur et pour le pire. La force d’évocation qui se dégage de la pièce est à la hauteur de l’enjeu.
Via Katlehong Dance fait aujourd’hui partie du paysage chorégraphique international, multipliant tournées et succès. Originaire d’Afrique du Sud, un des pays les plus dynamiques du continent pour ce qui est de la création artistique, cette troupe aime mélanger les genres, se confronter à d’autres horizons. L’invitation faite à Hlengiwe Lushaba, jeune chanteuse, actrice de télévision, performeuse et chorégraphe, va dans ce sens : avec les danseurs de Via Katlehong Dance, elle a imaginé un Cabaret lointain et proche, « plein d’inventions et de fraîcheur, rempli d’images africaines ». On verra ainsi tour à tour les danseurs dans des numéros virtuoses mêlant danse et jeu, du tap (mouvement et frappe au sol) au pantsula (mime de scènes de la vie dans les townships), du gumboots (danse des mineurs en bottes de caoutchouc à base de frappes des mains sur les cuisses et les mollets) au chant traditionnel. Une célébration de la vie qui n’oublie jamais l’envers du décor souvent moins facile. La troupe de Via Katlehong Dance et Hlengiwe Lushaba semblaient fait pour se rencontrer : avec ce Cabaret grand ouvert aux visiteurs d’un soir, c’est chose faite.
Extrait de la brochure du Théâtre national de Chaillot
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
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