Focus Corée #1 : Kim Joseph / PARK SangMi / Lee K. Dance / Art Project

Aubervilliers (93)
du 28 au 29 mai 2016
2 heures environ

Focus Corée #1 : Kim Joseph / PARK SangMi / Lee K. Dance / Art Project

Dans le cadre de l'Année France-Corée 2015-2016, quatre spectacles sont présentés dans la soirée.
  • Chorégraphie : Park SangMi, Joseph Kim, Kyung-eun Lee, Bora Kim
  • Avec : Park SangMi, Joseph Kim, Kyung-eun Lee, Bora Kim, JuRyung Jung, Kyung Min Ji, SunJi Yoon, SoYoung Choi, HyeJi Lee
Un programme inédit de deux heures présentant quatre compagnies de la scène chorégraphique contemporaine coréenne dans le cadre de l'année France-Corée.
  • Park SangMi - In my room

Dans In my room, la scène apparaît d’abord comme une chambre photographique, un espace sombre à la lumière rougeoyante, dans lequel on peine à distinguer une forme, qui pourtant bouge et rampe. Comme en photographie, l’enjeu de In my room est de révéler ce corps, les émotions et les images qui le traversent, de « créer des mouvements déformés, exagérés, beaux et grotesques inspirés par cet espace », selon les mots de la chorégraphe.

Habillée d’une combinaison noire qui évoque celle des hommes-grenouilles, PARK SangMi explore une série de postures qui jouent de la métamorphose, de l’animalité et expriment la quête d’air, l’affût, la peur et l’attente. Elle rampe, aplatie, joue avec ses jambes comme s’il s’agissait de pagaies, parvient à des mouvements plus amples, de plus en plus déliés et dynamiques, et la danse se met à ressembler à une lutte.

Espace mental tout autant qu’espace physique, le carré dans lequel PARK SangMi évolue est la chambre de ses rêveries, de ses transformations qu’elle aborde avec une gestuelle contorsionniste.

In my room aurait aussi pu avoir pour titre « Dans ma tête ». Car c’est bien son monde intérieur que la jeune chorégraphe coréenne essaie de traduire sur scène, un monde dans lequel la danseuse attend quelque chose qui ne vient pas et fait de cette suspension un terrain d’expérimentation.

Solo : 20 minutes

  • KIM Joseph - Gom-bang-yi-teot-da

Sous la dynastie Joseon qui régna en Corée de 1392 à 1910, les Namsadang était des troupes itinérantes d’interprètes masculins issus des classes les plus basses de la société. Ils chantaient et dansaient dans les rues, allant de village en village à condition d’avoir obtenu l’autorisation des Yangban, c’est-à-dire de ceux qui avaient le pouvoir. Ils présentaient des spectacles composés traditionnellement de six volets, combinant chant, danse et cirque. Le titre de la pièce appartient lui-même au jargon des Namsadang et signifie : « autorisé à jouer ».

KIM Joseph s’empare ici de cette forme en solitaire. En tunique blanche et boxer noir, il porte un casque sur la tête relié à un long ruban blanc, tour à tour instrument qui l’entrave et lui permet des exploits. Cette traîne dont il ne peut se débarrasser est parfois ce qui entraîne sa chute, parfois l’accessoire dont il se sert pour exécuter un numéro virtuose, parfois encore celui qu’il brandit pour fouetter l’air dans un geste de lutte. Gom-bang-yi-teot-da est ainsi tendue entre deux pôles contraires, d’enfermement et de libération et dépeint un individu limité par son statut mais essayant de s’en dégager.

Comme l’exprime KIM Joseph : « Les gens vivent toujours dans des groupes et les groupes deviennent des classes. Celles-ci entrent en conflit les unes avec les autres, et chaque individu est obligé de se conformer à ce destin. Mais chacun désire échapper à sa destinée, même s’il y a peu de moyens d’en sortir. Ici, l’individu se bat contre la sienne mais accepte aussi son sort, avec tristesse et avec joie. »

Chorégraphie, interprétation : KIM Joseph
Musique : Jacob Cooper
solo de 12 minutes (première en France)

  • Lee K. Dance - Mind-goblin

Dans ce solo, la chorégraphe et danseuse LEE Kyung-eun s’inspire d’un rituel chamanique coréen, le Dokkaebigut. Celui-ci a pour objet d’expulser le Dokkaebi, un esprit de la mythologie effrayant qui peut aussi ressembler à un lutin à l’aspect grotesque et humoristique. Il consiste à chasser l’esprit malfaisant en plantant des bambous et en appliquant une serviette trempée de sang menstruel autour de la maison, en émettant des sons métalliques réputés l’effrayer, et en ne regardant jamais derrière soi pour ne pas risquer d’être vu et de devenir l’objet de sa vengeance.

Sur scène LEE Kyung-eun semble à la fois l’esprit troublé et possédé, l’oeil ailleurs, le corps comme détaché d’elle, et le chaman qui pratique le rite d’exorcisme. Le corps s’attrape, s’étend, cherche l’espace, explore son territoire, se regarde comme dans un miroir absent, mâche quelque chose, écoute, glisse, avance les yeux fermés. La chorégraphe joue ainsi sur la présence et l’absence à soi-même : « Il n’y a pas et il y a. Il y a et il n’y a pas » dit-elle.

C’est dans cette tension entre ici et ailleurs que se loge Mind-goblin (littéralement « l’esprit du lutin »). Des voix murmurées dans des langues différentes se mêlent à la musique lancinante et peuplent la scène de leurs présences étranges. Parfois on entend prononcer « Kyrie eleison », la prière de supplication des chrétiens, qui, dans sa brièveté, renferme l’aveu implicite de toutes nos misères. Mind-goblin se présente ainsi comme une incantation visant à composer avec un monde confus et chaotique.

Chorégraphie, interprétation : LEE Kyung-eun
Solo de 30 minutes (création)

  • Art Project Bora - Somoo

En 2014, la chorégraphe coréenne KIM Bora a présenté aux Rencontres chorégraphiques le solo A long talk to oneself. Elle revient cette fois avec Somoo. D’une pièce à l’autre on retrouve ce goût pour les ambiances nocturnes et fantastiques, les êtres qui semblent pris dans des filets et des cérémonies étranges. Ici, KIM Bora propose une pièce plus ample où six danseuses évoluent sur scène accompagnées de quatre musiciens. Plusieurs tableaux se succèdent, chacun tournant autour de la représentation et de l’imaginaire constitués autour des organes génitaux féminins.

Apparaissant d’abord autour d’objets érigés tels des totems sur scène, les danseuses, vêtues de shorts et de débardeurs blancs, semblent glisser et jouer avec ces « statues », sortes de figures masculines qu’elles prendraient pour partenaires et mettent en place les signes classiques de la féminité — déhanchement, séduction.

KIM Bora n’hésite pas à marier les registres, passant de figures évoquant le ballet classique à un solo théâtral quasi expressionniste. Poursuivant un travail qui consiste à frotter les strates de représentations entre elles, KIM Bora joue avec les images pré-établies, les clichés, pour en faire surgir à la fois le noyau dur et l’artifice — ainsi de ces tenues blanches portées par les danseuses, couleur portée seulement par les hommes dans la Corée ancienne, ou de ces ficelles posées sur leurs corps qu’elles tirent comme on actionnerait celles d’une marionnette. Dans Somoo, la chorégraphe explore alors la tension entre les constructions symboliques et une expressivité individuelle.

Chorégraphie : KIM Bora
Musique : KIM JaeDuk, Geomungo Factory
Danseurs : PARK SangMi, JUNG JuRyung, JI KyungMin, LEE HyeJi, CHOI SoYoung, YOON SunJi
Musiciens : Geomungo Factory
Pièce pour 6 danseurs et 4 musiciens de 45 minutes (première en France)

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Théâtre de la Commune
2, rue Edouard Poisson 93304 Aubervilliers
Spectacle terminé depuis le dimanche 29 mai 2016

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