Hamlet (ou les suites de la piété filiale)

Paris 11e
du 21 au 30 décembre 2009
60 minutes

Hamlet (ou les suites de la piété filiale)

CLASSIQUE Terminé

Laforgue revisite le mythe d’Hamlet, en particulier celui de Shakespeare. Il l’imagine seul, dans sa chambre, confronté à l’écriture de sa pièce, tentant de résoudre le mal qui le hante.

Présentation
Note d'intention
Extrait de Hamlet (ou les suites de la piété filiale)

  • Présentation

Laforgue revisite le mythe d’Hamlet, en particulier celui de Shakespeare. Il l’imagine seul, dans sa chambre, confronté à l’écriture de sa pièce, tentant de résoudre le mal qui le hante. Il cherche comment mettre au jour la vérité sur la mort de son père. Jules Laforgue imagine un Hamlet, hors des scènes écrites par Shakespeare, un Hamlet en coulisses. Il s’amuse à nous le présenter dans sa profonde intimité. C’est un Hamlet obscène, au sens étymologique du mot, ob-scenus : ce qu’il reste d’un homme quand il ne se met plus sur scène. On le voit seul face à ses interrogations sur le choix de ses actes. Tout comme chacun d’entre nous Hamlet est confronté à la violence de ses choix, du sens qu’il doit donner à sa vie, d’être toujours dans la projection de ses désirs au lieu de profiter de chaque moment présent.

Laforgue recycle le mythe d’Hamlet afin d’interroger à son tour les problématiques de son temps, et donc aussi de notre temps : l’expression d’un mal de vivre lié à la solitude de l’être humain dans une société de plus en plus centrée sur l’expansion individuelle et la réussite sociale. Hamlet souffre d’un mal de l’isolement. Il doit sortir de son carcan social, et ceci grâce à l’art. Laforgue convoque le mythe, celui d’un héros atemporel, pour parler d’un mal extrêmement présent, c’est-à-dire comment donner un sens à sa vie au-delà des notions de réussite sociale, des hiérarchies, de dominances et de progrès ? Grâce au mythe, Laforgue interroge le quotidien.
Hamlet s’interroge sur la mort de son père, donc sur sa mort et donc sur le sens de sa vie.

Hamlet est un personnage qui refuse de mourir. Il ne veut pas être comme les autres. Il déborde de vie. Il se bat contre toute résignation possible. Cependant, il refuse aussi la révolte physique. Il préfère fuir grâce à son écriture en utilisant les arts, la métaphore. Il y a plusieurs façons de fuir notre réalité, certains utilisent la
drogue ou la psychose, Hamlet fuit grâce à son imaginaire. Il se crée un monde personnel afin de fuir le caractère anxiogène d’ « un monde où règne le principe de réalité, la soumission et la révolte » (H. Laborit,Éloge de la fuite). Hamlet tentera de fuir en pensée, mais il finira par le faire aussi physiquement en décidant de
partir avec Kate, sa comédienne.

Pour lui, ce sera tout sauf la résignation, ce sera la fuite. La fuite n’est pas un acte de résignation, mais un acte de résistance. Résister par la révolte impliquerait le fait s’imposer sa dominance sur autrui, et donc de rester dans le même code de système de hiérarchie. Je parle ici d’une véritable fuite permettant de prendre ses
distances sur notre société afin de mieux se rendre compte des éléments qui la constituent, et de pouvoir définir un autre monde possible ; une nouvelle grille de lecture.
Hamlet veut fuir son monde afin de s’enrichir d’un monde nouveau qui l’attend et qui l’entoure. Il est rempli d’une nécessité vitale de connaissance en oscillation permanente entre sa nécessité d’écrire et celle de partir à la rencontre du monde extérieur.

Haut de page


  • Note d'intention

Hamlet est représenté seul dans sa chambre. Laforgue s’amuse à imaginer un Hamlet dans son univers intime ; une intimité d’être et de pensée. Il s’agira de partir de cette intimité du jeune homme, en utilisant un élément concret symbolisant notre quotidien, présent dans notre chambre, caractéristique de notre société.

Cependant, il faudra faire en sorte que cet objet puisse être détourné de sa fonction première pour lui créer une dimension poétique. Il s’agira de s’amuser à déplacer la signification de cet objet au fur et à mesure du récit. L’un des thèmes principaux de la mise en scène sera donc de tenter d’exprimer comment la poésie peut naître de notre quotidien, en convoquant des objets très concrets, en les confrontant à la poésie de Laforgue et en tentant de faire le lien entre les questionnements du poème
et ceux de notre époque. La rencontre entre l’acteur et la poésie permettra la création de cette « autre » réalité, de ce nouvel espace personnel, où chaque élément du quotidien peut se transformer selon ce que désigne le mot du poème. Une zone nouvelle où l’imaginaire permet de casser les barrières du réel.

Il n’y aura qu’un seul acteur en scène racontant l’histoire d’Hamlet. Tout comme Hamlet, l’acteur sera à la fois acteur et narrateur de son histoire. Des morceaux non dialogués du récit seront aussi dits dans le spectacle. La solitude de l’acteur aidera à exprimer la solitude du personnage. L’acteur devra représenter cet Hamlet seul,
dans sa chambre, en train de tenter de faire vivre chacun des personnages apparaissant dans le récit.

L’intervention de ces autres personnages pourra se faire de différentes manières, par exemple avec l’utilisation de marionnettes. Tout comme Laforgue, à travers le parcours d’Hamlet, il s’agira pour l’acteur de transmettre aux spectateurs une expérience poétique. L’acteur, seul au plateau, devra être le lien, le point de convergence entre le poème (le passé) et les spectateurs (le présent) afin de stimuler leur imaginaire et de donner un regard nouveau sur le monde (futur).

« L’oeuvre d’art incorpore à la vie même de celui qui raconte, pour le transmettre, comme sa propre expérience, à ceux qui écoutent. Ainsi le conteur y laisse sa trace, comme la main du potier sur le vase d’argile. » (Walter Benjamin, Sur quelques thèmes baudelairiens).

L’imaginaire devra se créer grâce au langage. Chaque phrase, chaque mot représente un monde en soi qu’il faudra transmettre. Il s’agira de témoigner du pouvoir poétique de chacun des mots, du champ des possibles que propose la poésie. C’est grâce à cet imaginaire des mots que nous pouvons créer notre propre
monde tout comme Hamlet et ainsi fuir le caractère anxiogène du monde réel.

Un mot peut être autre chose que ce que désigne ce mot. Il s’agit de nous indiquer une nouvelle façon de voir le monde. Hamlet a besoin des « mots »,
afin de mieux comprendre ce qu’il vit, il en doit être de même pour l’acteur.

Il nous faudra donc, ici, nous réapproprier la langue de Laforgue. Par la poésie, nous cherchons un moyen d’échapper à la réalité. Tout cela correspond à une idéalisation du sentiment poétique. Nous désirons toucher au-delà de notre propre limite spatiale et temporelle, de dépasser notre condition humaine. Le parcours
d’Hamlet exprime à chaque instant cette confrontation entre l’idéal et la réalité.

« Ce sont les mots qui ont le pouvoir de décision (…). Une idée ne peut être véhiculée que par les mots. Sans les mots, elle n’existe pas. Lorsque l’on dit
qu’une révolution pourrit, c’est de son langage qu’il s’agit. » (Armand Gatti, Il n’y a de révolution que celle du soleil.)

Haut de page

  • Extrait de Hamlet (ou les suites de la piété filiale)

« Voilà, pourtant ! Mon sentiment premier était de me remettre à l’horrible, horrible, horrible, événement pour m’exalter la piété filiale, me rendre la chose dans toute
l’irrécusabilité du verbe artiste, faire crier son dernier cri au sang de mon père, me réchauffer le plat de la vengeance ! Et voilà (Ô Potos toue eïnaï) ! je pris goût à l’oeuvre, moi ! J’oubliai peu à peu qu’il s’agissait de mon père assassiné, volé de ce qu’il lui restait à vivre dans ce monde précieux (pauvre homme, pauvre homme !), de ma mère prostituée (vision qui m’a saccagé la Femme et m’a poussé à faire mourir de honte et de détérioration la céleste Ophélie !), de mon trône enfin ! Je m’en allais brasdessus bras-dessous avec les fictions d’un beau sujet. Car c’est un beau sujet ! Je refis la chose en vers iambiques ; j’intercalais de horsd’oeuvre
profane ; je cueillis une sublime épigraphe dans mon cher Philoctète. Oui, je fouillais mes personnages plus profonds que nature ! Je forçais les documents ! Je
plaidais du même génie pour le héros et le vilain traître ! Et le soir, quand j’avais rivé ma dernière rime à quelque tirade de résistance, je m’endormais la conscience toute rosière, souriant à des chimères domestiques, comme un bon littérateur qui, du travail de sa plume, sait soutenir une nombreuse famille ! Je m’endormais sans songer à
faire mes dévotions aux de statuettes de cire et de leur retourner leur aiguille dans le coeur ! Ah, cabotin, va ! Voyez le petit monstre ! »
(…)
« Eh bien, qu’est-ce que j’attends ici ? - La mort ! La mort ! Ah ! Est-ce qu’on a le temps d’y penser, si bien doué que l’on soit ? Moi, mourir ! Allons donc !
Nous recauserons plus tard, nous avons le temps. - Mourir ! C’est entendu, on meurt sans s’en apercevoir comme chaque soir on entre en sommeil. On n’a pas
conscience du passage de la dernière pensée lucide au sommeil, à la syncope, à la mort. Mas ne plus être, ne plus y être, ne plus en être ! »
(…)
« J’ai peut-être encore vingt ans, trente ans à vivre, et j’y passerai comme les autres. Comme les autres ? - Oh tout ! Quelle misère, ne plus y être ! Ah ! Je
veux dès demain partir, m’enquérir par le monde des procédés d’embaumement les plus adamantin ».

Haut de page

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

La Loge

77, rue de Charonne 75011 Paris

Bar Bastille
  • Métro : Charonne à 271 m
  • Bus : Faidherbe à 9 m, Charonne - Chanzy à 72 m, Gymnase Japy à 244 m, Basfroi à 276 m, Crozatier à 387 m, Hôpital Saint-Antoine à 390 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

La Loge
77, rue de Charonne 75011 Paris
Spectacle terminé depuis le mercredi 30 décembre 2009

Pourraient aussi vous intéresser

- 21%
Le Horla

A la Folie Théâtre

- 11%
Comme il vous plaira

Théâtre Hébertot

- 22%
Gargantua

Théâtre de Poche-Montparnasse

La Serva Amorosa

Théâtre de la Porte Saint-Martin

- 32%
- 31%
Cyrano de Bergerac

Théâtre Montparnasse

Spectacle terminé depuis le mercredi 30 décembre 2009