« Cette époque n’a pas d’âme. Je n’ai pas de sexe. Où est la différence ? »
Ernst Toller, un des grands dramaturges expressionnistes, appartient à cette génération d’écrivains qui répondit par l’art aux traumatismes de la Grande Guerre. Enrôlé volontaire à 20 ans, ce qu’il vit au front le fit basculer définitivement dans la cause pacifiste et révolutionnaire ; son engagement lui valut d’être incarcéré six ans sous la République de Weimar. C’est en prison qu’il commença à écrire pour le théâtre et qu’il composa Hinkemann, histoire bouleversante et révoltée d’un soldat qui revient de guerre émasculé. Tel un Woyzeck du XXe siècle, mais stigmatisé dans son corps, l’ouvrier Hinkemann voit s’éloigner sa femme et devient un phénomène de foire : il est réduit à égorger des rats à pleines dents devant les badauds pour gagner sa vie.
C’est après avoir mis en scène Sade, Jahnn, Sacher-Masoch, Wedekind - auteurs pour qui l’érotisme est une subversion radicale - que Christine Letailleur a choisi de raconter cette tragédie d’un homme sans sexe. Et c’est à Stanislas Nordey, qui participe depuis le début à son aventure artistique, qu’elle a confié le rôle d’Hinkemann. Un héros vaincu, à qui Toller a laissé l’arme de la poésie : un lyrisme halluciné, concret, seul capable de regarder en face le cauchemar d’une époque.
« Dans la lumière sombre de sa belle mise en scène, Christine Letailleur nous fait découvrir la finesse, le courage, la lucidité de cet auteur. Admirablement servi par Stanislas Nordey (…) et par la délicate Charline Grand. » J.V., Le Canard enchaîné, 15 avril 2015
« Derrière les personnages au couteau de Toller, qui ne s'enlisent dans nulle complaisante psychologie, qui passent de séquence en séquence comme dans un montage cinéma expressionniste, rapide, Christine Letailleur fait jaillir l'impossible douceur des choses et des êtres, la tragédie de l'Histoire et les tragédies de nos histoires. Par sa direction d'acteurs, elle sait intérioriser les blessures du monde. » Fabienne Pascaud, Télérama TT, 12 avril 2015
« Une œuvre au noir. Terrible, irrémédiable. (...) Et l’on est touché, enfin, parce que Stanislas Nordey le joue magnifiquement, cet homme amputé, broyé, qui incarne tout un corps social. Le spectacle tient vraiment sur lui, sur son jeu sobrement émouvant, dense, et sur la pièce elle-même, sur la voix de Toller, qui nous parle directement aujourd’hui. » Fabienne Darge, Le Monde, 4 avril 2015
« Christine Letailleur présente aujourd’hui une mise en scène d’une rare sensibilité. (...) C’est peu de dire que ce texte est une charge contre la guerre. Mais Toller va encore plus loin dans cette pièce conçue comme une plongée dans le drame d’un personnage confronté au plus profond de lui-même à une souffrance morale qui l’isole de ses semblables. » Hugues Le Tanneur, Libération, 30 mars 2015
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