« Ce qui me passionnait, c’était de regarder en essayant de comprendre : il y a un ordre caché dans tout ce qui vit… » Germaine Tillion
« Germaine Tillion nous initie aussi à un usage bien particulier de la mémoire. Elle évite la tentation de sacraliser le passé, c’est-à-dire de maintenir l’événement qu’elle a connu dans un isolement splendide, de le considérer comme incomparable avec ce qui s’est passé ailleurs ou depuis, de percevoir comme un sacrilège toute mise en relation entre lui et le reste du monde. Le passé est appelé à servir, non à être cultivé pour lui-même. » Tzvetan Todorov
Vouloir monter un spectacle autour de la figure de Germaine Tillion relève sans doute d’une gageure puisque ses écrits (hormis son opérette) n’ont aucune structure dramatique. Mais j’ai souvent travaillé sur des matériaux de ce type, toujours guidé par la forme d’oralité que certains auteurs donnent à leurs textes. Comme bien d’autres j’ai été séduit par la vivacité de la pensée, de l’écriture et du verbe de cette grande Dame.
Ses champs d’analyse s’étendent sur des domaines et des périodes proches, à savoir : l’ethnologie appliquée à des populations musulmanes durant l’époque coloniale, la structure et la fonction du camp de Ravensbrück, et la guerre d’Algérie. Quel que soit le sujet traité, elle procède avec le même souci de discernement, de précision, d’attention à l’Autre. Jamais donneuse de leçons, ce à quoi appelle sa parole, c’est à une forme de discipline de l’esprit qui doit guider l’engagement et l’action.
C’est toujours à l’expérience qu’elle se réfère lorsqu’elle est confrontée à des situations présentant des similitudes : les conditions de vie précaires de ses missions dans l’Aurès lui permettent d’endurer les rigueurs de Ravensbrück, son passé de résistante en 1940 la rend sensible à la clandestinité algérienne.
En traversant les trois livres que nous avons choisi d’adapter, il s’agit de mettre en scène la manière singulière qu’a Germaine Tillion de parler du monde et de l’analyser, de décrire les mécanismes oppresseurs. Les grilles de déchiffrement qu’elle propose peuvent s’appliquer à bon nombre de conflits actuels.
Xavier Marchand
D’après Il était une fois l’ethnographie, Ravensbrück et Les Ennemis complémentaires de Germaine Tillion.
« Porté par cinq comédiens à l’énergie et à l’endurance exceptionnelles, enrichi par des projections et une bande-son mêlant récits et chants berbères, ce marathon théâtral tourne – ce n’est pas un hasard – depuis sa création, en décembre 2009. » Emmanuelle Gall, Télérama TT
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