Novembre 1932. Entre Max, Juif américain, et Martin, l’ami de retour en Allemagne, s’établit une correspondance fraternelle qui bascule à l’arrivée au pouvoir des nazis. Par la progression bouleversante du récit, Kressmann Taylor nous entraîne dans un suspense haletant d’une construction et d’une concision extraordinaires, qui nous plonge au cœur de l’Histoire et nous dévoile les aspects les plus terrifiants de l’âme humaine. Un chef-d’œuvre de la littérature américaine.
« Tu dis que nous persécutons les libéraux, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? Il taille dans le vif, sans états d’âme. Oui nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal, notre re-naissance l’est aussi. »
Traduction de Michèle Lévy-Bram. Violoniste en alternance.
Inconnu à cette adresse est un chef-d’œuvre. A ce titre il est un succès de librairie largement mérité.
Les clés de ce succès sont à chercher dans l’incroyable intensité de cette nouvelle épistolaire ; à la fois dans son style épuré, mais aussi dans son suspens, et surtout par son sujet lui-même : à travers le récit de l’anéantissement d’une amitié entre deux hommes - une tragédie intime faite de haine, de mort et de vengeance impitoyable -, c’est l’histoire de la montée de l’antisémitisme en Allemagne avec l’avènement du nazisme, et comment celui-ci a agi comme un poison fulgurant sur les esprits et entraîné un peuple entier dans la folie, la guerre et le meurtre.
J’imagine que ce petit bijou a été maintes fois passé au crible de la critique littéraire, et je ne prétends pas apporter un éclairage nouveau par une mise en représentation de Inconnu… ; il s’agit bien plutôt d’éclairer totalement le texte, le mettre en lumière avec force et simplicité.
Deux comédiens, un violoniste. De part et d’autre du dispositif scénique, deux fauteuils (style fauteuil anglais cossu, confortable, voire imposant), se faisant face. Car il s’agit bien d’un face-à-face, mortel et sans issue. Un espace bi-frontal, les spectateurs étant eux-mêmes disposés face-à-face, créant ainsi un couloir dans lequel évolueront Max et Martin. Au centre de l’une des rangées de spectateurs, un musicien assis sur un haut tabouret. Musicien-observateur, arbitre du désastre…
Qui dit mettre en lumière dit mettre aussi dans l’ombre : auprès de chacun des deux fauteuils, un guéridon avec une lampe de chevet, que Max et Martin allument ou éteignent eux-mêmes (une régie et quelques projecteurs viennent soutenir ce dispositif).
De la musique, mélodies Yiddish, mais aussi Bach, Strauss, Brahms. .. quelques accents musicaux venant appuyer le texte par endroits, affirmer sa dimension dramatique. Et puis… rien d’autre. Pas d’images grossières, de réalisme feint. La parole incarnée mais nette, dépouillée, la progression bouleversante du drame. C’est au spectateur de faire lui-même son chemin de douleur.
Pas de jugement sur les personnages non plus : Martin est arriviste, lâche et criminel, mais la vengeance de Max est machiavélique et épouvantable. Chacun révèle tour à tour sa noirceur et sa détresse. A la fin, Max est vengé mais détruit…
Un spectacle qui se veut simple et léger dans sa conception, mais fort, épuré et sans concession, pour que résonne ce texte au plus profond de chacun.
Xavier Béja
Un texte profond et bouleversant servi par des acteurs fabuleux. La mise en scène intelligente permet au public de suivre cette correspondance epistolaire avec un intéret crescendo. Un grand moment de théatre.
J'ai adapté cette histoire en vidéo et suis impatient de voir ce que cela donne. Je vais y aller.
Petite remarque sans importance : la galerie d'art n'est pas à New York mais à San Francisco ! Je suis assez d'accord avec la critique, j'ai trouvé que la mise en scène collait vraiment à l'esprit du livre, et le descrescendo est très poignant, du fait de la sobriété de cette adaptation.
Un texte profond et bouleversant servi par des acteurs fabuleux. La mise en scène intelligente permet au public de suivre cette correspondance epistolaire avec un intéret crescendo. Un grand moment de théatre.
J'ai adapté cette histoire en vidéo et suis impatient de voir ce que cela donne. Je vais y aller.
Petite remarque sans importance : la galerie d'art n'est pas à New York mais à San Francisco ! Je suis assez d'accord avec la critique, j'ai trouvé que la mise en scène collait vraiment à l'esprit du livre, et le descrescendo est très poignant, du fait de la sobriété de cette adaptation.
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris