« Est-ce bien toi qui commets cette horreur ? Toi, mon bon vieux Max que j'ai aimé comme un frère ? Mon Dieu, mais tu n'as donc pas de pitié ! Assez ! Je t'en supplie. Arrête tant qu'on peut me sauver ! "
Deux amis pris dans la tourmente de la montée du nazisme voient leur amitié se briser et leur vie basculer dans l'horreur.
Kressmann Taylor revient à l'essence-même de la tragédie antique. A l'instar des deux frères d'Antigone, Etéocle et Polycine, les deux protagonistes sont les jouets d'un destin qui leur échappe. L'auteur s'attaque à l'essence même de la condition humaine. Comment passe-t-on d'une amitié fraternelle à une haine fatale ? Comment la force de conviction d'une idéologie, aussi efficace soit-elle peut-elle mettre à mal une relation aussi forte entre deux êtres ?
Chacun des deux indéfectibles amis agit sans l'ombre d'un doute. Ils se voient dépassés par l'ampleur des événements historiques, qui figurent le Destin. La Tragédie peut alors éclater : Max, de victime, devient bourreau.
L'idée de revenir à la tragédie antique nous conduit à dépouiller la mise en scène, pour ne conserver que la fluidité du texte. L'intimité des personnages est évoquée au travers des objets et peintures qui sont utlisés sur scène.
Nous avons choisi d'utiliser un décor minimaliste, constitué de cinq praticables ; symbolisant l'intérieur d'une galerie d'art ou d'un appartement stylisé. Ainsi on ne figure pas l'éloignement géographique des deux amis, ce qui permet d'évoquer à tour de rôle le fantôme de l'absent, de jouer en miroir, selon le principe du fond-enchaîné.
La stylistaion du lieu et du temps permet d'entremêler les deux univers, et de montrer l'ambivalence des deux personnages : qui est la victime ? qui est le bourreau ?
Pour la gestion du temps, la forme épistolaire permet les ellipses : c'est donc la lumière qui rythme la pièce.
6, avenue Maurice Ravel 75012 Paris