Un mariage au féminin
Sur la pièce
Note de mise en scène
Les Echantillons
Quand Iphis naît, son père, Ligde ne veut pas de fille. Sa mère, Télétuze l'habille alors en homme. Lorsque la pièce commence, Iphis est adulte et promise à Iante, une demoiselle de son âge. Seuls à connaître le secret, sa mère et Ergaste par ailleurs amoureux d’Iphis sauront-ils s'opposer aux voeux de tous ?
Le mariage est prévu pour le soir même et, désespérée, Télétuze demande à Ergaste de révéler le secret. Ergaste tente de le faire mais personne ne le prend au sérieux et le mariage a lieu. Cependant, le croyant fou on lui promet Iphis en mariage s’il s’avère que c’est une fille.
De son côté, Iante voudrait consommer le mariage mais Iphis semble retarder l’affaire. Le lendemain de la nuit de noce, les mariées raconteront cette nuit pour le moins agitée. Iphis et Iante pourront-elles s’aimer ?
Écrite en 1634 par Isaac de Benserade, cette pièce inspirée des Métamorphoses d’Ovide* traite de l’homosexualité féminine d’une manière originale et très intéressante. Elle témoigne que notre époque n’invente rien, que les besoins des êtres humains restent les mêmes : ils concernent l’amour et la manière de l’assumer. Originale dans sa manière de dénoncer le refus d’une réalité, quand Ergaste annonce qu’Iphis est une fille qui en aime une autre, tous refusent de croire cela possible. Cette manière de montrer l’aveuglement plus ou moins volontaire est très fine.
La pièce Iphis et Iante, dont nous venons de résumer l’enjeu, est au programme de beaucoup d’étudiants en littérature et en théâtre mais paradoxalement peu jouée. Malheureusement à la lecture, l’aspect comique de cette pièce se trouve nettement diminué.
C’est une pièce superbe c’est pourquoi, avec nos petits moyens et notre modeste expérience, nous voudrions en proposer aux étudiants et aux autres spectateurs une image plus vivante. Le théâtre ne doit pas se contenter d’être lu ou étudié, il est un art vivant.
* Dans cette oeuvre, Ovide reprend les légendes grecques et décrit les transformations des dieux et des hommes. Ici, il s’agit du neuvième livre des Métamorphoses qui traite de la métamorphose d’une femme en homme.
Notre mise en scène est volontairement épurée, pas de décors et très peu d’accessoires. Nous voulons avant tout porter ce texte ainsi que les questions qu’il pose aujourd’hui encore sur la sexualité, l’amour, le rapport à l’argent, et surtout le mariage. Car ce qu’aborde cette pièce du XVIIème c’est bel et bien le sujet épineux qui est en plein dans notre actualité. Deux femmes peuvent-elles se marier ? N’est-ce pas contre nature ? Contre les lois divines ? Certains se font poignarder pour avoir supposé que non, nos personnages, quant à eux, se contentent d’essayer de vivre avec ce qu’ils sont ou ce que l’on a fait d’eux. Cependant il ne s’agit aucunement ici de moderniser la pièce, nous essaierons plutôt de mettre en avant l’aspect intemporel de cette dernière.
A aucun instant durant la pièce l’annonce d’une homosexualité ne peut être prise avec sérieux par les personnages. On notera par exemple la réaction de Ligde (« le trait n’est pas mauvais »), celle de Teleste (« quand il aura consulté les bouteilles, nous sommes assurés qu’il dira des merveilles ») et enfin celle de Nise (« Tu parles d’amitié mais je parle d’amour ») lorsqu’Ergaste parlera de son amour pour Iphis. En effet, un sentiment entre deux personnes de même sexe ne peut être admis que s’il est amical. Ce n’est pas seulement d’une interdiction ni même d’un rejet de l’homosexualité qu’il est question, c’est d’un déni total de son existence. Nous insisterons sur le malaise que toute annonce trop peu hétéro-centrée installe dans une conversation.
Notre ligne directrice sera donc l’ambivalence sexuelle des personnages. Le spectateur sera amené à se demander si Iphis est profondément homme ou femme. Pour cela nous jouerons au maximum sur l’ambiguïté physique de la comédienne qui interprétera le rôle. De même pour le personnage d’Ergaste et sa relation avec Nise (son ami) qui ne semble pas sexuellement bien définie. Préfère-t-il les hommes ? Est-il attiré par Iphis en tant que femme ou bien est-ce l’habit qui le trompe ?
A première vue, cette pièce ne paraît pas toujours comique. Quelques personnes après lecture ont été étonnées d’apprendre qu’il s’agissait d’une comédie et non d’une tragédie. C’est pourquoi nous avons également voulu mettre en avant l’aspect comique. L’auteur n’a pas hésité à faire de l’humour gras et nous nous devons de le retranscrire pour les spectateurs de demain. Pour que cet humour soit comprit, peut-être faut-il appuyer un peu sur les sous-entendus.
Nous n’hésiterons pas non plus à montrer le ridicule des personnages. Il ne s’agit pas de le rendre parodique mais visible au spectateur. L’humour est un excellent moyen de véhiculer un message. Ainsi lorsque les personnages d’Ergaste, d’Iphis et de Merinte répéteront à plusieurs reprises leur désir de trouver la mort, le public devra être mis face à ses propres désirs de fuite. Et quand tous les personnages passent leur temps à vouloir se donner la mort pour échapper à la réalité c’est aussi le spectateur qui souhaite échapper à sa vie, par exemple en entrant au théâtre.
Lévy Blancard
L’association Les Échantillons a été créée le 28 septembre 2004 dans le but de faire de la recherche, de la création et de la représentation artistique sous différentes formes et particulièrement des représentations théâtrales.
Tiré du titre de la première pièce de Lévy Blancard, le nom de l’association correspond à leur désir artistique. C’est-à-dire celui de présenter beaucoup de choses très différentes. A l’origine de cette compagnie, un groupe de jeunes comédiens ayant monté ensemble un projet de fin d’année à Florent en 2004. Ce projet était une création de Lévy Blancard, alors élève à Florent. La pièce, Je ne me souviens plus, n’ayant pas été exploitée comme il se doit, un certain nombre des comédiens décident de se regrouper afin de la présenter à divers théâtres. La pièce nécessitant encore un certain temps en réécriture les membres de l’association, avides de jeu, se lancent à la recherche d’une autre pièce.
Ce qu’ils désirent avant tout présenter ce sont d’une part des créations, d’autre part des pièces oubliées. Pas de mille et unième Don Juan, ils cherchent à présenter sur scène quelque chose qui leur tient à coeur : leur façon d’aborder le théâtre, leur idéal !
Cet idéal est à la fois simple et complexe : mettre en avant le texte. Pour cela ils passent beaucoup de temps en étude de texte, en travail sur le sens. Puis se servent de leurs outils (corps et voix) pour mettre au mieux en valeur les pièces.
Après plusieurs réunions et pas mal de lectures leur choix s’arrête sur une pièce que Lévy Blancard étudie en cours et qui retient l’attention de tous : Iphis et Iante, d’Isaac de Benserade. Pour mener ce projet à bien, les comédiens font appel à d’autres qui ont les mêmes aspirations et le même amour pour la pièce Iphis et Iante. C’est ici que l’aventure commence… Au début de l’année 2005 commencent les répétitions.
Une pièce d'actualité, une mise en scène simple mais ô combien efficace, qui met en valeur le savoureux texte de Bensérade. Une troupe énergique et dynamique même si tous les comédiens ne sont pas du même niveau et que certains plombent même la pièce. Mention spéciale à Benoite Taffin, Perrine Dauger et Thomas Dewynter pour la drôlerie et/ou la subtilité de leur jeu.
La mise en scène est plutôt intéressante au contraire, car sobre, ce qui met en avant le texte, plein de drôlerie et de finesse. Côté interprétation, effectivement, le personnage de Mérinte jouée par Perrine Dauger sort du lot, sa folie douce dynamisant avec saveur ses partenaires parfois trop statiques. Mais la pièce en soi est vraiment très plaisante, un plaisir des yeux et des oreilles!
Pas d'accord sur la mise en scène. Je la trouve plutôt réussie, dans une sobriété qui sied bien aux vers. Lesquels sont savoureux de drôlerie et de subtilité. Côté personnage, sort du lot Mérinte (interprétée par Perrine Dauger) dont la douce folie dynamise parfois des partenaires un peu trop statiques...
Pas d'accord sur la mise en scène. Je la trouve plutôt réussie, dans une sobriété qui sied bien aux vers. Lesquels sont savoureux de drôlerie et de subtilité. Côté personnage, sort du lot Mérinte (interprétée par Perrine Dauger) dont la douce folie dynamise parfois des partenaires un peu trop statiques... Bravo à tous pour le spectacle. Le tout est un vrai plaisir des yeux et des oreilles!!
Une pièce d'actualité, une mise en scène simple mais ô combien efficace, qui met en valeur le savoureux texte de Bensérade. Une troupe énergique et dynamique même si tous les comédiens ne sont pas du même niveau et que certains plombent même la pièce. Mention spéciale à Benoite Taffin, Perrine Dauger et Thomas Dewynter pour la drôlerie et/ou la subtilité de leur jeu.
La mise en scène est plutôt intéressante au contraire, car sobre, ce qui met en avant le texte, plein de drôlerie et de finesse. Côté interprétation, effectivement, le personnage de Mérinte jouée par Perrine Dauger sort du lot, sa folie douce dynamisant avec saveur ses partenaires parfois trop statiques. Mais la pièce en soi est vraiment très plaisante, un plaisir des yeux et des oreilles!
Pas d'accord sur la mise en scène. Je la trouve plutôt réussie, dans une sobriété qui sied bien aux vers. Lesquels sont savoureux de drôlerie et de subtilité. Côté personnage, sort du lot Mérinte (interprétée par Perrine Dauger) dont la douce folie dynamise parfois des partenaires un peu trop statiques...
Pas d'accord sur la mise en scène. Je la trouve plutôt réussie, dans une sobriété qui sied bien aux vers. Lesquels sont savoureux de drôlerie et de subtilité. Côté personnage, sort du lot Mérinte (interprétée par Perrine Dauger) dont la douce folie dynamise parfois des partenaires un peu trop statiques... Bravo à tous pour le spectacle. Le tout est un vrai plaisir des yeux et des oreilles!!
Difficile de réaliser une mise en scène dans un lieu si exigu. Mais un texte superbe et d'actualité, en vers que n'auraient pas boudés les contemporains de Bensérade. Perrine Dauger est remarquable dans son rôle d'amoureuse éconduite. A voir absolument.
Un texte drôle et fin servi par des commédiens dynamiques et justes, le tout dans un petit théâtre très sympatique et accueillant! Rien ne manque et rien n'est en trop dans la mise en scène. Bravo aux comédiens qui jonglent à merveille avec les vers! Un très bon moment où les minutes passent comme des secondes! Allez-y!
26-28, rue de Meaux 75019 Paris