Ivanov se débat sous les ruines de ses idéaux. Aujourd’hui, nous dirions qu’il souffre de dépression ou de burn-out. Anna, sa femme, est mourante et ne le sait pas ; la jeune Sacha, sa voisine, rêve de lui offrir un nouveau bonheur. Tout le monde a quelque chose à lui demander : de l’amour, de l’argent, des actes. Mais Ivanov n’en peut plus...
Pour cette création, distinguée par le Prix Beaumarchais 2015 du meilleur spectacle de théâtre public, Luc Bondy a réuni une distribution d’exception autour de Marina Hands et de Micha Lescot, à qui son interprétation a valu le Prix du Meilleur Comédien décerné par le Syndicat de la critique.
« Dans nos œuvres », écrivait Tchekhov, « il manque l'alcool qui enivre et subjugue. Nous décrivons la vie comme elle est, et à part ça rien du tout ». Son écriture délivre en effet des ivresses ordinaires. Distillant une liqueur qui n'est pas de ce monde et n'appartient pourtant qu'à lui, elle nous libère en nous rendant plus sensibles au lieu de nous anesthésier : elle est un élixir qui concentre la vie « comme elle est ». Cette vie qui se passe de commentaires grandiloquents, errant en quête de son intensité, qu'a-t-elle donc de dramatique ? à la voir en scène, on croirait qu'elle se coule d'elle-même dans sa propre forme. Les événements y sont impondérables et minuscules, cailloux ridant l'étang de la banalité, soulevant quelques vagues promises à un rapide effacement.
Par quelle magie Tchekhov rend-il inoubliables ces destins sans relief qui se débattent dans leur propre inconsistance – quand du moins ils en ont le sentiment ? Tchekhov écrit Ivanov en 1887. Il a vingt-sept ans et exerce la médecine depuis 1884. Sa première pièce, Platonov, a été refusée par le Théâtre Maly cinq ans plus tôt. La deuxième, Sur la grand-route, adaptée d’une de ses nouvelles, a été interdite par la censure. Tchekhov a pourtant commencé à se faire un nom. Son premier recueil, Les contes de Melpomène, a été publié en 1885, et depuis 1886, il collabore régulièrement à un grand quotidien de Saint-Pétersbourg tout en fréquentant les milieux du théâtre. Après une nouvelle adaptation en un acte d’un de ses récits, il s’attaque à Ivanov.
À son frère Alexandre, il confie en ce temps-là l’un de ses trucs de composition : « je mène tout l’acte tranquillement et doucement, mais à la fin, pan dans la gueule du spectateur ! » Chacun des quatre actes d’Ivanov s’achève en effet sur une surprise ou sur un choc. Leur violence va croissant à mesure qu’avance le drame. C’est d’abord la brusque décision d’Anna Pétrovna d’aller retrouver, malgré sa maladie, son mari Ivanov à la soirée que donne Lébédev pour les vingt ans de sa fille Sacha. C’est ensuite son arrivée inopinée alors qu’Ivanov et Sacha sont enlacés. À la fin du troisième acte éclate une scène atroce entre les deux époux, au cours de laquelle Ivanov, harcelé, accablé, ne peut s’empêcher d’insulter son épouse puis de lui révéler que sa maladie va bientôt l’emporter. La pièce s’achève, un an après les obsèques de la malheureuse, par le suicide d’Ivanov devant Sacha, sa famille et les témoins rassemblés pour leurs noces...
Mais un chef-d’œuvre de Tchekhov ne se réduit pas plus à quelques coups de théâtre que ne se laisse résumer la poésie poignante du temps tchekhovien qui s’écoule « tranquillement et doucement », dans un désœuvrement et un ennui traversés de soudains éclats d’ironie ou de violence, dans la tristesse provinciale que hante le rêve d’une vie plus vraie.
Ce genre d'atmosphère qu'on dirait chargée d'électricité éthique, ce théâtre du frôlement, de la subtile demi-teinte sentimentale où la pudeur et l'ironie habitent les mêmes silences, conviennent particulièrement bien à Luc Bondy, qui se plaît à travailler, comme l'écrivait Schnitzler, « dans la pénombre des âmes ». Curieusement, en plus de quarante ans de carrière, il n'a pourtant entamé que deux fois le dialogue avec Tchekhov. D'abord avec Platonov à la Volksbühne en 1978, puis avec une très belle Mouette, créée à Vienne avant d'être présentée dans la Grande salle de l'Odéon un an plus tard, en février 2002. Le rendez-vous est donc trop rare pour être manqué. Ces personnages que Tchekhov disait n'avoir « pas truqués d'un centimètre, pas faussés d'un iota », sont faits pour s'accorder avec le sens « bondyen » du romanesque et de la frivolité déchirante.
Entièrement d'accord avec Anne-Marie, nous étions dans le même cas. Billets de Cat 1 (pas en promo) une mauvaise vision du plateau qui nous a gâché le plaisir que nous aurions dû avoir de la pièce. Peut être avez vous ce problème avec l'Odéon car jusqu'à présent nous n'avons pas eu à nous plaindre des billets pris par votre société.
très déçue de la place qui m'a été attribuée!! théatreonline m'avait,soi-disant,vendu une place cat 1 (prix normal;prix de "promotion" 33 euros!! en fait,on était placé àla corbeille coté cour!!! et les acteurs étant souvent "côté cour" on voyait très mal!! (sur le billet était écrit le prix :30 euros!!) c'est celà que vs appelez des prix promotionnels offerts aux abonnés?
Très bon jeu d'acteurs pour des personnages pleins d'humanité. La question du sens de la vie et de la difficulté à trouver la motivation de continuer lorsqu'on est désenchanté est traitée de manière bienveillante, ironique, sans prise de tête ni délire didactique. La durée de la pièce n'est pas un problème, tant le spectacle est tour à tour joyeux, grinçant, émouvant, avec quelques moments de grâce.
Excellent jeu d'acteurs
Pour 26 Notes
Entièrement d'accord avec Anne-Marie, nous étions dans le même cas. Billets de Cat 1 (pas en promo) une mauvaise vision du plateau qui nous a gâché le plaisir que nous aurions dû avoir de la pièce. Peut être avez vous ce problème avec l'Odéon car jusqu'à présent nous n'avons pas eu à nous plaindre des billets pris par votre société.
très déçue de la place qui m'a été attribuée!! théatreonline m'avait,soi-disant,vendu une place cat 1 (prix normal;prix de "promotion" 33 euros!! en fait,on était placé àla corbeille coté cour!!! et les acteurs étant souvent "côté cour" on voyait très mal!! (sur le billet était écrit le prix :30 euros!!) c'est celà que vs appelez des prix promotionnels offerts aux abonnés?
Très bon jeu d'acteurs pour des personnages pleins d'humanité. La question du sens de la vie et de la difficulté à trouver la motivation de continuer lorsqu'on est désenchanté est traitée de manière bienveillante, ironique, sans prise de tête ni délire didactique. La durée de la pièce n'est pas un problème, tant le spectacle est tour à tour joyeux, grinçant, émouvant, avec quelques moments de grâce.
Excellent jeu d'acteurs
spectacle de très grande qualité
Ah, l'âme slave ! Le héros doit mourir ! Belle mise en scène mais hélas, placée au balcon dans la courbe à droite la plupart des scènes m'échappent puisqu'elles sont jouées à l'extrême coin droit du plateau , il me faut m'appuyer au rebord pour deviner les acteurs mais alors je gêne mes voisins... Comment le metteur en scène peut-il ne pas prendre en compte la disposition de la scène et de la salle ?
Un des tout meilleurs spectacles que nous ayons vu en dix ans. Mise en scène superbe et inventive, troupe d'acteurs homogène dans l'excellent. Un vrai bonheur, même si mes appareils auditifs ont eu du mal à trouver le bon volume, entre le trop murmuré mal articulé et le trop crié. (Mais c'est, hélas très fréquent que les metteurs en scène n'aillent plus régler leur spectacle ailleurs que dans les 10 premiers rangs de face.
Excellent spectacle on tient ces 3h20 captivent! Cette ambiance des pièces de tchekov est très bien recréé ! Magnifique!
un après-midi fantastique ; j'ai découvert Tchékov et le théâtre de l'Odéon...Très satisfaite de ma place. A bientôt
Excellent spectacle. Mentions spéciales pour la mise en scène intelligente qui modernise, mais sans excès la pièce, et pour Marina Hands, absolument bouleversante. absolument bouleversante.
Très bons acteurs, déçue par les décors hideux et par la mise en scène terne.
La mise en scène est lente, parfois pesante. La première partie aurait gagné à des coupures ou à un rythme plus soutenu. La deuxième est un soulagement. Il semble que cette pièce soit moins dense que les pièces ultérieures de Tchekhov et les personnages manquent souvent de nuances et donc de richesse. Comme en plus tout se joue sur la partie droite de la scène, quand on voit de côté, c'est un peu tronqué. L'ensemble est décevant. Dommage.
Excellent spectacle.Très belle mise en scène.Grande modernité du texte de Tchekhov.Un "bémol": Micha Lescot (Ivanov) est certes triste,névrosé,coupable,..mais il faudrait que sa voix porte un tout petit peu plus:son souffle,sans doute épuisé, arrive avec difficulté jusqu'au 1er rang du balcon.Dommage. Mais à voir absolument!
Ce spectacle est une merveille !!! Le texte, dans une traduction si moderne et fluide, les acteurs (merveilleuse Marina Hands, incroyable d'émotion), la mise en scène intelligente et juste... La scénographie splendide et crépusculaire... Une soirée qui passe si vite, alors que la pièce est longue... Vraiment magnifique !!!
Le théatre russe est sans doute difficile, que dire de cette pièce? Ivanov s'ennuie mais à force de le répéter...tout le monde s'ennuie. Rien ne ressort de cette pièce, les acteurs semblent complètement empêtrés dans leurs textes qu'ils récitent péniblement. Ivanov n'est pas Hamlet, on a compris et on l'a laissé se suicider tout seul. On est parti à l'entracte.
Place de l'Odéon 75006 Paris