Présentation
Parmi les adversaires : la solitude
Gallotta a décidé, une fois pour toute, d'être là ou on ne l'attend pas
Pourquoi 99 duos ?
Projet pour 12 danseurs avec la participation de 17 intervenants.
Gallotta a décidé, une fois pour toutes, d'être là où on ne l'attend pas. Transfuge des Beaux-Arts, chef de tribu chorégraphique -le fameux Groupe Emile Dubois- et dynamiteur de mythes comme Don Juan ou Nosferatu, le Grenoblois ne cesse d'insuffler de nouvelles énergies à son talent. Pour la nouvelle création de sa compagnie, "99 Duos", cet artiste hors du temps a eu l'idée de revenir à ses premières amours en s'attachant à la figure du couple. Avec son compère, l'écrivain Claude-Henri Buffard, Gallotta espère " trouver un passage pour dire une autre forme et décliner ce chiffre magique, 2 ". Il imagine déjà ce rapport à l'autre induit dans le duo tout comme des traductions philosophiques du 1+1. Et s'en amuse : " J'ai envie de simplifier ce geste, loin des extrêmes " dit-il. Ainsi libérées des conventions chorégraphiques, les combinaisons du " mathématicien " Gallotta n'ont pas fini de s'exposer. De quoi vous réconcilier définitivement avec les chiffres.
Avec ce spectacle, nous avons imaginé que nous étions de taille, prêts à la lutte. Par précaution, nous nous sommes fictivement multipliés, pareils aux quelques milliards sur la planète. C’est que nous ne connaissons pas encore, de la solitude, la teneur exacte, le degré de gravité, les modes de transmission.
Aussi effectuerons-nous avec 99duos de nombreux tests visant à vérifier les pouvoirs du deux. La solitude s’y dissout-elle ? Si oui, à quelle vitesse ? Nous étudierons bien entendu sa résistance entre deux corps qui s’aiment. Moindre des choses. Sa fonte aussi, ses effets silex. Nous ajouterons, pour voir, une troisième solitude. Nous mesurerons l’amplitude du choc. Nous verrons également si quatre solitudes ne pourraient pas trouver à s’unir deux par deux, on ne sait jamais, si cinq et six ne permettraient pas de, si vingt et cent n’entraîneraient pas à.
99duos ne relèvera pas toutefois de la simple performance arithmétique. Jean-Claude Gallotta, tout en traçant entre les corps de nouvelles bissectrices, continue à compter sur l’inventivité du vivant et l’audace du singulier.
De cette façon, pour nous soustraire au moins un moment au venin de la solitude, le chorégraphe cherchera davantage à charmer le cobra qui est en elle qu’à le disséquer, à l’étourdir, nous avec, au son d’une de ses figures préférées : le duo.
Normalement, l’animal devrait y laisser quelques écailles.
Claude-Henri Buffard
Transfuge des Beaux-Arts, chef de tribu chorégraphique - le fameux Groupe Emile Dubois - et dynamiteur de mythe comme Don Juan ou Nosferatu, le grenoblois ne cesse d'insuffler de nouvelles énergies à son talent. Pour la nouvelle création de sa compagnie, 99duos, cet artiste hors du temps a eu l'idée de revenir à ses premières amours en s'attachant à la figure du couple. Avec son compère, l'écrivain Claude-Henri Buffard, Gallotta espère " trouver un passage pour dire une autre forme et décliner ce chiffre magique, 2 ". Il imagine déjà ce rapport à l'autre induit dans le duo tout comme des traductions philosophiques du 1+1. et s'en amuse : " j'ai envie de simplifier ce geste, loin des extrêmes " dit-il. ainsi libérées des conventions chorégraphiques, les combinaisons du " mathématicien " Gallotta n'ont pas fini de s'exposer. De quoi vous réconcilier définitivement avec les chiffres.
Philippe Noisette
Il y a eu d’abord cette envie - cette nécessité ? - de quitter un moment la belle fréquentation des personnages qui escortent généralement les chorégraphies de Jean-Claude Gallotta. Oublier un temps Daphnis, Ulysse, Don Juan, jusqu’à Don Quichotte et Marco Polo. Du moins les oublier comme figures tutélaires des chorégraphies pour peut-être les réintroduire autrement, comme souvenirs, comme réminiscences de ballets anciens.
L’envie donc, comme une cure, comme un retour aux sources pétillantes, de débarrasser l’argument même de toute image accompagnatrice. Déjà, Ulysse parcourait son chemin sans le visage d’Ulysse ; déjà Presque Don Quichotte traversait le Plateau sans la silhouette d’Alonso ni celle de Sancho ; déjà les Larmes de Marco Polo effectuaient leur voyage sur la joue du temps sans que l’explorateur génois soit incarné. Un pas de plus, une peau narrative de moins, et voici une nouvelle chorégraphie, sans pseudonyme, qui avoue son nom générique, qui, dès le titre, dévoile sa structure, et n’indique rien de la chair et des vêtements qui la recouvriront.
A revenir aux sources, il fallait bien entendu revenir à la forme première, à la composition chorégraphique par laquelle Jean-Claude Gallotta est devenu chorégraphe, (Pas de deux en 1980), celle qu’il a travaillée au cours des vingt dernières années et dont il pense aujourd’hui n’avoir pas épuisé toutes les combinaisons. Des duos, selon lui, il en resterait beaucoup à faire. Quelque chose comme mille. Exactement : une infinité. Voici donc mille duos, et même mille et un duos, comme les Nuits ; et même mille et trois, comme les Femmes ; et même cent sept, comme les ans ; et même trente-six comme les chandelles. Ce sera finalement quatre-vingt dix-neuf duos, pour aller jusqu’au bout des nombres duels.
Il ne s’agit pas d’un exercice de style, ni d’un exploit chorégraphique. Il s’agit de dire avec le rythme (la danse, la musique, les mots) les incalculables variations du deux, chiffre de toutes les ambivalences et des dédoublements, la première et la plus radicale des divisions, germe de l’évolution créatrice. Pour cela, Jean-Claude Gallotta a convoqué ses interprètes, un comédien, des musiciens, et des gens. Ces derniers - aperçu d’humanité, de tous âges, de toutes corpulences, de toutes différences - forment la première partie, accompagnant / accompagnés par le " gai bégaiement " d’un comédien et la musique du groupe Strigale. Les danseurs de la Compagnie, ensemble dans la deuxième partie, racontent tout ce qu’ils savent des agencements du deux. Les mêmes huit interprètes, mais couple après couple, inscriront quatre duos pour finir au fronton de cette (ribam)belle histoire, de cet écheveau qu’on n’achèvera pas.
Claude-Henri Buffard
Un seul mot : magnifique !
Un seul mot : magnifique !
1, Place du Trocadéro 75016 Paris