L’histoire
L’homme en gris, fantôme de son état , se prélasse dans la peau d’un écrivain. Malin et fanfaron, il manipule et brouille les pistes, avec humour et en musique. Il joue. Du Schumann, du Gershwin, du tango. Il danse sur les Beach Boys et fait valser l'écrivain. Auteur d’actes manqués et de petites catastrophes au quotidien, il règne en maître absolu. Sa seule imprudence : il écrit lui aussi. Un journal. L’homme en gris, c'est le journal d’une possession et d’une déposession.
Il s’habille de gris. Il vient de loin. Pour pisser dans les pots de fleurs. Il traverse les murs. Il tombe des nuages. Il disparaît sur le quai. Il se cache. Pour casser les vitres du salon. Il se montre. Pour entortiller les méninges. Faire tourner le lait et rater la mayonnaise. Pour être là. Dans le miroir. A la terrasse du café. Au bordel. Au fond de la Seine. A côté. Dans le fauteuil grenat. Dans le lit. Dans la nuit. Dans le brouillard. Dans le dos. Dans le rêve. Dans la vitrine. Sur le pan. Sous la peau. Dans la baignoire. Par tout. Chez lui. A pouvoir. Tout. Son nom : Shakespeare, D’Artagnan, Pierre, Paul, Fiodor, Saint, Jean, Lucifer. Chauffeur de taxi, lanceur de javelot, laboureur, moine, pirate, homme en gris. Il peut. Tout. Lui. Sa seule faille : il écrit. Un journal.
Pierre Astrié
Suivre le chemin tracé par les mots de l’auteur déterminer leur sens et leur direction leur rapport entre eux marcher dans leurs pas prendre leur rythme rebrousser chemin repartir recommencer autant de fois qu’il le faut jusqu’à ce que chaque phrase trouve sa voix chaque chose et chacun sa place et l’histoire sa vie.
Carole Anderson
« D’une plume vive, Pierre Astrié nous régale de ce portrait d’un schizophrène ». 20 minutes / Oihana Gabriel
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris