« J’ouvre le travail sur cette prochaine création à partir du Conte des contes, film sur lequel j’ai « trébuché » il y a une dizaine d’années. C’est un bijou d’animation qui me touche profondément. Il ne s’agit pas pour moi de reproduire l’esthétique de Youri Norstein, c’est un matériau source qui ouvre des portes pour bâtir un autre édifice. La vertigineuse richesse (forme et fond) du Conte des contes ne peut se dissocier de sa désarmante simplicité, celle d'un art aux confins duquel s'épousent l'artisanat – la patience, le savoir-faire qu'il suppose – et une vision aiguë, un propos. L'infinie précision face à la force du flou.
C’est la dimension poétique du film qui m’intéresse, une manifestation radicale et intransigeante d’une façon d’être au monde et de penser le monde. L’homme du XXIe siècle, homme distrait, est captif des représentations dont il est assailli, asservi à ce que la grande machinerie des mots et des images surabondants, projettent devant lui. Il n’a plus ni l’espace ni le temps de produire de lui-même l’imaginaire qui les constituerait. L’imaginaire est aujourd’hui un territoire occupé et soumis. Et peut-être que tout acte poétique est un acte de résistance contre cette oppression.
Cet acte, c’est une pièce non narrative pour cinq interprètes, de six scènes distinctes, chacune réalisée par un artiste visuel différent, professionnel ou en fin d’études, chacune portant son grain particulier, travaillé dans l’épaisseur de l’image. Un paysage diaphane, composé de figures archétypales, un minotaure, une petite fille et sa corde à sauter ; un coin terreux, d’où émergent le détail de muscles et d’os ; une salle de bain qui se retourne sur elle-même… Si la liaison entre ces six espaces récurrents n’est pas narrative, la pièce n’est pas non plus un patchwork ; le travail du dessin, de l’animation sert de liant pour composer un univers rugueux, dont la magie s’échappe par le détail et la liberté du corps à ses limites.
La captation par senseurs, la projection sur les corps ou les volumes complexes et mouvant des éléments de décor, le traitement des matières et la motorisation fine des éléments nécessite un artisanat technologique et une précision chorégraphique pour rendre cette magie aussi sensuelle qu’organique. »
Karine Ponties
1, Place Jean Vilar 94400 Vitry sur Seine
Voiture : Depuis Paris, prendre la RD5 à partir de la Porte de Choisy (sorties Bd Périphérique Porte d'Ivry ou d'Italie). Après la place de la Libération, tout droit jusqu'à l'Hôtel de Ville. Le théâtre est juste en face. En raison des travaux des futurs tramways et métro, il vous est conseillé de prévoir du temps supplémentaire pour venir jusqu'à nous.
Navettes gratuites : Aller-retour depuis Paris sur certains spectacles, réservation indispensable au plus tard 2 jours avant le spectacle (dans la limite des places disponibles) au 01 55 53 10 60