Présentation
Une pièce américaine
sur langoisse
Note de lauteur
La Scénographe
Emmanuelle Sacchet
" Nous sommes comme des icebergs qui se déplacent lentement à travers la vie et cest rare, si jamais cela arrive, que nous puissions montrer et révéler ce qui en dessous. " Steven Berkoff
Le Mari, la femme, la belle-mère, lami, le client : Cinq petits bourgeois ordinaires qui se jouent la comédie de la vie quotidienne. À quoi pensent-ils lorsquils discutent, lorsquils travaillent, lorsquils font lamour ? Steven Berkoff a choisi ici de nous faire entendre à côté de leurs dialogues, tout ce qui grouille derrière les mots, frustrations, haines, fantasmes. Sous leurs allures, nous découvrons alors leurs " Kvetch " : Ces arrière-pensées parasites qui assaillent nos esprits et font nos petits enfers quotidiens.
Nous voici projeté à lintérieur de leurs crânes, auditeurs de leurs angoisses et de leurs désirs inavouables, témoins de leur lutte ridicule pour faire bonne figure. Une pièce drôle et féroce dédiée à tous ceux qui ont peur par lenfant terrible de la scène Londonienne.
Une pièce américaine sur langoisse
Qui na jamais eu peur alors quil racontait une blague de ne pas se souvenir de la fin, de ne pas en réussir la chute ? Combien de fois lorsque nous parlons, un dialogue se fait entendre à larrière plan si net et si obnubilant quil captive entièrement notre attention.
Cette voix " derrière la tête " qui nous tourmente parfois, ce sont nos Kvetches : Les pensées parasites qui assaillent régulièrement nos esprits. Enfants négligés nés de quelques angoisses lointaines, ils nous tourmentent, cherchant à monopoliser notre attention. Ils se rappellent à nous, souvent au moment les plus inopportuns, réduisant alors notre présent à néant. Rien à faire, nous sommes condamnés à vivre avec eux.
En nous rendant audible cette voix souterraine, Berkoff nous entraîne vers une sorte de " dissection " des peurs et des angoisses dun échantillon dindividus.
Les cinq personnages de ce récit ont des existences ternes et frustrantes. Leurs vies sont bornées de conventions morales et sociales. Leurs rapports directs sont sclérosés.
Héritiers du Bovarysme, ce sont dans leurs pensées quils saniment et quils rêvent, entretenant un flot continu de violence et damertume. Car ces gens-là ont peur, peur de vivre tout simplement. En les confrontant à leurs angoisses, les Kvetches jouent les troubles fêtes dans leurs mascarades, Les mettant à lépreuve dagir, ils forcent avec violence les portes de leurs vies étriquées et les ramènent sans cesse face à leur impuissance.
Leur équilibre ébranlé, voici nos cinq victimes acculées à la limite de la schizophrénie.
Le spectateur est le témoin de cette lutte incessante. Cest delle que naît lhumour décapant de la pièce. Nous voyons ces cinq spécimens déployer leur énergie à un combat sans fin ; devenant des clowns pathétiques et grotesques dans leurs efforts dérisoires pour éteindre un feu persistant. Le rire se fait parfois même sadique, lorsque nous les surprenons, victimes de ces assauts intimes, tentant de faire " bonne figure ". Ce sont pourtant ces conflits qui nous éclairent les personnages et semblent les conduire.
À travers des situations quotidiennes, avec un sens aigu du rythme, Berkoff nous rend perceptible ce combat jusquaux limites de linconscient et fait de nous les dépositaires de leurs peurs et de leurs souffrances. Nous voici alors spectateurs de leurs impostures, renvoyés à la question de nos contraintes et de nos libertés.
Nous vivons tous sous la menace de la bombe du cancer des agents cancérigènes - de la maladie - du chômage de limpuissance - de la peur de la peur - des Noirs des Blancs de la police - des redevances - des impôts - des PV - davoir des trous de mémoire - de perdre de largent - faire trop dargent - perdre ses cheveux - devenir gros - devenir laid- être stupide tomber à plat- être timide être bête- se préoccuper des baffles quil faut acheter - comment réparer une voiture - un vélo - apprendre à jouer du piano - la peur déchouer - ne pas faire bonne impression - la peur de la force des autres - la peur de la faiblesse - la peur dêtre dévoilé- ne pas arriver à lheure au boulot - ne pas avoir de retraite- de sécurité - la vieillesse mourir - la guerre - être blessé dans un accident de la route - la peur dêtre aveugle - dêtre sourd - ne pas comprendre la plaisanterie - la peur des gens coriaces - la peur de prendre des risques la peur de nager - de sauter - de plonger dun plongeoir - la peur de la maladie -la peur de déménager - la peur de vendre - la peur dacheter - la peur obsessionnelle des araignées - des armoires sombres - des couteaux - des voleur à la tire - la peur des gens - des fêtes - de la foule - des gens intelligents - la peur daffirmer ses opinions - la peur des femmes - la peur des hommes - la peur de la police - la peur de langoisse - cette pièce est donc dédiée à tous ceux qui ont peur.
Steven Berkoff
La Scénographe Emmanuelle Sacchet
Formation
- Diplômée de lEcole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, section
scénographie dirigée par Guy-Claude François
- CEAP dArts Plastiques de lEcole Nationale des Beaux Arts de Dijon.
Théâtre et Cinéma
Janvier-avril 2000 : Scénographie et costumes de On ne parle jamais
de Dieu à la maison dAriane Gardel. M.e.s de G. Gilliet et D. Raynal.
Lectures publiques au théâtre de lOdéon et représentations à la ménagerie de
verre, au CDN dOrléans et à LHaÿ les roses davril à mai 2000.
Avril 97 - Avril 99 : Scénographie et accessoires des spectacles mis en
scène par Jean Boillot sur ladaptation du Décaméron: La passion
dAlatiel, La vallée aux dames, Nocturnes , Epopée de femmes et
Tedaldo, création à la Scène Nationale de Poitiers et au festival de
Saint-Jean dAngély. Reprise de lintégrale des cinq spectacles au Théâtre
de la Cité Internationale en mars 99
Octobre-novembre 98 : Scénographie et costumes de Prophètes sans
Dieu texte et m.e.s de Slimane Bénaïssa
Octobre-novembre 97 : Scénographie et costumes du spectacle La paix
du dimanche de John Osborne, m.e.s Adrien De van, théâtre du Rond-point à
Saint-Maur.
Octobre 96 : Chef décoratrice du court métrage Rétention
de Marina De van. Production Lazénnec tout court.
Février-mars 96 : Scénographe et accessoiriste du spectacle Le
journal dun fou de Gogol, m.e.s de Roger Coggio et François Perrot au
Théâtre Marigny.
Janvier 96 : Scénographie du spectacle Lestivante au
Théâtre dOrsay. Texte et m.e.s de J.F Chevallier.
Novembre 95 : Chef-décoratrice du court métrage Bien sous tous
rapports de Marina De van. (Fémis)
Octobre 95 : Assistante décoratrice du court métrage Un matin
blanc de Valérie Müller. (Production Canal+ et Lazénnec).
Eté 95 : Scénographie du spectacle Autour de Mortin
daprès une pièce radiophonique de Robert Pinget, m.e.s de Jean Boillot au
théâtre du Conservatoire National Supérieur dArt Dramatique.
Janvier-avril 95 : Assistante scénographe dAntoine Platteau pour Anatole
dArthur Schnitzler, m.e.s Louis-Do de Lencquesaing au Théâtre de la Bastille.
Janvier 93 : Création des spectacles Point de vue et Entre-deux
pour dix spectateurs assis. Texte, m.e.s et décors à lENSAD.
3, rue Clavel 75019 Paris