A propos de variations pour un
homme seul
Lettre à Michel Baudinat
par Valère Novarina
Valère Novarina, le voyageur du
verbe
Michel
Baudinat, un fil dAriane tendu à travers loeuvre de Novarina
"LActeur fuyant autrui" est composé de monologues et fragments, extraits de "Le Babil des classes dangereuses", "Le Drame de la vie", "Vous qui habitez le temps", "Je suis", "Le Repas", "LEspace furieux", "La Chair de lhomme". Michel Baudinat navigue dans la langue de Novarina, dans ses mots, à la recherche de lessentiel, puisque " ce dont on ne peut parler, cest cela quil faut dire ".
A propos de variations pour un homme seul
Relier entre eux des passages de plusieurs pièces de Valère Novarina, sy incarner, y vivre un grand voyage dans des souvenirs anciens ou proches, offrir la jouissance dun langage à la fois violent, souffrant, comique et doux. Un homme marche comme un errant. Revisite cette uvre transversale qui lhabite avec ses multiples résonances. Un homme seul, marche, sassied, esquisse lombre dun pas de danse, se coule sur le sol. Un personnage bouleversé, tout en questions et frémissements, éperdu.
Tout bouscule, interroge, trouble. Cest un manège qui tourne, rapide, tout à coup sarrête, prend un autre souffle dans livresse et la dignité de la chair des mots. Lhomme qui nous parle est porté par une joie brute dêtre au carrefour de nombreux chemins qui resteront probablement inexplorés, mais quil peut entrevoir, découvrant dune pensée à lautre un certain sens à lexistence.
Fabienne del REZ
Lettre à Michel Baudinat par Valère Novarina
De lHomme dHécatombe au Veilleur, de la charrette que tu poussais dans lAmbulancier Santon du Babil, au chariot portant de paroles que tu offres devant toi dans La Chair de lhomme, quelque chose
sest organiquement souterrainement tissé entre toi et tes rôles... et ton projet aujourdhui de les réunir tous, des les faire dialoguer, se creuser lun lautre, damener les monologues à se répondre, me semble être, pour le public, pour toi, pour moi, loccasion juste dentendre plus profond et douvrir dans ces textes comme une voie transversale : une perspective au travers de ton corps singulier. Un voyage aura lieu comme une suite à ciel ouvert, une fugue qui fera résonner les pièces les unes aux autres, comme si se jouaient devant nous les Variations Baudinat.
Tu as été, tu es toujours pour moi, comme une sorte de diapason : la note musicale et de vérité que tu donnes avec sûreté, cette note à la fois juste, brute et précise, populaire, comique, souffrante et transfigurée, cette note à la fois violente et douce ma été, mest toujours, indispensable pour écrire, cest-à-dire pour entendre... Tu es de ces acteurs-poètes que je recherche : " acteur ", " poète ", je les relie au même mot grec : poein, " faire ". Lorgane de la parole, cest la main. Le théâtre, cest le lieu de la parole créant et ouvrant devant soi. Jai toujours voulu voir sur scène, ici et en vrai, incarnée, la poésie agie. Lacteur est un poète visible qui savance, cest par lui que le langage agissant paraît devant nous : la scène au présent dapparition. Ici nous venons partager le maintenant présent, toucher le langage, assister à la passion de lacteur agissant la parole devant nous.
Valère NOVARINA
le 21 mars 1997
Valère Novarina, le voyageur du verbe
" Au commencement était le Verbe ". Telle pourrait être la devise de Valère Novarina. Car le verbe est bien le substrat même de toute son uvre littéraire. Depuis près de trente ans, cet Ulysse du langage ne cesse de naviguer dans les méandres de la parole, darpenter lécriture, de dépoussiérer la langue, en un mot, de la faire vivre. Novarina le dit lui-même, il écrit " vers le Théâtre ". Ce nest donc pas un hasard si tous ses textes ou presque, même ceux qui, comme Lettres aux acteurs ou Pour Louis de Funès, ne sont pas directement théâtraux, ont été joués sans discontinuité depuis plus de vingt ans. Depuis LAtelier volant monté par Jean-Pierre Sarrazac en 1974 jusquà LOpérette imaginaire, dont la mise en scène de Claude Buchvald fut unanimement saluée au dernier festival dAvignon, les pièces de Valère Novarina ont su trouver un véritable écho chez le public comme chez la critique. Écrivain, auteur dramatique, romancier, essayiste, et parfois metteur en scène (il a monté quatre de ses textes pour le Festival dAutomne à Paris et le Festival dAvignon), Novarina nen oublie pas moins sa seconde passion : la peinture. Et loriginalité de ses tableaux na rien à envier à celle de son écriture.
En lespace de quelques années, Valère Novarina est devenu lun des auteurs incontournables du 20ème siècle. Peut-être parce que ces textes-phares jettent sur le territoire dramatique comme une lumière insolite et
indispensable, comme un signal dalarme face à lextrême banalisation de la parole et aux " babils " médiatiques.
Parmi ses uvres : Le Babil des classes dangereuses (1978), Lettres aux acteurs (1979), Le Drame de la vie (1984), Pour Louis de Funès (1986), Le Discours aux animaux (1987), Vous qui habitez le temps (1989), Je suis (1991), La Chair de lhomme (1995), Le Repas (1996), LAvant-dernier des hommes (1997), LOpérette imaginaire (1998), Devant la parole (1999).
Michel Baudinat, un fil dAriane tendu à travers loeuvre de Novarina
Sil travaille régulièrement avec Jean-Marie Patte, Bernard Sobel, Didier Bezace, Jacques Nichet ou encore Stuart Seide, Michel Baudinat entretient, depuis plus de quinze ans, une relation de prédilection avec Valère Novarina. Fidèle parmi les fidèles, il a donné chair à six personnages de son théâtre : LInfirmier Santon dans " Le Babil des classes dangereuses " mis en scène par Jean Gillibert, Le Mortel dans " LOpérette
imaginaire " de Claude Buchvald (Festival dAvignon 1999) et les quatre autres dans des mises en scène de lauteur : LHomme dHécatombe dans le " Drame de la vie " (Festival dAvignon 1986), Le Veilleur dans
" Vous qui habitez le temps " (Festival dAutomne 1989), Le Soldat Baudinat dans " Je suis " (Festival dAutomne 1991), LActeur tombe dans " La Chair de lhomme " (Festival dAvignon 1995). Plus quaucun autre comédien, il semble pouvoir témoigner de la pluralité - et donc de la richesse - du théâtre de Valère Novarina.
3, rue Sadi-Carnot 92320 Châtillon
Voiture : De la Porte de Châtillon : direction Versailles. Dans Châtillon : direction Centre Ville puis Mairie.