L'acteur fuyant autrui

Châtillon (92)
du 3 au 18 mars 2000

L'acteur fuyant autrui

CLASSIQUE Terminé

"L’Acteur fuyant autrui" est composé de monologues et fragments, extraits de "Le Babil des classes dangereuses", "Le Drame de la vie", "Vous qui habitez le temps", "Je suis", "Le Repas", "L’Espace furieux", "La Chair de l’homme

A propos de variations pour un homme seul
Lettre à Michel Baudinat par Valère Novarina
Valère Novarina, le voyageur du verbe
Michel Baudinat, un fil d’Ariane tendu à travers l’oeuvre de Novarina

"L’Acteur fuyant autrui" est composé de monologues et fragments, extraits de "Le Babil des classes dangereuses", "Le Drame de la vie", "Vous qui habitez le temps", "Je suis", "Le Repas", "L’Espace furieux", "La Chair de l’homme". Michel Baudinat navigue dans la langue de Novarina, dans ses mots, à la recherche de l’essentiel, puisque " ce dont on ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire ".

A propos de variations pour un homme seul

Relier entre eux des passages de plusieurs pièces de Valère Novarina, s’y incarner, y vivre un grand voyage dans des souvenirs anciens ou proches, offrir la jouissance d’un langage à la fois violent, souffrant, comique et doux. Un homme marche comme un errant. Revisite cette œuvre transversale qui l’habite avec ses multiples résonances. Un homme seul, marche, s’assied, esquisse l’ombre d’un pas de danse, se coule sur le sol. Un personnage bouleversé, tout en questions et frémissements, éperdu.

Tout bouscule, interroge, trouble. C’est un manège qui tourne, rapide, tout à coup s’arrête, prend un autre souffle dans l’ivresse et la dignité de la chair des mots. L’homme qui nous parle est porté par une joie brute d’être au carrefour de nombreux chemins qui resteront probablement inexplorés, mais qu’il peut entrevoir, découvrant d’une pensée à l’autre un certain sens à l’existence.

Fabienne del REZ

Lettre à Michel Baudinat par Valère Novarina

De l’Homme d’Hécatombe au Veilleur, de la charrette que tu poussais dans l’Ambulancier Santon du Babil, au chariot portant de paroles que tu offres devant toi dans La Chair de l’homme, quelque chose

s’est organiquement souterrainement tissé entre toi et tes rôles... et ton projet aujourd’hui de les réunir tous, des les faire dialoguer, se creuser l’un l’autre, d’amener les monologues à se répondre, me semble être, pour le public, pour toi, pour moi, l’occasion juste d’entendre plus profond et d’ouvrir dans ces textes comme une voie transversale : une perspective au travers de ton corps singulier. Un voyage aura lieu comme une suite à ciel ouvert, une fugue qui fera résonner les pièces les unes aux autres, comme si se jouaient devant nous les Variations Baudinat.

Tu as été, tu es toujours pour moi, comme une sorte de diapason : la note musicale et de vérité que tu donnes avec sûreté, cette note à la fois juste, brute et précise, populaire, comique, souffrante et transfigurée, cette note à la fois violente et douce m’a été, m’est toujours, indispensable pour écrire, c’est-à-dire pour entendre... Tu es de ces acteurs-poètes que je recherche : " acteur ", " poète ", je les relie au même mot grec : poein, " faire ". L’organe de la parole, c’est la main. Le théâtre, c’est le lieu de la parole créant et ouvrant devant soi. J’ai toujours voulu voir sur scène, ici et en vrai, incarnée, la poésie agie. L’acteur est un poète visible qui s’avance, c’est par lui que le langage agissant paraît devant nous : la scène au présent d’apparition. Ici nous venons partager le maintenant présent, toucher le langage, assister à la passion de l’acteur agissant la parole devant nous.

Valère NOVARINA
le 21 mars 1997

Valère Novarina, le voyageur du verbe

" Au commencement était le Verbe… ". Telle pourrait être la devise de Valère Novarina. Car le verbe est bien le substrat même de toute son œuvre littéraire. Depuis près de trente ans, cet Ulysse du langage ne cesse de naviguer dans les méandres de la parole, d’arpenter l’écriture, de dépoussiérer la langue, en un mot, de la faire vivre. Novarina le dit lui-même, il écrit " vers le Théâtre ". Ce n’est donc pas un hasard si tous ses textes ou presque, même ceux qui, comme Lettres aux acteurs ou Pour Louis de Funès, ne sont pas directement théâtraux, ont été joués sans discontinuité depuis plus de vingt ans. Depuis L’Atelier volant monté par Jean-Pierre Sarrazac en 1974 jusqu’à L’Opérette imaginaire, dont la mise en scène de Claude Buchvald fut unanimement saluée au dernier festival d’Avignon, les pièces de Valère Novarina ont su trouver un véritable écho chez le public comme chez la critique. Écrivain, auteur dramatique, romancier, essayiste, et parfois metteur en scène (il a monté quatre de ses textes pour le Festival d’Automne à Paris et le Festival d’Avignon), Novarina n’en oublie pas moins sa seconde passion : la peinture. Et l’originalité de ses tableaux n’a rien à envier à celle de son écriture.

En l’espace de quelques années, Valère Novarina est devenu l’un des auteurs incontournables du 20ème siècle. Peut-être parce que ces textes-phares jettent sur le territoire dramatique comme une lumière insolite et

indispensable, comme un signal d’alarme face à l’extrême banalisation de la parole et aux " babils " médiatiques.

Parmi ses œuvres : Le Babil des classes dangereuses (1978), Lettres aux acteurs (1979), Le Drame de la vie (1984), Pour Louis de Funès (1986), Le Discours aux animaux (1987), Vous qui habitez le temps (1989), Je suis (1991), La Chair de l’homme (1995), Le Repas (1996), L’Avant-dernier des hommes (1997), L’Opérette imaginaire (1998), Devant la parole (1999).

Michel Baudinat, un fil d’Ariane tendu à travers l’oeuvre de Novarina

S’il travaille régulièrement avec Jean-Marie Patte, Bernard Sobel, Didier Bezace, Jacques Nichet ou encore Stuart Seide, Michel Baudinat entretient, depuis plus de quinze ans, une relation de prédilection avec Valère Novarina. Fidèle parmi les fidèles, il a donné chair à six personnages de son théâtre : L’Infirmier Santon dans " Le Babil des classes dangereuses " mis en scène par Jean Gillibert, Le Mortel dans " L’Opérette

imaginaire " de Claude Buchvald (Festival d’Avignon 1999) et les quatre autres dans des mises en scène de l’auteur : L’Homme d’Hécatombe dans le " Drame de la vie " (Festival d’Avignon 1986), Le Veilleur dans

" Vous qui habitez le temps " (Festival d’Automne 1989), Le Soldat Baudinat dans " Je suis " (Festival d’Automne 1991), L’Acteur tombe dans " La Chair de l’homme " (Festival d’Avignon 1995). Plus qu’aucun autre comédien, il semble pouvoir témoigner de la pluralité - et donc de la richesse - du théâtre de Valère Novarina.

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Spectacle terminé depuis le samedi 18 mars 2000

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