Arnolphe, vieux célibataire endurci, plein de méfiance à l‘égard des femmes, a élevé une jeune fille de condition très modeste, Agnès, et l’a laissée dans l’ignorance la plus complète du monde, de la vie, pour s’en faire une épouse sûre…
Mais à l’heure de « l’examen final », c’est avec des propos d’une toute autre assurance que la douce Agnès démontrera, vis à vis de celui qui voulut tenir pour elle les rôles de tuteur, de père, d’amant et de mari, sa conquête d’égalité et sa liberté de parole.
Le sujet, s’il est sérieux, se donne à voir au miroir déformant - et par là drôle - des deux valets. La fiction, par son « happy end », renforce le côté tragique de la situation en même temps que la détresse morale d’Arnolphe et pourtant l’échec de cet homme affecte peu notre plaisir de comédie.
La mise en scène découle d’une scénographie qui a pour vocation de révéler le lieu géométrique des différentes confrontations. Arnolphe, seul contre tous, trouve sa force dans des points de vue archaïques et de là, se pose en régent d’une société qu’il veut figer et dominer pour son profit personnel.
Mais il est un sentiment qui échappe à toute instrumentalisation et c’est l’Amour qui, une fois de plus, par Agnès, ouvre les fenêtres d’un monde qu’Arnolphe voudrait clos sur l’ignorance et la suggestion.
Jean-Claude Nieto
"On n’aurait pas à chercher loin pour trouver des Arnolphe très proches de celui qu’incarne (avec beaucoup de finesse) l’excellent Albert Lerda, voire des Agnès en instance de libération, comme celle à qui Magali Lerbey confère bien du charme." La Marseillaise, Jean Boissieu
"Contre vents et marées, Jean-Claude Nieto, digne et droit dans sa marge institutionnelle, continue de nous offrir des spectacles intègres et beaux, qui font réfléchir et rêver… Magali Lerbey campe une Agnès forte, qui a l’intelligence de la bêtise qu’on tente de lui inculquer, sans mièvrerie et, face à la force renversante de cet amour, Albert Lerda est un pathétique Arnolphe, cherchant désespérément le secours de ses valets (remarquables Nacer Arezki et Nader Soufi), déchirant quand il concède à demi-mot à la jeune femme même la liberté de le tromper, contre un peu d’amour qu’il mendie à genoux." La revue marseillaise du théâtre, Benito Pelegrin
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