Du marivaudage en coulisses à la cruauté de Marivaux... L’Épreuve était la pièce « prétexte » à la création collective Le jour de l’Italienne, joué au Théâtre 13 en mai 2009. Prétexte et support de jeu pour dire l’envers du décor, les affres des répétitions.
C’est une histoire de troupe.
Six Comédiens, deux techniciens et un metteur en scène sont réunis pour monter une pièce de Marivaux.
Ils répètent L’Epreuve, une pièce en un acte, cruelle et drôle.En prologue, comme un secret dévoilé, on assiste aux répétitions. Ce qui d’habitude se passe en coulisses, nous le racontons par petites touches, au ralenti ou en accéléré comme au cinéma…
C’est unspectacle sur le temps qui passe, un voyage fait d’ellipses temporelles et de fondus enchaînés. Puis les comédiens se lancent, et jouent L’Epreuve, la pièce montée, quand tout est oublié des affres du labeur. Et les mots du théâtre cèdent la place aux mots de Marivaux.
Que reste-t-il du ludisme ou des blessures des répétitions lorsque l’on plonge dans la représentation ? La fragilité des comédiens sert-elle la sincérité des personnages ? On découvre les répercussions de cette longue période partagée, les doutes et les affirmations qui se construisent, les stress et les amitiés qui se nouent, les fous rires et les tensions qui se mêlent.
Une pièce de théâtre se ressent toujours de l’ambiance de l’équipe lors du travail… Le défi de ce spectacle, c’est la juxtaposition de l’humour et la légèreté qui caractérisait le Jour de l’italienne et de la cruauté et du classicisme de l’Epreuve de Marivaux ; la comédie et le drame mélangés s’éclairent mutuellement… et le rire des répétitions de la troupe accentue la surprise de la violence de Marivaux.
Cette nouvelle invitation du Théâtre 13 à la Compagnie Eulalie, permet de découvrir L’Épreuve dans sa totalité, sa complexité, sa cruauté, tout en conservant -comme un clin d’œil- une réactualisation du Jour de l’Italienne.
Que reste-t-il du ludisme ou des blessures des répétitions lorsque l’on plonge dans la représentation ? La fragilité des comédiens sert-elle la sincérité des personnages ? Parce qu’une pièce de théâtre se ressent toujours de l’ambiance de la troupe lors du travail, nous avons revisité notre Jour de l’italienne pour l’étoffer de la pièce de Marivaux dans son intégralité.
Nous assisterons donc à une dernière répétition avant l’arrivée du public ; tout est là, mais tout pourrait encore changer… Les personnages sont toujours en construction et les acteurs se lancent au profit de l’histoire qui se raconte. Travestissement, galanterie et attrait pour l’argent se mélangent ; valets, paysans, aristocrates et bourgeois se frottent les uns aux autres, sans jamais bien savoir qui est la dupe de qui...
Ce qui me touche dans L’Epreuve, c’est la question que pose tout le théâtre de Marivaux, cette éternelle question du comment se construire un bonheur ? Chaque personnage, à sa manière, travaille pour tenter de combler son désir de vivre mieux, c’est une question éminemment actuelle.
La quête de soi est un vertige, mais le plus beau car le plus abyssal, sans doute. Un parallèle s’établit alors, entre le travail de l’acteur et la difficulté d’être des personnages. Les rires des répétitions résonnent en nous comme l’écho déformé de la violence de la pièce…
Sophie Lecarpentier
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