L'homme dans le plafond

du 31 mai au 12 juin 2011
1h30

L'homme dans le plafond

Entre fait réel et mauvais cauchemar on suit l’histoire d’un juif recueilli pendant la seconde guerre mondiale par un couple d’Allemands et hébergé clandestinement dans leur grenier contre loyer et services. Mais rien ne dure, même en temps de guerre... Entre histoire (petite et grande) et onirisme, entre tragédie et cocasserie.
  • Regarder l'humanité dans ce qu'elle a de tragique et d'incroyablement magnifique

Après Le Bal de Kafka, l’auteur Australien Timothy Daly a proposé à Isabelle Starkier de monter sa nouvelle pièce, déjà récompensé en Australie. Leur fructueuse collaboration continue avec l’adaptation théâtrale de cette histoire vraie, qui amène le spectacteur à regarder l’humanité dans ce qu’elle a de plus tragique mais aussi d’incroyablement magnifique. Entre fait réel et mauvais cauchemar on suit l’histoire d’un juif recueilli pendant la seconde guerre mondiale par un couple d’Allemands et hébergé clandestinement dans leur grenier contre loyer et services. Mais rien ne dure, même en temps de guerre...

Pour le couple, le seul moyen d’échapper à la famine qui régnait alors en Allemagne, c’était que le locataire juif continue à payer son loyer… Timothy Daly nous emmène toujours vers le tragi-comique des plus terribles situations, celui qui rend les humains si ridicules et pathétiques, odieux et attachants… Le rire est donc aussi au rendez-vous, et le rêve, et le désir, derrière l’émotion, de regarder l’humanité dans ce qu’elle a de plus tragique mais aussi d’incroyablement magnifique, parfois.

  • Note d'intention

Tout part d’un fait-divers. Quelques mois avant la fin de la 2e guerre mondiale, un juif est recueilli contre loyer et menus services et hébergé clandestinement par un couple d’allemands dans leur grenier. Lorsque la guerre prend fin, ils vont le maintenir durant plusieurs mois enfermé, dans une totale ignorance de la libération. Leur but n’est pas uniquement vénal. Se noue un savant et complexe jeu relationnel – qui tient tant du sadisme que de l’attachement…

Le choix de renommer ce texte L’homme dans le plafond alors que le titre en anglais est The man in the Attic (L’homme dans le grenier) vient de notre volonté de montrer comment une petite histoire peut raconter la grande Histoire du monde en en révélant les enjeux inconscients, en en dénouant les fils humains. Le juif dans le grenier est bien comme une araignée dans le plafond, une araignée qui continuerait à courir dans la mémoire des peuples, une araignée qui dérange, agace, picote nos consciences mais dont on ne peut pas se passer….

Cette pièce joue sur le décalage subtil entre histoire vraie et mauvais rêve – avec un homme enfermé entre ciel et terre, un narrateur méphistophélique qui commente les scènes et suscite les confessions, et des relations « à vif » entre tous les personnages qui oscillent entre dialogue et narration. La bestialité ressurgit sous la violence policée de figures quasi mythologiques. L’écriture tisse un écran onirique derrière toute cette Histoire, introduisant un effet de distanciation du réel au profit du poétique et de la métaphore. La vérité dépasse la réalité : en creux derrière des personnages emblématiques, le Mari, la Femme, la Voisine dont les costumes vont peu à peu se transformer et révéler l’animalité qui les habite…

Et pourtant le rire est au rendez-vous, le rire qui soulage et qui blesse. Le rêve et le désir aussi, derrière l’émotion, de regarder l’humanité dans ce qu’elle a de plus tragique mais aussi d’incroyablement pathétique. Le narrateur, en psychanalyste fou, que nous avons choisi accordéoniste de surcroît, ponctue le tragique par des remarques ou des chansons qui décalent et dérident.

La musique résonne souvent comme le contrepoint du « documentaire » : les notes enlevées de « La truite » qui nous renvoient à la « grande » culture raffinée que le nazisme vient remettre en question, retentissent joyeusement sous les accords tragiques de la narration que l’homme fait du massacre de sa ville.

Derrière une scène nue sur laquelle se dresse une petite construction ouverte, en équilibre instable, un grand tulle joue de sa transparence et de son opacité, sur laquelle s’allument des images d’archives retravaillées, déformées, au ralenti, transposées (le cimetière juif de Prague à l’envers forme la constellation d’étoiles dans lequel le juif se projette). Dans un coin, un fauteuil rouge et un pupitre soulignent le hors-jeu du narrateur…

Imaginer ce juif terré dans le grenier - paradoxe scénographique -, au-dessus d’un couple infernal, confiné dans le no man’s land de l’Allemagne où rode la voisine, avec un lieu hors-jeu (celui du Narrateur)... Tout ceci a déclenché l’envie de travailler sur une image géométrique (un double-plan incliné) qui permet la simultanéité des points de vue et délimite « l’intérieur » qui est cerné par « l’extérieur ». Autour, le plateau nu où se meut la voisine, ombre permanente…

Comme une fenêtre ouverte sur le dehors, le fond de scène se couvrira par intermittence d’extraits de films et de dessins diffusés par projection. En préservant l’idée de huis clos, ce système permettra au spectateur de l’en détacher en le rendant omniscient sur la réalité
extérieure tout en renforçant l’isolement du juif.

  • Note de l'auteur

« L’homme dans le plafond est une brève référence à un incident survenu pendant la Seconde guerre mondiale que j’ai découverte à la Staatsbibliothek de Munich qui est à l’origine de L’homme dans le grenier.

Au cours des derniers mois de la guerre, un Juif a été recueilli (en tant que locataire payant un loyer élevé) par un couple d’Allemands d’une petite ville du nord de l’Allemagne. Pour les deux parties, le « marché » était raisonnable : les Juifs étaient pourchassés, et pour le Juif, un abri, c’était la différence entre la vie et la mort. Pour le couple d’Allemands, cacher cet homme représentait un grand danger, même (ou particulièrement) dans une petite ville. Mais ils l’ont fait, pour l’argent.

Le véritable coup de théâtre s’est produit à la fin de la guerre, lors de la capitulation allemande en mai 1945. Pour le couple, le seul moyen d’échapper à la famine qui régnait alors en Allemagne, c’était que le Juif continue à payer son loyer. Et, croyez-le ou non, vous savez ce qu’ils ont fait ? Ils ne lui ont pas dit que la guerre était finie !

Il y avait donc cet homme, ce Juif, caché dans un grenier, sincèrement reconnaissant au couple de lui avoir permis d’échapper aux nazis, et durant plus de 4 mois de paix, il est resté dans le noir (littéralement et métaphoriquement).

La pièce est le récit de cet étonnant épisode. J’ai appris depuis qu’il y avait eu une deuxième affaire de ce genre (en Pologne) où un malheureux Juif avait été enfermé dans une cave… pendant dix ans ! Le couple avait été condamné à la prison, et j’ai légèrement modifié ma pièce pour qu’elle raconte l’histoire de tous les gens blessés et dégradés par cette terrible guerre.

J’ai entière confiance dans le sens du théâtre du traducteur français de mon œuvre – Michel Lederer – et dans le metteur en scène, Isabelle Starkier. Ensemble, ces deux artistes ont déjà réalisé une remarquable œuvre de théâtre d’une de mes autres pièces, Kafka Dances. Sa production à Paris en 2007 et en 2008 a été superbe.

J’ai vu de nombreuses fois cette production française (traduite et montée sous le titre du Bal de Kafka), et je pense que ce Bal de Kafka est théâtralement la plus forte et la plus brillante production de la pièce que j’ai vue (et j’en ai vu de nombreuses car la pièce a été donnée partout dans le monde). C’est pourquoi je ne doute pas que la production française de L’homme dans le grenier soit tout aussi remarquable, émouvante et brillante que celle qui a résulté de la collaboration Starkier-Lederer précédente. »

Timothy Daly

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Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois

Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie Restaurant
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 210 m, Stade Léo Lagrange à 560 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).

    Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

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Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois
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Spectacle terminé depuis le dimanche 12 juin 2011

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