Daniel Dobbels, passionné de mots devenu chorégraphe, travaille, comme Claude Régy, à la traduction de la pensée par le corps. "Quel corps peut lire Capitale de la douleur d'Eluard ?", "Quelle est notre liberté de mouvement dans un champ couvert par le langage et la littérature ?" Telles sont les questions qui l'ont retenu longtemps.
On connaît maintenant la "suffocante douceur" de sa danse, cette "écriture dans les nuages". Daniel Dobbels a trouvé son langage, l'intériorité traduite en gestes lents, essentiels, qui tiennent le spectateur en haleine. Son travail est visité par les oeuvres vues comme par celles qu'il n'a pas su voir mais dont son corps a retenu quelque chose.
L'Insensible déchirure est celle que les corps portent en eux en mémoire de la deuxième guerre mondiale. Les compositions de Messiaen, Schoenberg, Boulez, Cage, inspirées par l'Holocauste, accompagnent sa plongée dans les années noires.
Avec en tête l'impuissance des mots à dire l'indicible, c'est avec les corps que Daniel Dobbels écrira l'insensible déchirure. Pour lui la danse est "cet art qui voile son propre déchirement."
17, boulevard Jourdan 75014 Paris