J’envisage La Collection plus comme une reconstitution (d’un événement raconté par ses témoins et ses acteurs) que comme une mise en scène. Dans une mise en scène, on s’efforce généralement de tirer le récit vers le présent et de nous faire croire qu’il se déroule en temps réel : nous voyons l’histoire prendre vie. Ici, j’aimerai trouver le ton d’une enquête : quelque chose s’est déroulé dans le passé et on revient dessus pour le comprendre (sans y parvenir) ou pour s’assurer qu’il s’est réellement déroulé. Qu’il n’est pas un de ces « souvenirs reconstitués » comme ceux de notre enfance, dans lesquels on n’arrive plus à démêler ce qui vient réellement de notre mémoire ou du récit qu’on nous a fait de l’événement évoqué.
La Collection est un collage de souvenirs qui ne s’emboitent pas harmonieusement les uns avec les autres. Un tissu de mensonges pourrait-on dire en plaisantant : l’étoffe de nos rêves ou ici, de nos cauchemars et de nos obsessions. Un carrefour : quatre personnages, quatre angles de vue, quatre versions d’un même événement. Pinter travaille beaucoup sur les silences, les non-dits ; il ne s’agit pas de les expliquer, mais de rêver sur ce qu’ils pourraient contenir.
À ces jeux de dupes, j’ai voulu rajouter une voix troublante : celle de Christian Siméon, qui sous couvert de nous guider, nous perdrait encore davantage dans ce labyrinthe mental. Christian est comme assis à côté de nous dans la salle pendant les représentations, il nous souffle la solution, une explication, une vérité sur les personnages. Une vérité absolument corrompue, un miroir aux alouettes où nous nous perdons, c’est un guide bienveillant qui nous égare. Il ouvre une porte secrète dévoilant les personnages quand ils sont en coulisses. Une Fake news pour parler « moderne ».
Une comédienne et trois comédiens, le jeu est égal…
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris