La Double Inconstance

Paris 19e
du 8 janvier au 16 février 2002

La Double Inconstance

CLASSIQUE Terminé

Un Prince amoureux fait enlever une jeune paysanne, Silvia. Une folle journée s’annonce…  Il faut d’abord détruire l’amour de Silvia pour Arlequin.  Il faut que Silvia tombe amoureuse du Prince. Flaminia, Trivelin, Lisette et le Seigneur sont complices du Prince. C’est l’histoire d’un complot. On rit, on tremble, les êtres se transforment, se révèlent. Marivaux est lucide, féroce et généreux. La Double Inconstance est une comédie qui vise juste.

    
Présentation
Intentions de mise en scène

« Il m’aime, crac, il m’enlève. » (Acte I, scène I)
Un Prince amoureux fait enlever une jeune paysanne, Silvia. Une folle journée s’annonce…  Il faut d’abord détruire l’amour de Silvia pour Arlequin.  Il faut que Silvia tombe amoureuse du Prince. Flaminia, Trivelin, Lisette et le Seigneur sont complices du Prince. C’est l’histoire d’un complot. Un complot à la cour qui commence par un rapt. On rit, on tremble, les êtres se transforment, se révèlent. La vie au palais est brutale. Marivaux est lucide, féroce et généreux. La Double Inconstance est une comédie qui vise juste.

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A propos de la pièce

Les répétitions
La scénographie
Les costumes
La musique
La lumière
Intervenants

A propos de la pièce

Marivaux : un humaniste qui ne désespère pas de l’humanité. En une journée, l’amour de Silvia pour Arlequin doit être brisé, puis il faut faire en sorte que celle-ci tombe amoureuse du Prince. C’est l’histoire d’un complot qui commence par un rapt. Les sept personnages se trouvent projetés dans une situation d’urgence.  Face à l’urgence, les masques, aussi sophistiqués soient-ils, tombent. Cette civilisation de cour que l’on croyait si raffinée, nous montre une société violente et plus primaire qu’il n’y paraît. Il s’agit d’une société pyramidale, ultra hiérarchisée dont le sommet en est le Prince. Les idées de jouissance et de bonheur personnels cotoient les idées de perte et de mort. 
Dans ce monde, si l’on ne gagne pas quelque chose, on pert quelque chose. Marivaux est aussi le chantre de l’amour naissant. Il observe avec acuité toutes les oscillations du cœur. Silvia tombe amoureuse du Prince et Arlequin de Flaminia. Leur cœur est manipulé, mais ils aiment pourtant véritablement. Le cœur est-il si versatile ? Le mensonge peut-il engendrer la vérité ? Silvia est-elle corrompue ou bien n’avait-elle pas encore trouvé l’occasion d’exprimer sa personnalité, de dévoiler ses propres aspirations ? Arlequin, magnifique d’à-propos, subversif et obstinément juste, feint-il la naïveté ?
Sait-il dès le début que d’une part, c’est le Prince qui a fait enlever Silvia et que d’autre part, face à ce pouvoir, il n’a pas vraiment ses chances ?
A force de vouloir être la meneuse de jeu à la cour dans cette intrigue, que cherche vraiment Flaminia ? Seulement à satisfaire le Prince ?
Et Lisette, talentueuse prostituée de cour, fille de domestique et sœur de Flaminia, n’est-il pas temps pour elle de se garantir un avenir ?
Comment Trivelin, valet admirable d’obéissance, voit-il l’arrivée du jeune Arlequin à la cour ?
Le Seigneur est-il de bonne foi en encourageant Arlequin : « Mettez-vous en état de faire du mal, seulement afin qu’on n’ose pas vous en faire et pour cet effet, prenez vos lettres de noblesse» ?
(Acte III, scène IV) La Double Inconstance décrit minutieusement la complexité des êtres avec leur cortège de paradoxes. Les personnages se révèlent comme s’ils naissaient une deuxième fois. Ils découvrent leurs profonds désirs et leurs désillusions. C’est excitant et douloureux. La pièce pose mille questions.

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Les répétitions

Depuis le mois de mai 2001, les acteurs et moi-même, nous nous rencontrons lors de courtes sessions. L’idée de départ est : « des répétitions à combustion lente ». La première lecture offre la pièce avec facilité et enthousiasme : une langue rapide, flamboyante, tellement active. Qu’est-ce qu’il y a derrière les silences, les rythmes syncopés, les répétitions de phrases ? Une langue peut en cacher une autre. L’écriture de Marivaux a sa propre respiration, son souffle avec ses secrets. Nous travaillons beaucoup par improvisations orientées à partir des points de force des scènes. 
C’est une langue physique. C’est par la tension du corps et du verbe que la pièce se laisse le mieux entrevoir. Nous défaisons, désarticulons, ralentissons presque jusqu’à exaspération afin de s’exprimer plus directement. Nous cherchons l’évidence. De cette manière, la pièce se donne à nous plus riche et plus dense que nous le pressentions. Un récit peut aussi en cacher un autre. « Il m’aime, crac, il m’enlève » (Acte I, scène I). C’est l’histoire d’un Prince qui aime une jeune paysanne et la fait enlever…Nous connaissons l’intrigue.
C’est aussi l’histoire de sept individus prêts à tout pour obtenir une sécurité matérielle et psychologique. Nous sommes dans un monde brutal où chacun doit se faire une place au soleil sous peine d’en être rejeté et abandonné. La violence est dissimulée mais évidente. Marivaux est gourmand de tout, curieux des autres. Pour lui, il ne faut rien jeter. Toutes les tentatives d’exister doivent être restituées et célébrées.
Nous nous attachons à mettre en lumière la densité de ce qui se joue entres les êtres. L’univers esthétique est inventé à cette intention. Nous cherchons une forme de fluidité et d’évidence. « L’épure » est notre mot d’ordre. C’est la seule façon d’approcher cette densité. Dans ce sens, on peut dire que la pièce est contemporaine. Les thèmes du pouvoir, du désir et de l’amour sont absolument indémodables.  Nous voulons jouer cette pièce pour nos contemporains.
Aussi, il faut mettre en scène sept points de vu : celui du Prince, de Flaminia, de Lisette, de Silvia, d’Arlequin, de Trivelin et celui du Seigneur. Il y a sept histoires dans une seule. Ce texte est de la dentelle de Bruges. La direction d’acteur est ici vraiment à théoriser pour que les enjeux de la pièce existent. On assiste à la mise en lumière de l’intimité de chacun des personnages.

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La scénographie

On verra l’enlèvement de Silvia. Les protagonistes sont en scène et masqués. Dans une sorte de bacchanale, on voit Silvia, trainée dans un drap, évanouie.La cour est intriguée et attirée par ce nouveau corps d’une espèce qu’elle pense être différente de la sienne. Un nouveau jeu lui est proposé. Le sol est couvert d’un tissu. Tous sortent. Le tissu est tiré et apparaît un sol vieilli en perspective, c’est un damier rouge et blanc.
La pièce commence :
Trivelin : « Mais Madame, écoutez-moi ? 
Silvia : « Vous m’ennuyez »
On est au petit matin, la lumière l’indique. Silvia est furieuse et désemparée. Elle est à ce moment encore en chemise. Trivelin, un valet sans scrupule (c’est lui qui suggérera au Prince de « réduire » Arlequin par la force) tente d’amadouer Silvia. « Ce n’est pas là une femme, voyez-vous, c’est quelque créature d’une espèce à nous inconnue. » (Acte I, scène II)
Nous avons donc une aire de jeu posée sur la scène. Au fond et sur les côtés, les murs noirs du théâtre. Un pendrillon en tulle est le point de vu du Prince et de Flaminia. Ils ne sortiront pas de scène. Nous sommes dans une pièce du palais, sans fenêtre, sans regard sur le monde extérieur.Quelques coussins épars appellent au plaisir. C’est un espace clos, inimaginable et démesuré aux yeux de Silvia et d’Arlequin.

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Les costumes

Les costumes sont intemporels avec toujours un élément XVIIIème. L’idée est que l’aspect intemporel du costume exprime la vérité des êtres et que l’élément XVIIIème marque les fonctions sociales et psychologiques des personnages. Par exemple Flaminia sera dans une robe élégante, près du corps et portera une perruque élaborée du XVIIIème siècle.

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La musique

Le théâtre est dans le théâtre. Nous jouons les deux divertissements musicaux prévus par Marivaux. Le premier, à la fin de l’acte I, est composé en chant polyphonique pour sept voix et est chanté a cappella par les comédiens. Le second, situé à la fin de la pièce, est aussi polyphonique et composé pour voix parlées. D’autre part, les musiques choisies sont contemporaines, elles servent plus à soutenir des intentions de jeu , qu’à créer un univers mélodique. Il y en a peu.

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La lumière

La Double Inconstance est une comédie comme le précise Marivaux lui-même. Une comédie humaine constituée d’ombres et de lumières. Je souhaite une lumière clair-obscur comme par tâches, capable d’identifier et de mettre en valeur les mouvements émotionnels des personnages.

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Intervenants

Un chorégraphe-danseur donne un training aux acteurs deux fois par semaine, non pas pour danser mais pour que les acteurs puissent devenir singulièrement disponibles à eux-même et au texte. Une musicienne compose les chants polyphoniques et dirige les répétitions des acteurs. Charlène Lyczba

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3, rue Clavel 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 16 février 2002

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