Tout public à partir de 15 ans.
Soit Arlequin et Silvia qui s’aiment passionnément, qui se sont fait des serments définitifs ; soit encore le Prince qui, amoureux de Silvia, va tout faire, avec l’aide de quelques séides habiles et dévoués, pour « posséder » la jeune fille : une entreprise de haute lutte qui commence par l’enlèvement et la séquestration de la belle et se poursuit par la séparation du couple Arlequin - Silvia...
« Il m’aime, crac, il m’enlève ». La Double Inconstance, comédie de l’ambiguïté, commence par un kidnapping. Celui auquel, sous couvert de la passion amoureuse, se livre le Prince sur la personne de la jeune Silvia. Mais où l’enferme-t-il en attendant de la circonvenir ?
Imaginons une grande pièce de son château : quelques éléments d’un luxueux mobilier – fauteuils ou divan propres à la conversation galante. Mais de hauts murs, sans fenêtre et avec des portes étroites, qui rappellent constamment que Silvia et bientôt son amoureux Arlequin sont internés contre leur gré.
Une cage dorée : les jeunes amants sont enfermés, mais toutes les jouissances qu’autorise le luxe aristocratique leurs sont proposées jusqu’à ce qu’ils accèdent aux désirs du Prince. C’est cette tension essentielle - ce chantage - dont la scénographie devra rendre compte.
« Ne savez-vous pas que le rien détermine ici l’esprit de tous les mortels ; que c’est lui qui détruit les amitiés les plus fortes, qui finit les amours les plus tendres, qui les fait naître tour à tour ; que c’est le rien qui élève celui-ci, pendant qu’il ruine la fortune de celui-là ? »
Ainsi Marivaux se justifie-t-il, dans une de ses premières oeuvres, contre ceux qui, à l’instar de Voltaire, lui reprochent de peser des oeufs de mouche avec des balances en toile d’araignée. Aujourd’hui cette défense du rien, en rapprochant curieusement Marivaux de Nathalie Sarraute, sonne étonnamment moderne. Ce qui frappe dans l’oeuvre de Marivaux c’est l’attention extrême au travail de la sensation - la surprise des sens - à tout ce qui, à notre corps défendant, fait que nous changeons, que notre rapport au monde ne cesse de fluctuer, que nous ne croyons déjà plus quand nous continuons à proclamer hautement nos convictions ou que nous aimons toujours quand nous pensons ne plus aimer (ou vice-versa). C’est encore le souci presque obsessionnel du mot juste, de la nécessité de dire au plus près la réalité complexe des sentiments qui nous assaillent.
Etant entendu que l’amour - le sentiment amoureux dans tous ses états - constitue le centre d’intérêt primordial de Marivaux. Mais sa prédilection pour ce thème ne tient pas seulement à son goût pour les jeux érotiques du langage (le fameux marivaudage...) ; il y a chez lui un enjeu, en quelque sorte, politique de l’amour, qui donne à son théâtre une singulière gravité : aimer, c’est se mettre sous la coupe de l’autre ; être aimé, c’est avoir tout pouvoir sur l’autre, c’est le «posséder»...
L’observation quasi-entomologique des mécanismes secrets du désir, du sentiment amoureux et de son jeu de miroir narcissique, revêt donc la plus grande importance stratégique pour Marivaux ; il s’y livre avec délice, inventant de perverses intrigues, mettant en place un monde poétique étrange où le raffinement se mêle à la trivialité, la mignardise à la cruauté, la bienveillance à une lucidité sans faille. De ces points de vue là, La Double Inconstance est un chef-d’oeuvre de cynisme tranquille ou de cruauté souriante, puisque la croyance en l’amour, le mythe de la toute-puissance de l’amour, s’y trouve battue en brèche par la volonté du pouvoir politique. Soit Arlequin et Silvia qui s’aiment passionnément, qui se sont fait des serments définitifs ; soit encore le Prince qui, amoureux de Silvia, va tout faire, “sans violence” et avec l’aide de quelques séides habiles et dévoués, pour séparer les deux jeunes gens...
Drôle d’histoire, drôle de manipulation. Et drôle d’atmosphère paradoxale que celle de ce théâtre marivaudien, qui semble suspendu dans un entre-deux onirique et qui, pourtant, met en scène avec une confondante minutie le comportement d’êtres humains qui nous ressemblent étonnamment dans leurs élans et leur naïveté comme dans leurs rodomontades et leurs insignes faiblesses.
René Loyon
Excellent
Les acteurs sont excellents , convaincants , inspirés , bien dans leur rôle . Pas de longueur . Le texte est bien dit et garde tout son sel. L'auteur n'est pas trahi . Un tout petit regret , bien qu'étant au 1er rang , il m'arrivait parfois de ne pas tout capter du débit de Silvia dans son jeu rapide et animé conforme à l'idée de son personnage
J'ai aimé le jeu des acteurs et particulièrement celui de "Silvia". Je regrette seulement les costumes, même si le thème est intemporel. un grand bravo pour la mise en scène.
Pour 1 Notes
Excellent
Les acteurs sont excellents , convaincants , inspirés , bien dans leur rôle . Pas de longueur . Le texte est bien dit et garde tout son sel. L'auteur n'est pas trahi . Un tout petit regret , bien qu'étant au 1er rang , il m'arrivait parfois de ne pas tout capter du débit de Silvia dans son jeu rapide et animé conforme à l'idée de son personnage
J'ai aimé le jeu des acteurs et particulièrement celui de "Silvia". Je regrette seulement les costumes, même si le thème est intemporel. un grand bravo pour la mise en scène.
10, place Charles Dullin 75018 Paris