La Mort de Danton

Hérouville Saint-Clair (14)
du 3 au 8 novembre 2005
3h15 avec entracte

La Mort de Danton

Dans de courtes scènes, directement inspirées des textes de l’époque, Büchner évoque les journées qui précèdent la mort de Danton, de Camille Desmoulins et de leurs partisans. « Une pièce qui commence comme une fresque historique, s’achève comme un poème lyrique et se révèle être un véritable manifeste sur l’art comme acte de résistance au temps. » Jean-François Sivadier

Molière 2006 : Grand prix spécial du jury Théâtre public en région (production du Théâtre National de Bretagne).

« Une pièce qui commence comme une fresque historique, s’achève comme un poème lyrique et se révèle être un véritable manifeste sur l’art comme acte de résistance au temps. » Jean-François Sivadier

  • Le délitement de la Révolution

En 1789, le peuple français renverse l’ancien régime féodal et invente, pour les siècles et les continents, des concepts exemplaires : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’Etat Nation, la République, le Peuple… C’est la Révolution.

1794 : la Révolution s’emballe et se noie dans le sang de ce peuple au nom duquel elle s’est levée : l’extrémiste Hébert et les siens sont exécutés à l’instigation de Robespierre avec la complicité de Danton. Le Comité de salut public s’inquiète, les lois sur la Terreur sont renforcées, les Jacobins de Lyon protestent, Danton est fatigué, Saint-Just manœuvre, Dillon conspire, Robespierre manipule la Convention, Danton, accusé d’intelligence avec l’ennemi, est arrêté avec ses amis et emprisonné à la Conciergerie et exécuté après un procès trafiqué.

« Je ne lui donne pas six mois, je l’entraîne avec moi » dit Danton de Robespierre avant de mourir. Ce qui sera : Danton est guillotiné le 5 avril 1794, Robespierre le 27 juillet.

Ces épisodes, qui ont accompagné les sept derniers jours de Danton, constituent la trame de La Mort de Danton écrite par Büchner à peine 40 ans après les faits. Büchner annonce son projet dès le titre : il n’écrit pas un monument à la gloire de la Révolution, c’est son délitement qu’il choisit de peindre. Aux faits réels, puisés dans l’histoire de la Révolution française de Thiers, il ajoute des anecdotes, des scènes inventées, des digressions et références littéraires agencées dans une succession de tableaux relativement indépendants où se côtoient discours politiques et épanchements lyriques, considérations métaphysiques et propos populaires, scènes intimistes et mouvements de foule.

Le texte est publié aux Editions théâtrales.

  • Une réflexion sur le tragique de la condition humaine

Lorsqu’il écrit La Mort de Danton, Büchner a 21 ans. Lui-même est mêlé à un mouvement révolutionnaire interdit qui l’oblige à fuir à Strasbourg où, en cinq semaines, il rédige la pièce. Est-ce son propre désenchantement que Büchner signifie en privilégiant la fin de la Révolution plutôt que les années glorieuses ? Au-delà de l’affrontement entre deux conceptions de l’acte révolutionnaire ou politique, La Mort de Danton est une réflexion sur le tragique de la condition humaine tiraillée entre la vie et la mort, l’amour et la gloire, la foi et l’athéisme, l’ascèse et la jouissance, la chasteté et le sexe, le courage et la souffrance, l’aspiration à la liberté et la vanité de tout acte humain. Ainsi la pièce, loin de rester datée par les repères historiques, décolle vers l’universel et reste ouverte à toutes les sensibilités collectives.

Jean-François Sivadier choisit de rendre hommage à la jeunesse et à la geste révolutionnaire ; dans toutes les révolutions, les héros sont faits d’un mélange d’inconscience et de vertu ; ils sont animés par une fébrilité dionysiaque et audacieuse jusqu’à ce moment mortifère où les corps, trop tôt consumés, se statufient dans la posture du révolutionnaire. Les attributs restent quand la foi vient à manquer.

Auparavant, Jean Vilar, qui crée la pièce en 1948 dans le deuxième Festival d’Avignon, provoque un petit scandale, en ces temps où il faut réaffirmer les valeurs nationales républicaines. Dans les années 70, Bruno Bayen transpose l’action dans la Révolution de juillet de 1830 et l’éclaire à la lumière du désenchantement de la génération 68. Au Festival d’Avignon 2001, Thomas Ostermeier l’interprète comme le repli individualiste, vers la sphère privée, après la chute du mur de Berlin. Dans la mise en scène de Georges Lavaudant en 2002, les odes à la république et à la démocratie reprennent une acuité nouvelle dans la débâcle électorale de cette année-là.

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Informations pratiques

Comédie de Caen à Hérouville

1, square du théâtre 14200 Hérouville Saint-Clair

Spectacle terminé depuis le mardi 8 novembre 2005

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