La pièce
Extraits
Note d’intention
Un thème classique – la rencontre, la rupture – replacé au sein de nos mythes fondateurs.
C’est à Olympie que Christine et Martin se découvrent. Elle fait visiter le stade, il est professeur et cherche à faire le point sur sa vie.
Voici le début d’un chassé-croisé amoureux où la distance sociale, la faillite personnelle comme les illusions de chacun rendent la communication presque impossible.
Le texte est disponible aux éditions de L’Arche.
Martin : C’est terrible. Je t’aime mais je ne peux pas t’atteindre. Tu ne me comprends pas. Ou alors tu me comprends mais tu n’en tiens pas compte.
Christine : Tu ne m’aimes pas. Tu ne cherches qu’à me rendre abominablement meilleure. Tu ne m’aimes pas, tu cherches seulement à m’améliorer. Mais tu ne m’améliores pas.
Martin : Arrête ! Ferme-la ! Pourquoi tu réponds ?
Tu me caches les centaines d’humiliations horribles qu’il t’a fait subir. Tu es tout miel et tout sourire comme s’il ne t’avait pas monstrueusement avilie, souillée avec ses accès de haine et grossièreté. Il a voulu te marquer au fer rouge. Faire de toi une moins que rien, un être insignifiant. Tu rayonnes de vengeance ! Tu m’imagines maintenant à ta place et toi à la sienne?
Qui es-tu ? Quelle engeance nouvelle ? Quel nouveau genre de femme ? Pas un Lulu, pas une Lola ! Seulement l’ombre d’un corps avec des pulsions de rhinocéros. Tu n’es qu’un spectre qui passe d’un être à l’autre en quête de protection. Un spectre qui aspire à la jouissance dans l’angoisse, un spectre de dépendance panique. Ho ! Dis quelque chose !
La Tanière… à la fois retraite d’une bête sauvage – et par extension habitation sordide – logis dans lequel on s’isole, on se cache… on retourne à sa solitude.
De manière intemporelle le texte de Botho Strauss fait référence à l’incommunicabilité et à la sociabilité des individus. Les personnages sont des êtres écorchés, aliénés y compris dans et par leur langage, sans cesse en quête d’une vérité et d’une identité qui se dérobent, incapables de communiquer entre eux, de surmonter l’infranchissable proximité qui les sépare.
Ici le temps et l’espace n’existent plus, les certitudes s’effondrent, les paradoxes s’affrontent… En utilisant un dispositif en bifrontal, les personnages évoluent dans cet étroit couloir au cœur du public et se retrouvent confrontés à la fois à leurs oppositions et à leurs destins parallèles, n’ayant finalement comme refuge que d’être face à soi-même… ou à l’autre.
La présence d’un musicien, donne au texte toute sa musicalité. Les scènes se font et se défont rythmiquement. La pièce se décompose alors au travers des paroles, des partitions musicales, des chorégraphies pour tendre vers une composition unique où se joue toutes les tensions, tous les espoirs et toutes les illusions.
Un théâtre mental ? Peut-être… Mais il est aussi, à travers la difficulté d’être qu’éprouvent les personnages, un acte d’accusation vigoureux à l’encontre d’un monde aliénant.
Maud Ferrer
11, rue du Général Blaise 75011 Paris