« Le 26 août, je suis plaquée par Le Belge. Les 27 et 28 août, je pleure sans relâche. Le 29 août, pour exorciser ma peine, je demande à ma famille de jouer mon drame sentimental. Ainsi est née la Tragédie du Belge. »
Ici se dévoile une tragédie intemporelle, une fable domestique sur l'amour où le Belge est pris au vent de drames sentimentaux. La fragile Olgac se désole en Terre de France appelant de ses voeux l'amour, incarné par le Belge. Mais ce dernier est marié à Thérésac, femme despotique. C'est le début d'une aventure absurde et ubuesque, drôle et rythmée qui s'envole au paroxysme du drame sentimental. Le Choeur, comme dans la tragédie antique, commente l'action.
« Un spectacle tout en distanciation et en rire […] enfin une proposition théâtrale audacieuse, une pièce qui mérite sa mention d'inclassable ! » Les Trois coups
« Un petit ovni théâtral. » Elle
« Un spectacle de théâtre musical particulièrement jouissif et jubilatoire. » Froggy's Delight
« Une pièce loufoque, déjantée, surréaliste et osée. » Paris Show
« C'est très drôle, d'un humour absurde, gras, pétillant, puissant, rageur. » J'ai vu ça
Camille propose dans La Tragédie du Belge que le chœur chante sur des airs de chansons d’enfance, ou d’airs populaires, créant ainsi chez le spectateur
un effet d’étrangeté et de familiarité légèrement troublée.
Les textes de Sonia Bester deviennent les paroles du chœur, et le fil mélodique s’interrompt quand le chœur a dit tout ce qu’il avait à dire. Cette rupture crée là encore un trouble de perception chez le spectateur, et du jeu. Au fur et à mesure de l’avancée de la pièce, les chants se déstructurent, le chœur dont la fonction a été bien identifiée par le public, devient plus énigmatique dans son chant avec des sons et des mélodies composés par Camille. On comprend par touches les mots. L’effet est plus poétique et emmène le spectateur vers l’émotion.
« Travailler sur La Tragédie du Belge représente pour moi un véritable défi et un véritable plaisir à plusieurs égards.
Travailler sur La Tragédie du Belge me passionne parce que j’ai toujours eu une approche pluridisciplinaire du chant. Le chant sur scène flirte à mon sens
avec le théâtre. J’ai toujours plaisir à mettre en scène mes concerts. J’envisage le déroulement de mes spectacles comme le déroulement d’une histoire. Dans La Tragédie du Belge, il s’agit de mettre en musique une histoire. Et de donner une partition à un chœur qui commente l’action et qui s’en mêle ! Ainsi, je cherche à créer un continuum comique entre l’action et le chant. Puisque les comédiens / chanteurs sont supposés être les membres de la famille de l’auteur et jouer l’action comme s’ils étaient « parachutés », je me suis dit qu’ils mettraient tout d’abord spontanément des mots sur des chants déjà connus comme on s’accroche aux branches. Pour cela j’ai choisi des chants traditionnels français (Frère Jacques, Ohé matelot, À la claire fontaine...) que j’ai sciemment déstructurés.
Inconsciemment le spectateur les reconnaît sans les identifier vraiment. En effet, les chants ne se résolvent pas, n’ont pas les paroles ou le rythme attendu. On place ainsi le spectateur dans un faux confort, une illusion sonore qui correspond à cette tragédie en trompe l’œil, dans laquelle on rit plus qu’on ne pleure et où le spectateur n’a pas le temps de s’identifier aux comédiens puisqu’ils changent de personnage à chaque acte et qu’ils sont eux-mêmes perdus.
Travailler sur La Tragédie du Belge m’intéresse également parce que mon travail est tourné sur l’instrument voix. Il s’agit ici de travailler la voix avec les grands professionnels de la voix que sont ces acteurs / chanteurs. En effet, je suis émerveillée par l’extrême disponibilité vocale et corporelle de ces artistes ainsi que par leur imagination sonore et leur faculté à incarner vocalement les personnages. Comme moi ils ont souvent une approche très sensitive et très intuitive de la voix. J’essaie dans La Tragédie du Belge de créer pour eux un espace où ils permutent du jeu de comédien au jeu vocal.
Un espace où ils lèvent le masque. Un espace où ils mettent de côté la frénésie du jeu pour « jouer » avec le son. Pour cela je leur fais pratiquer en amont des exercices de méditation et d’improvisation.
Au fur et à mesure de l’histoire, les chants traditionnels se déstructurent pour rentrer dans l’espace des jeux de sonorités, puis deviennent un son pur quand la pièce se dénoue.
Ainsi j’espère par le chant apporter à La Tragédie du belge une profondeur ludique, régaler les spectateurs de sons autant que la pièce les régale de mots, et régénérer par la musique le tempo effréné et fantasque de la comédie pour mieux la faire rebondir. »
77, rue de Charonne 75011 Paris