Eva Hitler, née Braun, dans le bunker du Führer. Le 30 avril 1945, le lendemain de son mariage avec Adolf Hitler, quelques heures avant leur suicide, Eva parle et nous entraîne sur les rives de sa folie. Jean-Paul Sermadiras nous brosse le portrait d’une Eva Braun amoureuse et totalement inconsciente de l’horreur qui se déroule sous ses yeux.
Cette pièce reprend le concept, ou expression, d'Hannah Arendt et pose des questions essentielles sur la nature humaine : l'inhumain se loge-t-il en chacun de nous ? Dans un régime totalitaire, ceux qui choisissent d'accomplir les activités les plus monstrueuses sont-ils différents de nous ? Continuer à " penser " (s'interroger sur soi, sur ses actes, sur la norme) est la seule condition pour ne pas sombrer dans cette banalité du mal.
Ce texte à la fois passionnant et déroutant de Christine Brückner, n’a encore jamais été joué en France, il n’avait d’ailleurs, jusqu’à ce jour, jamais été traduit en français. Passionnant, car ce sont des pages terribles et fascinantes de notre histoire dont il est question. Déroutant, car Christine Brückner, aucunement intimidée par le tragique du sujet. Sous la plume de Christine Brückner, cette naïveté devient parfois comique, parfois touchante, rejoignant ainsi le principe de tragédie. Ce texte crée un sentiment déstabilisant chez le spectateur produisant ainsi un effet cathartique.
Parallèlement à ce récit et au concept Arendtien de « Banalité du mal », l’écriture nous conduit vers la question universelle du temps. Elle nous interroge sur notre façon de le percevoir. Le récit n’est pas simplement histoire, mais actualité. (...) Force est de constater, que la banalité du mal traverse les époques, et ressemble à un Léviathan protéiforme qui aspire tout sur son passage, car elle se trouve toujours où nous ne l’attendons pas.
Ce texte n’est donc pas seulement un récit historique, mais une injonction à nous interroger sur nos responsabilités face au pouvoir. Il prend parti de nous instruire sur l’impossibilité de se déresponsabiliser totalement en devenant spectateur. Il ne suffit pas de se désolidariser de l’action pour ne pas la cautionner de manière implicite. Le spectateur ou citoyen agit, sans nécessairement prendre part à l’action, et devient par ce fait complice du projet politique.
Jean-Paul Sermadiras
7 rue Véron 75018 Paris