La compagnie Antonio Gades

• Carmen

La nouvelle de Mérimée s’attache au personnage de Don José que son amour fou pour la bohémienne Carmen entraîne fatalement à la déchéance : de soldat, il devient déserteur, se fait contrebandier, puis bandit et meurtrier. Cette femme provocante entend rester libre et vivre à sa guise, indomptable mais fidèle aux coutumes gitanes : elle ira jusqu’à défier la mort.

Il ne s’agit pas de l’opéra de Georges Bizet chorégraphié, mais de l’adaptation de la nouvelle tragique de Prosper Mérimée, dont la danse conçue par Gades traduit l’âpreté et la sensualité, avec une profonde authenticit. L’adaptation du chorégraphe Gades et du cinéaste Saura, d’abord pour un film (1982), puis pour un ballet sur scène (1983), se déroule dans une salle de répétition où petit à petit, le maître de ballet et l’interprète de Carmen se fondent dans l’histoire qu’ils tentaient de raconter.

« Le ballet n’est entravé par aucune fioriture : efficacité du récit, chorégraphie sculptée au plus intime de chaque personnage, absence totale de sentimentalisme ou de mélodrame. Juste le choc des êtres dans une danse qui joue entre la rage et le suspense, la crudité et la grâce, la musique (Bizet, la guitare ainsi que le chant flamenco) et le silence. » Le Figaro

• Noces de sang

La pièce de Lorca (1898 /1936) retrace l’histoire tragique d’une passion impossible, mais irrépressible (le matin même de ses noces, la promise s’enfuit avec un autre que son fiancé, et qui plus est déjà marié) dans la société fermée d’un petit village du sud, où les familles sont déchirées par des sentiments de vengeance et les femmes soumises à cet esprit de clan et aux mariages d’argent.

En 1974, la compagnie d’Antonio Gades présente la « première » d’un spectacle qui va devenir bientôt une référence incontournable dans la danse espagnole : une chorégraphie maîtrisée, austère, visant l’essentiel, qui – pour la première fois - a fait prendre conscience aux danseurs que la danse andalouse était un langage permettant de s’exprimer pleinement, sans grandiloquence.

De la rencontre entre le cinéaste espagnol Carlos Saura (réalisateur notamment d’Anna et les loups - 1972, Cria cuervos - 1975, Elisa mon amour - 1977, Les Yeux bandés - 1978, Maman a cent ans - 1979, ¡ Ay, Carmela !- 1990, Flamenco - 1995) et Gades en 1981 va naître l’idée de porter à l’écran Noces de Sang  : ni documentaire, ni captation d’un spectacle, c’est un « film-ballet » original, d’une rare densité, qui réussit à fusionner la danse et le cinéma : il est le premier de la trilogie Gades / Saura. Il donnera un élan international à l’art d’Antonio Gades.

• Suite flamenca

En complément du ballet Noces de sang, la Suite Flamenca (1963/1968) offre huit séquences (dansées en solo, duo ou groupe) où ont excellé Antonio Gades - depuis ses débuts - et Cristina Hoyos - sa partenaire de plus de vingt ans - dans ce style pur et ardent qui ont fait leur réputation.

• Fuenteovejuna

« Fuenteovejuna est inspiré d’une histoire vraie qui a eu lieu dans un village du même nom sous le règne des Rois catholiques. Lope de Vega a su à merveille comprendre la valeur symbolique de cette histoire et la morale qui en découle : le commandeur Fernán Gómez Guzman, « un monstre ivre d’arrogance et de luxure », opprime le peuple en permanence, sans qu’aucune autre autorité ne vienne mettre un terme à ses abus de pouvoir. Son despotisme provoque la révolte de tout le village : le peuple de Fuenteovejuna, encouragé par l’une des victimes, se soulèvera contre le tyran et, armé d’outils de ferme, le tuera dans son palais. Il ne s’agit pas d’une vengeance soudaine, mais d’une punition mûrement réfléchie. Près de quatre siècles après avoir été écrite, l’oeuvre de Lope de Vega continue de donner une leçon politique qui reste d’actualité car elle décrit l’histoire d’un village désespéré, poussé à la révolte. A la question posée par le juge : « Qui a tué le commandeur ? », une seule réponse des villageois : « Fuenteovejuna, Monsieur ! ». Cette question est devenue, depuis, un emblème populaire contre la tyrannie. » José Manuel Caballero Bonald

Vingt ans après Noces de Sang et onze ans après Carmen, Antonio Gades avait conçu son dernier et admirable spectacle Fuenteovejuna (1994), inspiré du drame de Lope de Vega. Une histoire d’amour, de violence, d’oppression, située au XVe siècle : une chorégraphie qui mêle avec flamboyance flamenco, école Bolera et danses espagnoles, et met en scène danseurs, chanteurs et guitaristes en des images fortes et impressionnantes. Drame intense, du sang et du deuil, Fuenteovejuna porte aussi une grande bouffée d’espérance.

• Calendrier des représentations

Mercredi 26 décembre à 20h – Carmen
Jeudi 27 décembre à 20h – Carmen
Vendredi 28 décembre à 20h – Noces de Sang / Suite Flamenca
Samedi 29 décembre à 15h et 20h – Noces de Sang / Suite Flamenca
Dimanche 30 décembre à 15h – Carmen
Lundi 31 décembre à 20h – Carmen
Mercredi 2 janvier à 20h – Fuenteovejuna
Jeudi 3 janvier à 20h – Fuenteovejuna
Vendredi 4 janvier à 20h – Fuenteovejuna
Samedi 5 janvier à 15h et 20h – Carmen