La cour des grands

Marseille (13)
du 13 au 30 mars 2003

La cour des grands

Dans un espace indéfini, probable gymnase désaffecté ou tout autre “ lieu déclassé ”, la nouvelle garde Deschiens monte à l’assaut de la Cour des grands, celle des férus de reconnaissance, de prouesse sociale ou musculaire. Sur les musiques de Philippe Rouèche, huit comédiens dont six nouvelles têtes,

 
Présentation
Délices et tribulations du rêveur éveillé
Drôle de cirque
Rire
La Presse
Portraits hâtifs 

En 1979, sous l’égide de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff, naît “ La Famille Deschiens ”. S’ensuivent les spectacles la Veillée, les Frères Zénith, Lapin Chasseur, C’est Magnifique, les Pieds dans l’eau ou les Pensionnaires, lâchant au passage une galerie de monstres sacrés dans le tube cathodique. La compagnie Deschamps & Deschamps donne aujourd’hui naissance à une autre génération de créatures férocement drôles. Dans un espace indéfini, probable gymnase désaffecté ou tout autre “ lieu déclassé ”, la nouvelle garde Deschiens monte à l’assaut de la Cour des grands, celle des férus de reconnaissance, de prouesse sociale ou musculaire. Sur les musiques de Philippe Rouèche, huit comédiens dont six nouvelles têtes, se font chanteurs, danseurs, mimes augustes ou animaux domestiques. Ils détournent quelques fleurons de la variété française et accumulent les mauvaises chutes lors d’une course effrénée à l’excès de zèle. Au fil d’efforts désastreux et désopilants, ils tentent de se hisser au rang des modèles des temps modernes.

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D’où viennent-ils donc, ceux-là ? Avec leur désir d’excellence, leur application de maniaque pour parvenir à être parmi les meilleurs. Entre effort forcené et abattement pathétique, le chant et le rêve de victoire les soulèvent, les emportent ailleurs, dans un jeu d’illusions, leur Eden slastic.
Dans une salle des fêtes où l’on fait les cours de conduite ou de secourisme, gymnasium improvisé, lieu mal affecté, déqualifié, détourné de sa première et noble destination, on parade, on envisage de devenir l’élite. On pose et on compose. Des élus, croient-ils, qui ne doivent pas démériter. Jamais. En mission de bien-être, de maintien, de domination. Parfois abattus après l’exercice, comme flétris.
Energiques, insensés, ou assis sur leur coffre, sans titre ni particule, ils jouent une épopée, se gonflent et se dégonflent, exhibent des pectoraux de farce, poussent la trille, perdent leur menton, leurs fesses, chantent le berbère ou bien un standard des tribunes de foot. Le corps souvent est en morceaux, bras autonome, main papillon, pied rebelle, et toute l’assemblée des organes n’en fait qu’à sa tête. On s’étrangle, on éructe. Il éternue celui-là et crachote, avec des égarements d’insecte ou de dindon.
Nouveau dogme du muscle tendu, de l’invective virile ou maternelle, religion du mental d’acier, de l’humain inaltérable. Voilà des convertis ! Et leurs élans se font en vase clos, leurs exploits sont pour rien, pour personne, pardi ! A vide. Leurs chimères ? Des hymnes, un podium, une coupe et des médailles, des performances en anglais au haut-parleur…

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Drôle de cirque, manège des pauvres mérites pas généreux. Rengorgement et autosatisfaction de pacotille ; même les chagrins, les moments d’égarement ou de vertige seraient exercices imposés, figures de style. Et pour quelle Félicité ? S’agirait-il d’être des héros de cette terre, des martyrs, dans les sous-sols ou les corridors, les antichambres de la réussite sociale ? On s’éduque, on dresse, un jeune, un chien, une brosse.
La vie comme terrain d’entraînement, réservoir d’épreuves ; dominer les autres espèces et du coup son prochain, être champion toute catégorie du “ petit soi-même ” comme il y a un “ petit ménager ”. Méticuleusement. Une compétition sur place.
Se saluer, se toiser, révérences ou intimidations ; on s’échauffe. Il leur faut un ordre des choses, des entrées et des sorties, alors, la panique générale, l’effroi dans la ruche, les sirènes et tout le tremblement, ça n’était qu’un exercice de sécurité, l’application des consignes, la vérification des comportements de survie.
“ Faire le beau ” voilà leur affaire ! Il leur faut ce noble engagement comme dans les revues pour Princes et Princesses ; ils goûtent aux épreuves de la destinée. Initiation à la principauté. Flairer la voie royale. Saluer les sommets ! Tartarin, Perrichon, Pécuchet, ils partiraient volontiers surfer sur la gloriole , qui promu, qui médaillé, nominé, lauréat, qui couronné glorifié, consacré… Le sentiment de toute-puissance de leur petite personne. Remuante et avisée. Entre clapets, cagibi, lance brosse, interphones, flamby, battoir, Java et aérosols, ils chantent Lakmé et Stevie Wonder, ils parlent crapaud, dansent Clô-Clô ou Granada.
Compagnons du miracle ordinaire avant transfiguration, ils divaguent, avec ce plaisir de faire semblant : celui-là bute dans rien et tremblote de la guibole et sa patte folle devient la jambe dressée du Cadre Noir.
Ce n’est rien que fantaisie et artifice, évocation folle du monde qui rapproche bêtes et gens, toutes espèces confondues, la Dame, l’Hésitant, le Mou, l’Homme-chien, le canard, la Petite, le vigile, avec les humbles façons du spectacle lui-même, de la comédie, illusions, fantaisie, simulation… Faire des grâces et des grimaces à d’invisibles protagonistes. Emerveillement, ratage et fiasco. Le plaisir des mirages, l’élégance et la fragilité de ces illuminés aux candeurs de clowns.

Testament brutal enfin. Ces bouffons, ces fous modernes dans leur sarabande joyeuse, disent, mine de rien, soufflent à qui veut jouer le jeu des miroirs, que notre vie est une pantomime. Nous, les pareils.
Acteurs singuliers et aimés qui laissent la grâce de l’objet guider leur récit, prendre les virages de la fantaisie. Personnages aux hésitations familières.
Rire avec eux de nous-mêmes, complices affectueux, partenaires de ce jeu de chimères, de nos élans dans le vide.

Macha Makeïeff (Notes de travail, février 2001) - La Cour des grands

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Le rire est la seule réponse libre et humaine au désastre. On rit parce qu’on sait l’abîme, et ce rire-là nous sauve et nous rassemble.
Le rire scandalise. C’est l’âme qu’il secoue, mais aussi les nerfs, les entrailles, les boyaux, et les flux. Tout le corps y passe, physiologique et sauvage, irréductible. Je sais que ça en agace plus d’un, tout ce trafic du corps, les spasmes, les tressautements dans les fauteuils capitonnés. C’est le risque pris.
Nous irons joyeusement jusqu’au bout de nos hantises. Le théâtre comme la littérature est un jeu grave, intuitif, prémonitoire, mais reste un jeu. Macha Makeïeff. Poétique Du Désastre

Cette fois-ci tout a changé, les Deschamps jouent dans La cour des grands ! Venez entendre, car on y chante. Les comédiens, renouvelés, nous font voir d’autres travers. Anti-héros lamentables, ils singent les supermans infaillibles, ceux que notre société propose en modèles implicites. Rassurez-vous pourtant : si tout a changé, l’esprit reste le même. Les corps se désarticulent, les objets deviennent des ennemis intimes, le rire jaillit sans cesse, féroce, décapant. En fait rien n’a changé : Jérôme Deschamps et Macha Makeïff ajoutent simplement un opus à leur collection de succès incontournables.

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A en juger par les cris de joie qui ont accompagné La cour des grands, ce nouveau spectacle est parti pour faire un triomphe.
Brigitte Salino. Le Monde
Rythmée comme un vieux film comique, truffée de gags et de chansons, cette dernière production est un joyeux carnage surréaliste.
Hélène Kuttner. Paris Match

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Hervé Lassïnce : Acteur de charme. Révolté vague, s’exprime en grognant et en gobant des flans d’un coup de langue. Premier spectacle avec les Deschamps.
Yves Robin : Comédien à lunettes. Est sorti du vide-ordure desPensionnaires, mais prend toujours des coups.
Fréquente les spectacles des Deschamps depuis 1981. Par intermittences.
Patrice Thibaud : Virtuose gestuel. Possède un cou articulé. Tient du gallinacé. Hilarant. Premier spectacle avec la troupe.
Luc Tremblais : Comédien costaud. Péquenot égaré devenu vigile. Fort, balourd et naïf. Très présent. Sort du Conservatoire.
Robert Horn : Comédien ténor. Ecossais. Despote délirant et ingrat, petit chef chantant au physique de boule de billard. Sévissait déjà dans les quatre derniers Deschamps.
Nicole Monestier : Soprano comédienne. Voix imposante, physique épanoui, air jovial. Esquisse des pas de danse. Deuxième spectacle avec la troupe.
Catherine Gavrilovic : Comédienne colorature. Trimballe des accessoires sonores, atteint des aigus impressionnants. Premier spectacle avec les Deschamps.
Philippe Rouèche : Accordéoniste envahissant. A écrit des mélodies pour coller au jeu de chacun. Son accordéon est un véritable personnage. Compositeur et interprète des Deschamps depuis 20 ans.

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Informations pratiques

Criée

30, quai de Rive Neuve 13007 Marseille

Spectacle terminé depuis le dimanche 30 mars 2003

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