Lieu : Théâtre Municipal
Quelques extraits de presse
A
propos de " La Dernière Lettre " par Frederick Wiseman
Une femme raconte pour son fils les derniers jours de sa vie en 1941, dans le ghetto juif dune petite ville dUkraine, au lendemain de larrivée des nazis. Un événement exceptionnel à plus dun titre : le retour de la Comédie-Française à Nevers et la présence de Catherine Samie, doyenne de cette institution impressionnante de dignité et démotion.
A propos de " La Dernière Lettre " par Frederick Wiseman
" Quand jétais jeune et naïf, pendant la Deuxième Guerre mondiale, je croyais que la barbarie dont jentendais parler dans les journaux, à la radio et aux actualités était réservée aux Allemand et aux Japonais mais cela ne faisait pas partie de la vie. En grandissant, je réalisai que les assassinats à répétition sont tout simplement un des aspects de notre quotidien.
Quelques exemples récents : la Bosnie, le Kosovo, la Chine, lAlgérie, le Rwanda, la Tchétchènie, le Congo, le Timor
Avec la Dernière Lettre, Vassilli Grossman tente de nous aider à mieux appréhender leffet de cette barbarie sur la vie dune femme et ses efforts pour voir clair dans son passé et comprendre les raisons de sa mort quelle sait imminente.
Bien que la pièce ait lieu en Ukraine, en 1941, lesprit de cette femme et notre identification à son courage, son amour, son désespoir et sa perte, nous permettent datteindre à une compréhension minimale des conséquences, pour nous tous, de la bestialité de notre temps.
La vie de cette femme, ses efforts pour évaluer précisément la situation dans laquelle elle se trouve, pour maintenir sa dignité et son intégrité et enfin pour conserver ses capacités dindulgence et dhumanité : tout cela fait partie de notre histoire, au jour le jour.
" Cette mère est interprétée par Catherine Samie. Bouleversante. Jamais au bord des larmes, retenue, faisant de la tristesse une joie funeste, on a rarement vu comédienne aller aussi loin dans labsence delle-même, être demblée toutes les mères de la terre, donner tout lamour quelle a en elle, sans espoir de retour. Mise en scène avec une rare intelligence par Frederick Wiseman, plus habitué au documentaire quau théâtre, le rôle est ciselé à la mesure de lémotion quelle nous dispense. Dans un éclairage doux et terrifiant à la fois, jouant sur lombre et la lumière, sur lidée même de nuit et de brouillard. " Le Figaroscope, 22 mars 2000 Jean-Louis Pinte
" Sous le regard aigu du cinéaste Frederick Wiseman, dans les lumières de Patrick Méeus qui démultiplient son ombre, Catherine Samie en un jeu porté à son plus extrême et riche dénuement est la passeuse inoubliable de tous ces morts qui ne se relèveront pas. De son corps, comme absenté déjà dans une petite robe noire, émerge un visage dont limpassible blancheur trahit une lutte de tous les instants. Cette heure relève du témoignage, du vivant, du présent et du rituel. Elle passe comme un souffle. " Le Nouvel Observateur, 6 avril 2000 Odile Quirot
" Est-ce parce quil a passé sa vie à traquer lhumain derrière loppressant carcan du grand capital et lultime souffle de vie dans lenfer des prisons, des hôpitaux, que Wiseman sait si bien faire surgir lémotion dans le dépouillement dune mise en scène au cordeau ? La scène est grise et vide. Seule compagne de Catherine Samie, son ombre géante sur le mur nu. Une ombre menaçante comme le destin : le simple fait dexister condamne à mort la mère qui écrit " La Dernière Lettre " à son fils. Par sa simplicité radicale, ce splendide et implacable spectacle rend dérisoire tout commentaire. A peine osera-t-on saluer le " jeu " de Catherine Samie si juste, si vraie quon ose plus parler de " jeu ". Admirable actrice ! Qui se souviendrait devant les rôles tragiques, terribles où elle excelle aujourdhui quelle fut divine dans les soubrettes de Molière, les femmes faciles de Feydeau ? Catherine Samie semble sêtre vieillie à plaisir, avoir renoncé volontairement à tout ce qui faisait lallégresse pétillante de son style dantan. Pour ne plus jouer ? Tout en Jouant " Télérama, 29 mars 2000 Fabienne Pascaud
BP 416 58004 Nevers cedex