Spectacle en anglais surtitré en français.
C'est à un voyage dans l'Amérique des marges, des laissés pour compte, que nous invite La disparition d’Everett Ruess. Au départ, il y a une histoire vraie, stupéfiante : en 1934, un garçon de 20 ans disparaît dans un désert de l’ouest des Etats-Unis. Accident ? Meurtre ? Règlement de compte ? On ne le saura jamais... Qui était Everett Ruess ? Que faisait-il dans les paysages fascinants mais dangereux de l'Utah ? Nous allons partir sur ses traces... Si vous aimez Into the wild, mais aussi Woody Guthrie, Steinbeck, Cormac McCarthy, Annie Proulx, cette création puissante, entre théâtre documentaire et performance rock épique, va vous transporter.
Le CENTQUATRE-PARIS présente ce projet transversal dans deux versions différentes : la version spectacle, entre théâtre documentaire et performance rock, et la version concert.
31 octobre : version théâtre
02 novembre : version concert augmenté
« En 1934 un garçon de 20 ans disparaît dans un désert de I’ouest des États-Unis. Accident ? Règlement de comptes ? On ne le saura jamais… Qui était Everett Ruess ? » Les Inrocks
« Fasciné par cette histoire au potentiel hautement créatif, Emmanuel Tellier embarque sa bande pour une nouvelle aventure, bien décidé lui aussi à quitter la routine de la pop qu’ils maitrisent parfaitement pour partir à la découverte de nouveaux territoires. [Sa] voix n’a probablement jamais été aussi touchante que sur ces titres habités, hantés par l’aura d’Everett Ruess. Des 49 Swimming Pools au sommet de leur art et audiblement touchés au fond de leurs âmes par cette histoire.» Matthieu Dufour, Pop, Cultures & Cie
Je me suis lancé dans cette aventure sur plusieurs années en essayant d’envisager ce voyage en Amérique avec ma double approche de journaliste et de musicien : je suis à la fois « grand reporter » à Télérama et musicien au sein du groupe 49 Swimming Pools. J’ai la chance d’exercer un métier qui me permet de beaucoup voyager - et de pouvoir me plonger dans des réalités complexes, en prenant le temps de l’enquête, des rencontres en longueur. J’aime trouver des histoires fortes, si possibles un peu «universelles», et tenter de transmettre une part de leur éloquence. J’aime faire voyager nos lecteurs.
J’ai toujours eu une fascination particulière pour les Etats-Unis, un pays (des pays ?) où tant de contradictions sont à l’œuvre. Quand j’ai commencé ma carrière, j’étais journaliste aux Inrockuptibles (de 1989 à 2000). C’est en allant interviewer des gens comme Neil Young, Kurt Cobain, Beck, David Byrne, REM, Grant Lee Buffalo, Vic Chesnutt (...) que j’ai appris à mieux connaître ce pays et ses nombreuses faces cachées, ses marges, ses arrières-cours.
Alors quand des amis qui vivent en Utah m’ont parlé de l’histoire vraie d’Everett Ruess, j’ai tout de suite été subjugué. Nous faisions une randonnée dans un canyon du sud de l’Utah, non loin du lieu où il a disparu en novembre 1934. Depuis trois ans, je cherche tout ce qui concerne Ruess et son époque, les années 1920 – 1930. J’ai passé beaucoup de temps aux archives de l’Université de Salt Lake City, et en voyant la richesse des documents exploitables, je me suis mis au travail.
J’ai d’abord écrit des chansons, puis avec le groupe (49 Swimming Pools), nous avons commencé à rêver d’une création théâtrale, avec beaucoup de musique, du récit, une puissance documentaire, des photos, des films... et deux comédiens anglais formidables (Jayne Morley et Alan Fairbairn) pour incarner les parents d’Everett plusieurs années après sa disparition.
Ce qui m’intéresse dans cette histoire assez folle, c’est le côté irrésolu du mystère. Everett Ruess a disparu à l’âge 20 ans et on ne l’a jamais retrouvé. Cela serait-il possible aujourd’hui, avec toutes les traces que nous laissons partout ? Comme le héros tragique de Into the wild (Christopher McCandles), il a très bien pu choisir de disparaître volontairement. Une idée insupportable à ses parents, Stella et Christopher, et qui ouvre sur l’idée obsédante dont nous avons voulu traiter avec ce spectacle : comment faire son deuil quand on n’a pas de preuve, pas de corps ? Et d’ailleurs, faire le deuil de quoi ? De l’innocence perdue ? Du rêve d’une vie meilleure, en famille ? Pour moi, ce sont tous les Américains qui peuvent se poser cette question aujourd’hui...
Ruess était un écolo (radical) avant l’heure, à la fois artiste, poète, esprit vif et œil critique sur son époque. Tout ce qu’il nous dit des années 1930 - la crise économique terrible, l’injustice envers les peuples indiens, la modernité aveugle... - vaut encore aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si le jeune homme a été l’ami de la célèbre photographe Dorothea Lange.
La disparition d’Everett Ruess sera donc une plongée au cœur de cette histoire. Cette création n’est ni une pièce de théâtre ni une performance rock, c’est une confrontation fructueuse entre ces deux univers : l’incarnation épidermique d’un couple aux portes de la folie (les parents du jeune homme) et la mise en musique, je crois puissante et épique, que nous porterons avec mes amis de 49 Swimming Pools.
Emmanuel Tellier
5 rue Curial 75019 Paris