Présentation
Description libre de la pièce
Témoignages
Deux femmes plongées dans la réalité de la tragédie bosniaque. Toutes les deux victimes. Toutes les deux déchirées. Toutes les deux marquées à vie. Lune dans lintimité de sa chair. Lautre dans le secret de sa conscience.
Ce texte de Matéi Visniec est un cri. Quel est le mécanisme qui transforme les gens normaux en bêtes sauvages et en brutes bestiales ? Comment peut-on abrutir des masses entières sous les yeux du monde dit « civilisé » ? Cette pièce reste une uvre de fiction. Pourtant lorsquil sagit de lhorreur, la réalité dépasse limagination.
Dès la lecture, cest lurgence de présenter sur scène cette uvre « essentielle » qui sest dabord imposée. Chez Visniec, les images naissent des mots, crus et poétiques. Dune écriture où lextrême violence des mots et de ce quils recouvrent sallie à une musicalité, un rythme, une poésie qui font resurgir dune manière plus forte encore la violence et lhorreur que véhicule cette situation de lextrême.
Une telle uvre appelle une mise en scène faite de rigueur et de sobriété évacuant tout naturalisme. Nous sommes dans lunivers de lhorreur et de lindignation. Les mots se suffisent à eux-mêmes, aidons-les à sépanouir.
Comme toujours au théâtre, cest le jeu des actrices qui sera lessentiel. Laissons-les vivre les silences doù naîtront les images. Celle de Dorra la femme violée. Celle de Kate, à la recherche dans les chantiers de Srebrenica ou de Prijedor, de son identité perdue.
Guy Rétoré
Jai écrit cette pièce sur la Bosnie et la folie nationaliste parce que je
cherchais une réponse aux questions suivantes :
Quel est le mécanisme qui transforme des gens normaux en bêtes sauvages et en brutes
bestiales ?
Qui sont ceux qui ont abruti les abrutis ?
Comment peut-on abrutir des masses entières sous les yeux du monde dit « civilisé » ?
Le procès de la barbarie ne sera pas accompli seulement avec la mise en accusation, par
le Tribunal Pénal International, dun Radovan Karadzic, dun Ratko Mladici, des
hordes serbes qui ont tué des milliers de musulmans à Srebrenica et des extrêmistes de
tous bords qui ont endeuillé cette fin de siècle en Europe. Pour faire le procès de la
barbarie, il faut aussi comprendre « comment cela a été possible ».
En paraphrasant Abraham Lincoln, je vais dire quon peut abrutir tout un peuple en
état dabrutissement tout le temps ; mais quon ne peut pas à la fois abrutir
tout un peuple et le maintenir en état dabrutissement tout le temps.
Mais lespoir ne sera jamais crédible sans une dénonciation qui creuse
jusquaux couches profondes qui engendrent la barbarie.
Matéi Visniec
« Lentreprise de nettoyage ethnique ne vise pas seulement lélimination de lautre dans lespace, mais aussi dans le temps, passé et futur. Le but difficile de cette pratique est de faire que lautre nait jamais été là. Il vise non pas sa mort seulement, mais son « éradication » et donc son impossible recommencement. Le nettoyage ethnique ne vise pas lélimination physique de lennemi mais sa défaite jusqu à ce germe quil fut jadis, embryon minuscule niché au creux du ventre maternel, planté par son père comme lavait fait son père avant lui, et remonter jusquaux origines. A la première tombe, au premier né Le violeur veut déloger, éradiquer et concevoir à nouveau à son image le germe alternatif. La souillure du viol veut non pas la mort de lautre, trop douce, mais défaire sa naissance et, en amont, recommencer sa conception en remplaçant cet autre collectif « génétique » par soi. »
« Les viols systématiques en ex-Yougoslavie 1991-1995. » Véronique Nahoum Grappe
« Depuis que ma bouche sest ouverte, je me sens libérée. Et je parlerai, je continuerai de parler, je nai aucun scrupule puisque les japonais ne se sont toujours pas repenti. Ma colère est entière ».
Extrait dun interview par Kim Hak Sun, une des 139000 femmes violées par les
japonais pendant la seconde guerre mondiale.
Source : Archives Korean Council for Comfort Women.
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