La femme comme champ de bataille

le 5 avril 2001

La femme comme champ de bataille

Deux femmes plongées dans la réalité de la tragédie bosniaque. Toutes les deux victimes. Toutes les deux déchirées. Toutes les deux marquées à vie. L’une dans l’intimité de sa chair. L’autre dans le secret de sa conscience.

Présentation
Description libre de la pièce
Témoignages

Présentation

Deux femmes plongées dans la réalité de la tragédie bosniaque. Toutes les deux victimes. Toutes les deux déchirées. Toutes les deux marquées à vie. L’une dans l’intimité de sa chair. L’autre dans le secret de sa conscience.

Ce texte de Matéi Visniec est un cri. Quel est le mécanisme qui transforme les gens normaux en bêtes sauvages et en brutes bestiales ? Comment peut-on abrutir des masses entières sous les yeux du monde dit « civilisé » ? Cette pièce reste une œuvre de fiction. Pourtant lorsqu’il s’agit de l’horreur, la réalité dépasse l’imagination.

Description libre de la pièce

Dès la lecture, c’est l’urgence de présenter sur scène cette œuvre « essentielle » qui s’est d’abord imposée. Chez Visniec, les images naissent des mots, crus et poétiques. D’une écriture où l’extrême violence des mots et de ce qu’ils recouvrent s’allie à une musicalité, un rythme, une poésie qui font resurgir d’une manière plus forte encore la violence et l’horreur que véhicule cette situation de l’extrême.

Une telle œuvre appelle une mise en scène faite de rigueur et de sobriété évacuant tout naturalisme. Nous sommes dans l’univers de l’horreur et de l’indignation. Les mots se suffisent à eux-mêmes, aidons-les à s’épanouir.

Comme toujours au théâtre, c’est le jeu des actrices qui sera l’essentiel. Laissons-les vivre les silences d’où naîtront les images. Celle de Dorra la femme violée. Celle de Kate, à la recherche dans les chantiers de Srebrenica ou de Prijedor, de son identité perdue.

Guy Rétoré

J’ai écrit cette pièce sur la Bosnie et la folie nationaliste parce que je cherchais une réponse aux questions suivantes :
Quel est le mécanisme qui transforme des gens normaux en bêtes sauvages et en brutes bestiales ?
Qui sont ceux qui ont abruti les abrutis ?
Comment peut-on abrutir des masses entières sous les yeux du monde dit « civilisé » ?
Le procès de la barbarie ne sera pas accompli seulement avec la mise en accusation, par le Tribunal Pénal International, d’un Radovan Karadzic, d’un Ratko Mladici, des hordes serbes qui ont tué des milliers de musulmans à Srebrenica et des extrêmistes de tous bords qui ont endeuillé cette fin de siècle en Europe. Pour faire le procès de la barbarie, il faut aussi comprendre « comment cela a été possible ».
En paraphrasant Abraham Lincoln, je vais dire qu’on peut abrutir tout un peuple en état d’abrutissement tout le temps ; mais qu’on ne peut pas à la fois abrutir tout un peuple et le maintenir en état d’abrutissement tout le temps.
Mais l’espoir ne sera jamais crédible sans une dénonciation qui creuse jusqu’aux couches profondes qui engendrent la barbarie.

Matéi Visniec

Témoignages

« L’entreprise de nettoyage ethnique ne vise pas seulement l’élimination de l’autre dans l’espace, mais aussi dans le temps, passé et futur. Le but difficile de cette pratique est de faire que l’autre n’ait jamais été là. Il vise non pas sa mort seulement, mais son « éradication » et donc son impossible recommencement. Le nettoyage ethnique ne vise pas l’élimination physique de l’ennemi mais sa défaite jusqu ‘à ce germe qu’il fut jadis, embryon minuscule niché au creux du ventre maternel, planté par son père comme l’avait fait son père avant lui, et remonter jusqu’aux origines. A la première tombe, au premier né … Le violeur veut déloger, éradiquer et concevoir à nouveau à son image le germe alternatif. La souillure du viol veut non pas la mort de l’autre, trop douce, mais défaire sa naissance et, en amont, recommencer sa conception en remplaçant cet autre collectif « génétique » par soi. »

« Les viols systématiques en ex-Yougoslavie 1991-1995. » Véronique Nahoum – Grappe

« Depuis que ma bouche s’est ouverte, je me sens libérée. Et je parlerai, je continuerai de parler, je n’ai aucun scrupule puisque les japonais ne se sont toujours pas repenti. Ma colère est entière ».

Extrait d’un interview par Kim Hak Sun, une des 139000 femmes violées par les japonais pendant la seconde guerre mondiale.
Source : Archives Korean Council for Comfort Women.

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Spectacle terminé depuis le jeudi 5 avril 2001

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